De l’amitié en politique, c’est ce sujet à la fois simple (l’amitié) et si complexe (la politique) que Marie-Laure Delorme explore dans cet ouvrage. Ces ministres, Premiers ministres et présidents de la République racontent leurs amitiés, avec leurs anecdotes légères comme douloureuses.
Ces témoignages, recueillis par la journaliste qui plante le décor de leur rencontre, les humanisent sans qu’on le réalise. On se retrouve à imaginer Édouard Philippe et Gilles Boyer en vacances en Sicile, et cette image nous évoque alors en miroir nos propres amitiés. Celles qui perdurent malgré les années comme celle qui lie Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux, celles qui ont été perdues et que l’on croyait incassables comme son lien avec François Bayrou pour Marielle de Sarnez.
Ces épreuves que l’on peut traverser à deux et terminer seul, ou dont notre amitié peut triompher sont elles aussi existantes en politique. Mais le décor est déjà si jonché d’obstacles que le simple exploit de conserver ces liens est admirable. Certains n’y sont pas parvenus comme Pierre Moscovici avec Dominique Strauss-Kahn. Et pour d’autres, la seule idée d’une amitié en politique est inconcevable.
Mais pour comprendre l’amitié en politique, il faut comprendre l’amitié. Les hommes et femmes politiques qui témoignent s’interrogent, interrogent ce lien si particulier. Qu’est-ce qu’un ami ? Est-ce celui que l’on connaît depuis le plus longtemps ou que l’on appelle le plus souvent ? Est-ce celui à qui l’on dit tout, ou celui qui ne demande pas à tout savoir ? Pour Édouard Philippe qui continuerait à voir ses amis « même en prison », la fidélité « jusqu’au-boutiste » est un élément de réponse. François Bayrou, du même avis, l’illustre par « l’histoire de l’ami qui sonne à la porte, à trois heures du matin, avec un cadavre caché dans le coffre de sa voiture ». Une image qui parle à tout le monde car, finalement, les hommes politiques sont des hommes comme les autres, qui tiennent à d’autres, leurs sont fidèles, et les protégeraient contre tout. ♦