L’essor des nouvelles technologies propulse l’humanité dans l'ère du combattant augmenté, où l’amélioration des capacités physiques et cognitives devient une réalité tangible, dépassant les frontières autrefois réservées aux fantasmes. Il faut cependant distinguer les possibilités concrètes d’augmentation et les spéculations futuristes, tout en abordant la nécessité d'une réflexion sur les implications stratégiques. Même si l’éthique est un sujet sous-jacent, la réflexion doit être guidée par une approche pragmatique de la conflictualité et de la compétitivité du combattant pour la guerre du futur. La France joue un rôle dans la concrétisation de ces avancées, suggérant une approche plus mesurée de l'intégration de ces technologies, afin de garantir que le potentiel réel de l'augmentation puisse être exploité au maximum.
L’augmentation humaine : quel impact sur la guerre du futur et comment penser l’augmentation du combattant ?
« Le progrès n’est que l’accomplissement des utopies »
Oscar Wilde, The Soul of Man under Socialism (1891)
Selon l’historien grec Thucydide, « Il n’y a pas de grande différence entre un homme et un homme : la supériorité dépend de la manière dont on met à profit les leçons de la nécessité ». Les hommes se mesurent à l’aune de leur capacité à se transformer en valorisant leur expérience. Qu’en est-il aujourd’hui ? L’homme est-il différent de l’hoplite grec que décrivait Thucydide dans La guerre du Péloponnèse, cinq siècles avant J.-C. ? Notre espèce est le fruit d’une lente sélection naturelle qui a finalement fait de l’Homo Sapiens une race distincte des autres hominidés. Parler d’évolution physique de l’être humain revient à embrasser des centaines de milliers d’années. À l’échelle du siècle, l’homme est stable et inchangé…
Le XXIe siècle fait toutefois exception. Il a engendré une conjonction d’évolutions technologiques dont les progrès s’évaluent de façon exponentielle, c’est-à-dire selon des facteurs de croissance colossaux que l’entendement ne peut pas se représenter. Il est certainement provocateur de parler de la fin de l’homme « naturel », mais ce n’est pas totalement incongru. Les évolutions dans les domaines des Nanotechnologies, Biotechnologies, technologies de l’Information, sciences Cognitives (NBIC) permettent notamment d’envisager une révolution de l’être humain pour faire apparaître l’homme dit « augmenté ».
Les radicaux de cette révolution, véritables techno-idolâtres, se rassemblent dans le mouvement dit « transhumaniste » et voient dans ces progrès l’avènement de la finitude du corps, qui devient réparable à l’infini, modifiable à l’envi et délivré des contingences qui le lient à sa pesanteur d’être « simplement naturel ». Cette transition vers un homme nouveau (littéralement « trans » - « humanisme ») s’imposera à notre génération, comme se sont imposés le smartphone ou l’automobile individuelle, simplement parce qu’elle est techniquement à notre portée. Et le dualisme cartésien – dont nous sommes largement tributaires dans nos représentations intellectuelles de l’homme – qui sépare radicalement le corps, organisme « res extensa » et l’âme, chose pensante « res cogitans », se trouvera bouleversé. L’âme disposera de ce nouveau corps modifié, la science ne sera plus seulement mécaniste et l’horizon des possibles s’ouvrira à une multitude de Prométhée.
Ces perspectives sont un véritable raz-de-marée pour le chef militaire. Lui qui doit imaginer les guerres du futur, faites de conflictualités en perpétuelles mutations, de surprises stratégiques, d’outils technologiques nouveaux et inattendus qui bouleversent l’art de la guerre. Ce chef-là sait que la victoire est liée à la domination d’une technologie sur une autre. Pour imposer sa volonté à l’adversaire, il faut être celui qui, sur le terrain, résistera quinze minutes de plus que son ennemi. La puissance est donc toujours relative. Le combattant de demain, c’est-à-dire notre futur ennemi, est certainement un combattant augmenté. Les évolutions technologiques vont affûter les rivalités entre les adversaires comme la lance s’adapte continûment à la cuirasse. Ne pas penser l’augmentation du combattant signifie accepter un dépassement mécanique irrémédiable dans le domaine militaire, ce qu’aucune puissance ne peut sciemment accepter. Mon propos cherche donc à faire le point sur l’augmentation humaine, ses acteurs et ses enjeux, à distinguer ses réalités de ses fantasmes, et à comprendre ce que cette révolution inévitable engendrera dans le domaine de l’art de la guerre.
