Les Éditions Pierre de Taillac poursuivent leur remarquable travail autour de notre Armée de terre avec un nouvel album richement illustré et commenté par le colonel Cyrille Becker, ancien chef de corps du 13e BCA à Chambéry et docteur en histoire, associant ainsi l’expertise militaire et scientifique.
C’est ainsi près de 200 ans d’histoire, accompagnée d’une centaine de documents iconographiques qui sont ici retracés. Il est intéressant de voir que la création des chasseurs à pied résulte d’un « Retex » des opérations liées à la conquête de l’Algérie avec le besoin d’avoir une infanterie spéciale apte au combat dans un environnement complexe et hostile, nécessitant des troupes très manœuvrières se déplaçant agilement. Sous l’impulsion du duc d’Orléans, un des fils du roi Louis-Philippe, une ordonnance royale du 28 septembre 1840 décide la mise sur pied de 10 bataillons de chasseurs à pied. Dès 1841, 5 bataillons sont engagés en Algérie avec le glorieux combat de Sidi Brahim en septembre 1845 où une poignée de chasseurs vont tenir tête pendant plusieurs jours à plusieurs milliers de cavaliers arabes conduits par Abd el-Kader. Cet épisode dramatique et glorieux est fêté depuis 1878, chaque 23 septembre et participe à la culture des chasseurs.
En 1888, face à la menace italienne, certains bataillons vont se spécialiser dans le combat en montagne en étant stationnés dans les Alpes, donnant ainsi naissance aux Chasseurs alpins qui s’illustreront durant la Grande Guerre notamment dans les Vosges avec la bataille de l’Hartmannswillerkopf, puis durant la Seconde Guerre mondiale dans la Résistance, aux Glières et dans le Vercors.
Les bataillons de chasseurs ont ainsi été engagés systématiquement depuis 1844 jusqu’à nos jours.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, les chasseurs font face sur les Alpes à l’armée italienne forte de 450 000 hommes dont l’attaque échouera face à la détermination française. De nombreux chasseurs à l’issue de l’armistice de juin 1940 refuseront la défaite et participeront à la Résistance en particulier avec le maquis des Glières dirigé par les cadres du 27e BCA.
Depuis la fin de la guerre froide, les bataillons ont participé aux différentes opérations extérieures et sur le territoire national. À ce jour, l’Armée de terre ne dispose plus désormais que de 4 bataillons (7e BCA à Varces, 13e BCA à Chambéry, 16e BC à Bitche, 27e BCA à Annecy), du centre d’entraînement CENTAC (1er BC) à Mailly-le-Camp, et enfin l’École militaire de haute montagne (EMHM) à Chamonix.
L’album rapporte ainsi les hauts faits d’armes des différents bataillons et les traditions propres aux chasseurs leur conférant une identité forte et charismatique incarnée par l’« esprit chasseur ». Il y a notamment une particularité : un drapeau unique pour tous les bataillons depuis 1841 transmis chaque année lors des commémorations de Sidi Brahim. Un autre élément contribuant à forger cet esprit de corps est la tenue bleue maintenue depuis 1840, y compris avec la tenue Terre de France introduite en 1990, avec sa version bleue spécifique aux Chasseurs.
Quelques insignes avec le cor de chasse commun à tous, avec les refrains des bataillons sont présentés dans cet ouvrage, ainsi que les rites « chasseur » appliqués dans les bataillons. Ainsi, on retiendra que l’usage du mot « Jaune » est interdit et est remplacé par « Jonquille ». Il en est de même pour le mot « Rouge » pour lequel on utilise l’expression « Bleu cerise ».
Aujourd’hui, les BCA conservent cette culture ancrée dans une histoire prestigieuse, permettant de développer cet esprit si spécifique contribuant à l’efficacité opérationnelle des Chasseurs et à leur excellence reconnue depuis leur création il y a plus de 180 ans !