Sigem 2022 - L’officier au service de la Nation dans le monde du XXIe siècle
Depuis 2001, le Séminaire interarmées des grandes écoles militaires (Sigem) rassemble chaque année les élèves des grandes écoles militaires auxquels se joignent quelques étudiants de grandes écoles civiles.
Le thème du Sigem 2022, tenant lieu de fil conducteur aux différentes interventions et activités organisées, s’articule autour de l’idée suivante : choisir de servir la Nation repose plus que jamais sur l’adhésion à des valeurs fondamentales qui conservent leur acuité dans un monde devenu fort complexe, ce qui doit conduire chacun à s’interroger pour donner du sens à son action.
Le jeune officier, comme tout être humain, a besoin de repères de temps et de perspective pour mieux se situer dans le présent afin de se projeter dans l’avenir. Il lui est pour cela nécessaire de s’appuyer sur un héritage, un corpus de valeurs et de connaissances solides.
Confronté à la complexité du monde de ce début de XXIe siècle, l’officier, militaire professionnel et citoyen, doit disposer d’une sérieuse culture générale. Elle seule peut lui assurer les clés de compréhension historique, sociale, géographique, économique, technologique, du choix ou du comportement de l’autre, qu’il soit ennemi ou ami.
Mais cela ne suffit pas à faire de l’officier un chef. Au moment de la décision, ce dernier est seul face à lui-même. Il lui est donc nécessaire d’avoir un esprit ouvert et curieux, apte à l’intelligence de situation et au discernement, c’est-à-dire en capacité de réfléchir sur une philosophie de l’action.
Cahier numérique - Février 2022 - 124 pages
Feuilleter ce Cahier
Introduction - Yann Marbœuf - p. 5-7
Le Séminaire interarmées des grandes écoles militaires (Sigem) fête cette année sa vingtième édition après l’annulation du millésime 2020 et l’organisation d’un nombre réduit d’activités en 2021. À l’heure où ces lignes sont écrites, bien que nous mettons tout en œuvre pour tous vous accueillir, il est encore bien difficile de savoir combien d’entre vous seront présents simultanément à l’École militaire du 14 au 18 mars. Lire la suite
Éditorial - Jérôme Pellistrandi - p. 8-10
La vocation militaire est une alchimie subtile pour chaque participant de ce Séminaire interarmées des grandes écoles militaires (Sigem). Chacun de vos parcours est à la fois unique mais aussi riche de cette collectivité que vous formez au service de la Nation, avec l’esprit de corps propre à toutes nos écoles militaires et dont vous pouvez être fiers. Lire la suite
S'engager au service de la nation
Les mutations de la conflictualité contemporaine, où paix et guerre sont des notions dont les contours sont devenus flous, imposent que le couple formé par le soldat et le politique soit repensé. Cela passe, notamment, par une meilleure intégration du militaire dans la prise de décision de niveau politique.
C'est une chose bien étonnante que celle du dernier sacrifice. Quelle est cette force mystérieuse qui fait que l’homme accepte de donner gratuitement sa vie ? Surtout si l’on considère que la vie est le bien le plus précieux puisque, en la perdant, on perd tout le reste.
L’engagement (RDN n° 829 - avril 2020) - Richard Lizurey - p. 23-28
L’engagement, c’est la volonté de servir et participer collectivement à une mission. L’engagement militaire en est une forme particulière de dévouement vis-à-vis de la nation. Celle-ci doit alors le reconnaître et le valoriser. Cela exige également de donner du sens à la mission ; c’est alors la responsabilité du chef.
La guerre transforme le combattant et ceux qui y sont confrontés plus ou moins directement. L’impact psychologique est loin d’être négligeable et s’inscrit dans la durée avec des réactions individuelles contrastées. Aujourd’hui encore, les combats de nos soldats peuvent provoquer des troubles comme l’ennui après…
Être un chef au XXIe siècle
En trois volets emboîtés, l’auteur expose ce qui caractérise le chef militaire : l’action, la pensée et les hommes. Ce faisant, il emprunte les voies de la stratégie, de la tactique et de la sociologie en mettant l’accent sur le courage qui est exigé de tout chef militaire.