L’ère de l’augmentation humaine
Améliorer l’homme, maillon faible du combat, un concept aussi ancien que la guerre
Les hoplites que décrivait Thucydide sont peu différents des combattants actuels. L’évolution de la guerre est surtout une évolution des moyens et des technologies. L’homme – le soldat – est resté physiquement identique. Si le combat est une lutte entre prédateurs, l’homme « naturel » est le maillon faible à l’intérieur du combattant. Il n’est pas doté de griffes, de dents acérées ou d’un pelage dense comme le sont les autres grands prédateurs. Il souffre facilement du froid, subit ses propres peurs, se fatigue. Sa nature faillible l’amène à se blesser ou à mourir sur le champ de bataille sous l’effet d’une force supérieure qui le soumet, ou assujetti à la rudesse de la campagne militaire (froid, faim, maladies, privations…) par une faiblesse naturelle qui l’afflige. Tout l’objet d’un entraînement militaire, souvent long et rigoureux, vise justement à affranchir autant que possible le soldat de ses faiblesses.
Si Pierre de Coubertin vante les vertus du sport pour l’augmentation du corps et de l’esprit, c’est d’abord pour éviter de répéter la défaite de Sedan (1870) et pour doter la France de soldats en nombre et aptes à se battre ! Anthony J. Tether, directeur de la DARPA (Agence [américaine] pour les projets de recherche avancée de défense) de 2001 à 2009, s’appuyant sur une étude du biologiste Michael J. Goldblatt (1), directeur du département des sciences de la défense de la DARPA, considérait même qu’avec l’omniprésence de la technologie, l’homme est devenu sur le champ de bataille le « maillon faible » de la chaîne de combat, tant sur les plans physique que cognitif (2).
Principe de convergence des NBIC, de l’évolution à la révolution technologique
Les progrès techniques jalonnent depuis toujours l’évolution des outils du combattant. L’accélération fulgurante des avancées technologiques que nous connaissons offre des opportunités considérables, applicables aujourd’hui à l’augmentation des performances humaines. Le fantasme de l’augmentation de l’homme grandit au gré des avancées dans les domaines des nanotechnologies (N), de la biotechnologie (B), des technologies de l’information (I) et des sciences cognitives (C). Cette révolution des NBIC alimente depuis plus de vingt ans de multiples recherches. Les progrès dans ces domaines deviennent notamment la priorité de la DARPA dès 2003 (3). Aujourd’hui, ce sont la convergence de ces quatre champs scientifiques, leur fertilisation croisée autant que leur synergie vers une application humaine, qui constituent un « point de rupture » et laissent entrevoir une révolution. L’homme nouveau, augmenté, passe du stade de fantasme à celui de projet, levant des fonds d’investissement considérables.
L’augmentation, un concept à définir
La littérature académique spécialisée dans les études militaires s’intéresse généralement au « soldat » augmenté. Cette acception est limitative en ce que « soldat » répertorie de façon péremptoire dans le domaine de l’Armée de Terre. Or l’augmentation peut également concerner un marin ou un aviateur. Je retiens donc dans cet article la notion de « combattant » augmenté. Et par combattant, on peut également considérer celui qui, derrière un ordinateur (le cyber-combattant) ou dans un abri (shelter) éloigné du feu (l’opérateur de drones), peut bénéficier d’une augmentation pour être plus performant en opérations.
