C’est une enquête passionnante que nous offre ce livre sur le pays le plus peuplé du monde arabe qui échappe aux modèles classiques de la transition démographique méditerranéenne au point de déconcerter les experts et de requérir d’autres grilles d’analyse, celles-là spécifiquement égyptiennes.
En sept chapitres bien documentés, il est clairement montré que les clés d’une démographie atypique sont peut-être à rechercher dans des facteurs politiques, culturels et sociaux. Ce sont eux qui expliqueraient le maintien d’une nuptialité et d’une natalité fortes, symptômes d’un inconscient collectif d’idéal familial assumé et d’insubordination instinctive face au retard d’une ouverture démocratique attendue pour partager plus équitablement une prospérité espérée. C’est ce contexte institutionnel et ses effets économiques, sociaux, politiques et religieux qui pèsent sur la natalité égyptienne et retarde la transition démographique. Suivre Elena Ambrosetti dans sa démonstration, c’est aussi découvrir que l’actuelle transition politique pourrait avoir un effet direct et peut-être rapide sur l’exception démographique égyptienne. À verser au dossier du « printemps arabe ».