Leila Latrèche, spécialiste de la politique étrangère cubaine, est docteur de Paris 8. Il faut donc s’attendre ici à un travail pointu sur un sujet pointu. Si le « grand public » n‘y trouve pas son compte, l’étudiant en relations internationales y trouvera le sien et le politologue toutes les références qu’il souhaite. Pourtant, entre grand public et spécialiste, l’honnête homme aura de quoi nourrir sa réflexion.
Il se précipitera sur la relation que fait Madame Latrèche de l’affaire des missiles d’octobre 1962. Le monde, dit-on, fut alors au bord de la guerre nucléaire. Pierre Gallois, avec plus de pertinence, a toujours vu cette crise comme une sorte de psychodrame que se sont joués Khrouchtchev et Kennedy, première répétition de ce qui ne doit jamais se produire. Le flou qui entoure l’orthodoxie marxiste de Fidel Castro ne sera pas éclairci. L’auteur se donne beaucoup de mal pour relativiser les convictions du Leader Maximo. Le fait est pourtant qu’en Afrique comme en Amérique Centrale, les Cubains servirent aux Soviétiques de chair à canon. C’était cher payer une influence, sur la scène internationale, que Leila Latrèche exagère sans doute. Au reste, le choix marxiste ne fait plus de doute dès que Gorbatchev eût entraîné l’URSS dans perestroïka et glasnost, sous les yeux indignés de Castro.
Globalement, comme disait l’autre, le bilan castriste est catastrophique. Le grand mérite, peut-être involontaire, de Madame Latrèche est d’avoir dressé le portrait en pied de la bêtise militante, langue de bois et blabla idéologique dont on rirait volontiers si l’on oubliait les énormes dommages causés par cette clownerie. Le leader écarté par l’âge et la maladie, l’espoir est-il justifié ?
Hélas, le livre montre que la personnalité du frère, Raul, n’annonce rien de bon.