L’« augmentation » est une traduction française de « enhancement », qu’il conviendrait de traduire comme « rehaussement », soit une référence à un changement de niveau. Le terme « augmentation » renvoie à un individu physiquement « grandi ». Le Centre de recherche des Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan (CReC) propose dès 2017 une définition de l’augmentation (4) : « il s’agit d’une action ayant pour objectif de rendre le combattant plus efficient en opération en renforçant ses capacités psycho-cérébrales et/ou physiques, ou en lui permettant d’en acquérir de nouvelles, par des moyens faisant corps avec lui, des implantations statiques ou dynamiques (nano-matériaux, prothèses) ou de la thérapie génique sur sa physiologie, de manière courte ou prolongée, voire irréversible, sous réserve d’en maîtriser les effets. » Cette définition vise à rendre plus fort (renforcer) dans des domaines bien ciblés et exclut la réparation thérapeutique du champ des augmentations. On note également qu’un combattant doté d’un exosquelette ou de lunettes de réalité virtuelle n’est pas un combattant augmenté, mais un combattant « équipé ».
Le Parlement européen propose une définition différente : « une modification visant à améliorer les performances humaines individuelles et provoquée par des interventions scientifiques ou technologiques sur le corps humain » (5). Il s’agit ici d’une amélioration qui viserait un état, plaçant le sujet au-dessus des moyennes statistiquement constatées.
Le Centre interarmées de concepts, de doctrines et d’expérimentations (CICDE) dans son concept exploratoire retient une définition qui fait aujourd’hui foi pour les armées françaises : « Soldat augmenté. Militaire dont les performances physiques ou cognitives sont amplifiées, de façon ponctuelle ou permanente, au-delà de ses capacités personnelles, voire au-delà des capacités humaines, par une intervention médicale ou biologique, invasive, réversible ou irréversible, réalisée sur sa personne en recourant aux avancées scientifiques et technologiques (6). »
Ce qu’il faut retenir est le caractère « invasif » de l’augmentation : en franchissant la barrière corporelle, elle « fait corps » avec l’individu. Selon cette définition, le combattant augmenté existe déjà depuis des millénaires. L’alcool ou les drogues (feuilles de coca, opium) sont un moyen largement utilisé pour désinhiber le soldat depuis l’Antiquité (7). L’arsenal pharmacologique du combattant aurait eu un rôle majeur dans le succès du Blitzkrieg. En effet, la pervitine (amphétamine améliorant la vigilance et la résistance à la fatigue ou à la peur) a été largement distribuée aux soldats allemands (35 millions de comprimés entre avril et juin 1940 (8)) pour surpasser leurs adversaires.
Les technologies de l’augmentation, réalités, limites et mythes
Ce que peut l’augmentation
Les NBIC offrent des possibilités d’augmentation du vivant considérables.
• Les Nanotechnologies donnent accès à la manipulation de la matière à l’échelle nanométrique (un milliardième de millimètre) pour générer des nanoparticules capables de véhiculer de façon ciblée un principe actif sur un organe. On peut ainsi réparer des tissus lésés (9) en acheminant des médicaments directement aux cellules malades sans endommager les tissus sains qui l’entourent, ou stimuler la mémoire et la concentration (10).
