C’est peu dire que l’ouvrage de Marc Fontrier, somalisant reconnu, ancien colonel des Troupes de marines était attendu. Il dissèque en détail une période peu exploitée en France de l’histoire somalie. Nombre d’articles de spécialistes français ont couvert ce cycle de violence capital pour l’histoire officielle de ce pays. Mais jusque-là aucun ouvrage dans la langue de Molière n’avait couvert ces années cruciales, quatre années pendant lesquelles puissances locales, régionales et internationales vont accélérer les mutations amorcées en 1978, date de la fin de la guerre de l’Ogaden.
Dense, fort de 564 pages, l’ouvrage de Marc Fontrier nous emmène au fil des lignes et des chapitres au cœur des vicissitudes du système politique et clanique somali, de sa complexité et de l’évolution de ses acteurs. Il met en lumière des moments importants de ce pays jusque-là peu mis en évidence. Le but de cet ouvrage n’est pas de décrire une énième fois les causes de l’échec de la mission humanitaire Restore Hope en 1992 et ses conséquences durables pour la région. Marc Fontrier met en avant le rôle français dès l’opération Oryx en 1992 et dans les instances diplomatiques par la suite au sein des conférences régionales. Une nouvelle lecture en somme d’une histoire nationale et régionale restée pour beaucoup obscure. Un ouvrage riche où les luttes claniques perdurent à cette époque mais sont mises à mal vingt ans après. Il tisse, tel un témoin attentif de cette histoire, les étapes qui avant 1991 ont progressivement amené à la désagrégation de l’État somali et à la chute de Siad Barre. Mais c’est surtout sur l’histoire militaire, diplomatique régionale somalie qu’il s’attarde pour nous la faire partager. 564 pages auxquelles manquent encore les références bibliographiques à la mise en perspective d’une telle histoire.
Plus de vingt ans après la situation décrite dans ce livre passionnant, la Somalie a emprunté ces derniers mois le chemin d’une tentative de transition.
Une nouvelle page s’ouvre.