Le déploiement de systèmes robotisés semi-autonomes semble inéluctable de par les avantages qu’ils offriront sur le champ de bataille. Pour accompagner cette évolution, il impose en revanche une formation poussée et anthropocentrée du chef militaire à une nouvelle éthique de responsabilité.
Commander exige des chefs, capables de discerner, comprendre puis décider. Cela n’est pas si simple et exige beaucoup d’abnégation et d’humilité pour celui qui aspire à être un chef. Les défis de demain imposeront toujours de grands chefs capables de prendre leurs responsabilités.
Dans un nouveau champ de conflictualité : l’Espace
L’espace est plus que jamais au cœur de nos opérations militaires, d’où le besoin impérieux d’adapter en permanence notre posture spatiale avec une approche globale : une capacité à innover, profitant de notre base technologique, en évitant un retard conceptuel. Il y va de la résilience de nos capacités et de la volonté d’agir.
L’utilisation de l’espace a toujours été conditionnée par des confrontations stratégiques. Depuis les années 1990-2000, il y a eu une bascule, l’occupation des orbites devenant essentielle pour y déployer des infrastructures satellitaires autour de l’information. Les rivalités, ainsi exacerbées, obligent à repenser un nouvel ordre spatial complexe où les acteurs sont interdépendants.
Le champ des opérations spatiales militaires impose de développer la formation du personnel du ministère des Armées. Des métiers exigent de nouvelles filières d’ici 2025. Une académie de l’espace est en cours de définition pour proposer des approches efficaces avec des acteurs différents, combinant formations et entraînements.
Dans un monde bousculé par la crise sanitaire
La crise de la Covid-19 a un impact dans l’espace méditerranéen, avec une fragilisation des pays de la rive nord, tandis que le Sud reste moins vulnérable, mais connaît des frustrations. Le repli des puissances traditionnelles a ouvert un champ à la Chine ou à la Turquie. L’Europe doit intensifier le dialogue pour ne pas se faire déborder.
La pandémie actuelle doit faire réfléchir à la menace NRBC dont les risques biologiques. Il serait judicieux d’anticiper ce type de danger et de se doter des moyens pour éviter de se trouver sans ressources pour se protéger. Cet effort doit se faire dans une coopération internationale, car il y va de la santé de la population.
Combattre la pandémie de la Covid-19 ne doit pas se limiter à la recherche du vaccin, futur jackpot financier, mais également s’obliger à comprendre les mécanismes de transmissions des espèces animales, dont la chauve-souris vers l’espèce humaine. Cette recherche est indispensable si l’on veut affronter les épidémies de demain.
Quel avenir pour l’Europe de la défense ?
Il faut s’interroger sur la place de l’Europe dans le monde et du fonctionnement de ses institutions dans le domaine de la défense. Certes, l’Otan est le principal pourvoyeur de sécurité, mais il est urgent de revoir ses relations avec l’UE pour que cette dernière puisse agir en puissance politique et relayer l’action de ses États-membres.
Il aura fallu trois décennies pour que les Européens prennent conscience des enjeux de défense et de sécurité, après s’être abrités sous le parapluie de l’Otan. Sans remettre en cause l’Alliance, il faut renforcer notre capacité à peser sur les affaires du monde en améliorant nos dialogues stratégiques et en développant nos outils de souveraineté.
Le panorama de l’industrie de défense en Europe est complexe avec des situations et des ambitions très différentes, en particulier liées à la relation avec les États-Unis. Les asymétries sont nombreuses, d’où la difficulté de passer du discours incantatoire sur une autonomie stratégique aux actes la concrétisant.
La coopération européenne dans le champ de la défense progresse, mais nécessite beaucoup de patience et de dialogue pour que les États partenaires partagent une approche stratégique convergente. Le niveau d’ambition doit rester raisonnable, pragmatique et réaliste.