• Les Biotechnologies exploitent des processus biologiques, c’est-à-dire des micro-organismes autonomes, des cellules animales ou végétales, ou des biomolécules pour modifier les propriétés du vivant. L’exemple le plus spectaculaire est l’outil d’édition génétique CRISPR Cas 9, inventé en 2012 par les chercheuses française Emmanuelle Charpentier et américaine Jennifer Doudna qui ont obtenu le prix Nobel en octobre 2020 pour cette prouesse. Il consiste à éditer (rechercher, couper, coller) des séquences d’ADN au sein de cellules vivantes. Ces ciseaux biologiques offrent des solutions inédites pour traiter des maladies (11) (thérapies géniques), voire modifier des espèces. Une expérience française réalisée en janvier 2021 (12) a permis, à l’aide de cet outil, de coloniser des embryons de lapins par des cellules de primates, puis d’injecter les embryons ainsi formés dans des cellules humaines qui peuvent se différencier en tissu de n’importe quel organe (cellules « pluripotentes induites »). Cette expérience a démontré la viabilité d’une telle lignée, même si la survie au-delà de trois jours a été très faible. Quelques mois plus tard, en avril 2021, une expérience sino-américaine a obtenu une survie au-delà de dix-neuf jours d’embryons inter-espèces viables. Techniquement, ils auraient pu être implantés chez des femelles de singe mais cette ligne rouge n’a pas été franchie pour des raisons éthiques. Ces considérations éthiques ne sont pas partagées partout. En 2016, une équipe de chercheurs chinois a utilisé ces ciseaux génétiques pour créer un chien ayant une masse musculaire deux fois plus importante que celle de ses pairs (13). Une autre équipe chinoise a donné naissance en 2018 à deux filles jumelles (Lulu et Nana) dont le patrimoine génétique les rend résistantes au virus HIV (14). Le chef du laboratoire de recherche a été renvoyé de l’Université de Schenzen et condamné à 3 ans de prison par la justice chinoise.
• Les technologies de l’Information offrent des outils qui ont déjà largement irrigué le « fond de sac » du combattant. Elles connaissent à ce jour deux révolutions majeures via la technologie quantique et l’Intelligence artificielle (IA). La physique quantique a engendré des révolutions technologiques multiples qui ont bouleversé le XXe siècle (du transistor au smartphone, en passant par le LASER ou les diodes). La dernière révolution quantique permet l’avènement de nouveaux types de capteurs, comme des accéléromètres qui ne dérivent pas, des générateurs de cryptographie inviolables, etc. De son côté, la révolution de l’IA issue de la conjugaison de capacités de calcul fantastiques et de progrès réalisés dans la conception de machines auto-apprenantes (deep learning) a donné naissance aux intelligences artificielles génériques (LLM comme « Large Language Model ») capables de concurrencer l’intelligence humaine dans de nombreux domaines (médecine, finance, justice, etc.).
• Enfin, les technologies de la Cognition, ou technologies cognitiques, sont, selon le concept exploratoire du CICDE (15) « celles qui s’attachent à la performance cognitive, à son amélioration, notamment dans des problématiques d’interface et de communication homme/machine, de partage de connaissance entre humains ou d’augmentation de la performance ou de la fiabilité de la perception, de la cognition, de la décision ou de l’action ». Les apports dans les trois autres domaines (N, B et I) s’appliquent directement à ce champ technologique pour augmenter la performance humaine.
Des exemples spectaculaires attestent de la révolution née de la convergence des NBIC. Une équipe franco-suisse (CEA-EPFL) (16) a réussi à restaurer un pont numérique entre le cerveau et la moelle épinière d’un patient tétraplégique qui peut aujourd’hui marcher à nouveau et même monter des escaliers. Le controversé Elon Musk a levé 363 millions de dollars avec sa firme Neuralink. Il promet des implants cérébraux capables de connecter le cerveau directement à des interfaces électroniques. Il n’est pas le seul dans la course, Synchron et Paradromics, deux autres entreprises américaines d’implants cérébraux, ont levé respectivement 120 et 56 M $. Les Chinois ont leur champion du secteur avec NeuroXess.
Un combattant augmenté qui bénéficierait de cette révolution profiterait par exemple d’une modification génétique qui le rendrait résistant à certains agents de guerre bactériologique ou chimique, et disposerait d’une interface connectée directement à son cerveau pour lui fournir, grâce à l’IA, l’information cruciale de l’instant T.
Ce que ne peut pas l’augmentation
L’évolution technologique exponentielle donne le vertige et peut alimenter à l’infini les fantasmes quant aux potentialités de l’augmentation. Les transhumanistes promettent la vie éternelle et exploitent la crédulité des plus riches. La cryogénisation du corps après la mort (ou de la tête pour les moins fortunés) est en effet un business lucratif outre-Atlantique. La convergence des NBIC est très prometteuse, rapprochant la réalité de la science-fiction. Cependant, certaines utopies semblent hors de portée. Il faut faire le tri entre réalité et fantaisie.
Le fantasme du cerveau-ordinateur
Des implants neuronaux existent déjà. Ils commencent même à se banaliser. C’est le cas des implants cochléaires qui rendent l’ouïe à des personnes sourdes de naissance (17), voire des rétines artificielles depuis 2017 qui permettent aux aveugles de voir avec un haut niveau de résolution (18). L’Université de Stanford a créé un implant qui traduit en mots les pensées d’une personne incapable de parler en raison d’une sclérose latérale amyotrophique. Le résultat est spectaculaire avec une diction de 62 mots par minute, se rapprochant d’une conversation normale (160 mots par minute). Nul doute que l’on pourra réparer et faire évoluer le cerveau ou même acquérir des compétences exceptionnelles par l’augmentation.
Néanmoins, comme le précise le neurochirurgien Raphael Gaillard, chef de clinique à la Pitié-Salpêtrière : « cela ne sera possible que dans des domaines spécifiques correspondant aux structures cérébrales accessibles aux hybridations de cet ordre (…) Le fantasme de l’implant multifonction qui offre un accès total au cerveau comme le port USB offre accès à la totalité de votre ordinateur n’est pas techniquement réalisable (…) Ceci pour la simple raison que l’évolution n’a pas sélectionné une telle configuration pour notre cerveau. (19) » L’anatomie cérébrale condamne le bénéfice de l’augmentation à une ou un nombre limité de facultés. Vous ne pourrez pas apprendre à piloter un avion de combat en téléchargeant des données directement dans votre cerveau. Pour apprendre, le cerveau agit en créant physiquement de nouvelles liaisons entre les neurones (les synapses), renforçant des chemins de transit de l’information pour les rendre plus facilement disponibles. L’apprentissage est donc une lente sédimentation par renforcement, qui ne peut pas encore être remplacée.
Aux limites de la capacité cérébrale : enjeux et précautions
Une évolution supplémentaire du cerveau pourrait également avoir des conséquences considérables sur la santé mentale. Le cerveau est un assemblage de neurones qui communiquent par impulsions électriques. Il est capable de traiter un nombre gigantesque d’informations en même temps grâce à une modalité de transmission qui consiste à aiguiller les signaux électriques en faisant osciller les neurones de structures cérébrales spécialisées dans telle ou telle tâche, à une fréquence qui coordonne ces structures entre elles. Chez le primate non humain, le mode de codage dans le cerveau est robuste, garanti notamment par une synchronisation très forte entre neurones. En revanche, Homo Sapiens a littéralement « hacké » le cerveau des hominidés pour le dépasser. En effet, chez l’homme, le codage autorise une désynchronisation (20) qui crée des risques pour la fiabilité des informations transmises, mais elle autorise une plus grande diffusion des informations, générant la pensée complexe et l’imagination. Ainsi, en prenant le risque de défaillances du cerveau, nous nous offrons une plus grande inventivité, une capacité d’abstraction et de cognition remarquables. Cependant, selon les chercheurs ayant mené ces travaux, les troubles mentaux qui caractérisent l’être humain (schizophrénie, psychoses, névroses, dépression…) sont les fruits de « bugs » directement liés à cette désynchronisation cérébrale.
Si les prouesses cognitives sont au prix d’une surchauffe qui peut amener le cerveau à dérailler, qu’arrivera-t-il en l’hybridant ? Le premier outil d’hybridation de masse du cerveau est le smartphone, cerveau électronique dans la poche de milliards d’êtres humains. Or, son avènement correspond à un accroissement de troubles mentaux (21) (+ 9,8 % chez les 18-75 ans depuis 2010).
Quand la technologie peine à égaler la biologie
Malgré les progrès de l’informatique et l’augmentation constante des capacités de calcul, la possibilité d’un dialogue fluide (questions-réponses) entre des neurones biologiques et une interface numérique nécessite une vitesse de réponse numérique suffisante pour « faire croire » au neurone biologique qu’il s’adresse à un autre neurone lorsqu’il échange avec une puce électronique. Pour répondre en temps réel à un neurone, un ordinateur doit passer en dessous du temps de latence naturel du neurone qui est inférieur à la milliseconde, et ceci sur des dizaines de milliers, voire des millions de neurones en même temps. Un superordinateur est capable de simuler une seconde de fonctionnement d’un cerveau de souris (70 M de neurones) en plusieurs minutes de calcul et en consommant plusieurs mégawatts (22), là où le cerveau humain (85 milliards de neurones en moyenne) consomme une puissance moyenne de 20 Watts. Le pas est encore considérable avant que la convergence entre la capacité de calcul et la consommation électrique soit atteinte pour doper électroniquement un cerveau humain de façon nomade pour des tâches complexes.
Les travers de l’augmentation : le défi de l’obsolescence
Comme pour tout matériel de haute technologie, l’obsolescence des prothèses et des implants pose un défi considérable. Comment s’assurer que l’implant appareillé pourra suivre la course technologique qu’impose la révolution des NBIC ? Que faire si la société qui produit un implant disparaît et laisse à la dérive un système dans le corps de multiples individus ? Les exemples sont nombreux : Autonomic Technologies, lors de sa faillite en 2019, a abandonné 700 patients avec un stimulateur cérébral sans accès, ni pour eux ni pour leur médecin, au logiciel nécessaire à le re-calibrer ou à le maintenir ; Nuvectra a fait faillite la même année, laissant 3 000 patients équipés d’un stimulateur de la moelle épinière sans solution de maintenance. Et les affaires se multiplient au sein d’un marché qui génère des dizaines de milliards de dollars de bénéfice chaque année.
La guerre augmentée
L’augmentation est une technologie de rupture qui offre des avantages aux niveaux stratégique, opératif et tactique, et apporte un statut dominant à la puissance militaire qui en est dotée. Une compétition entre les grands rivaux se joue à travers l’ensemble des champs qu’offre la convergence des NBIC. Les États-Unis ont affiché leurs ambitions dès 2003. La Chine ou la Russie lui ont rapidement emboîté le pas, tant dans les domaines non invasifs (exosquelettes, lentilles de réalité augmentée, etc.) qu’invasifs (pharmacologie, modifications génétiques, etc.). L’armée chinoise a fait du domaine de la génétique un axe principal de sa stratégie (23). L’augmentation est déjà, à elle seule, une guerre technologique qui se joue tous azimuts, à l’image des temps forts de la guerre froide. En facilitant la création de combattants plus forts, plus endurants, plus intelligents et plus vigilants, l’augmentation humaine met dans la main du chef militaire un outil qui rebrasse les cartes de la stratégie. Cela nécessite une revue de l’arsenal législatif autant que des questionnements dans le domaine éthique. Une augmentation non régulée exposerait au risque d’une prise de contrôle inédite d’une minorité sur les masses. Les tentations totalitaires et leurs conséquences pourraient être dévastatrices, avec un « Transhumanistan » dominateur, ou le développement d’une multitude d’États totalitaires dominés par des humains augmentés qui aviliraient le reste de leurs concitoyens.
Aspects juridiques, Droit des conflits armés
Dans le domaine de l’expérimentation médicale sur la personne, l’arsenal législatif français reste lacunaire et il n’existe pas de statut pour les hommes « cobayes ». Si le manque d’encadrement juridique de l’expérimentation sur la personne a permis au fil des siècles les progrès de la médecine, la seconde moitié du XXe siècle voit l’avènement d’un encadrement juridique fondé sur les droits de l’homme. Les premiers textes régissant l’expérimentation sur la personne découlent du procès de Nuremberg (1946). Ils ont été scellés en 1964 à la Conférence d’Helsinki qui jette les bases des bonnes pratiques au sein de l’Assemblée mondiale de la médecine (World Medical Assembly) (24). Dans l’Union européenne, la Convention d’Oviedo (décembre 1999) (25) limite les perspectives de manipulation génétique sur l’homme. En France, l’article 16-4 du Code civil interdit toute modification génétique qui n’est pas médicalement nécessaire. La loi Jardé de 2012 encadre la recherche impliquant la personne, mais n’envisage pas l’expérimentation en vue d’une augmentation.
L’absence de cadre juridique clair a des conséquences singulières quant au combattant augmenté : le débat public s’alimente en permanence et reste polarisé. Le sujet demeure traité selon deux grilles d’analyse : la grille argumentative « opérationnelle », qui s’attache à démontrer l’aptitude de l’augmentation à créer un renforcement des capacités militaires, et une grille « éthique », qui insiste sur les risques que ces changements engendrent (26). La recherche ne peut pas être inhibée par une pudeur mal placée et doit maintenir un dynamisme à la mesure des enjeux.
Le domaine du droit des conflits armés (jus ad bellum, jus in bello) est largement affecté par l’augmentation du combattant. Je retiendrai ici que l’augmentation diminue le nombre de combattants à engager pour obtenir un effet militaire donné, et réduit donc le seuil de tolérance d’entrée dans un conflit. À ce titre, l’augmentation, en réduisant le tragique de la guerre attise plus facilement une montée aux extrêmes.
Éthique et augmentation : le rôle moteur de la France
La pensée occidentale est dominée à la fois par les préceptes judéo-chrétiens et le cartésianisme. L’âme et le corps sont distincts, le corps est un sanctuaire (Lettre de St Paul apôtre aux Corinthiens : « ne le savez-vous pas, votre corps est un sanctuaire de l’Esprit Saint, lui qui est en vous, et que vous avez reçu de Dieu. Vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes, car vous avez été achetés à grand prix. Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps »). Même si les interprétations modernes de la pensée paulienne peuvent diverger, notamment en considérant que l’augmentation humaine résulte en une amélioration du corps « temple divin », l’édifice judéo-chrétien traditionnel est bousculé et il convient d’observer une approche guidée par une sagesse philosophique et empreinte de pragmatisme.
La France est la seule grande puissance militaire à avoir mis en place un Comité d’éthique afin de canaliser les possibilités de l’augmentation du soldat et un rapport (27) a été rédigé sur demande de la ministre des Armées Florence Parly. Son objectif était de dégager les grands principes éthiques et les recommandations opératoires devant orienter la démarche d’augmentation du combattant afin de ne pas céder aveuglément à la seule accélération dictée par les progrès technologiques, tout en maintenant la supériorité opérationnelle de nos armées et éviter tout risque de décrochage capacitaire dans un contexte stratégique exigeant. Ce rapport fixe les jalons essentiels de l’augmentation, guidée par les principes fondamentaux du respect de la personne, de la dignité humaine et de la déontologie médicale.
Les pays qui demeurent moteurs de cette convergence des NBIC (États-Unis et Chine) n’ont pas soumis de cadre éthique aux acteurs de ces filières. L’entrepreneur Elon Musk, qui se revendique du mouvement transhumaniste, voit dans l’augmentation de l’homme un moyen de ne pas se faire dépasser par l’IA. Sa firme ambitionne de généraliser l’implantation d’interfaces homme-machine à l’intérieur du cerveau. Ses résultats ne font pas l’objet de publications dans des ouvrages scientifiques à comité de lecture attestant de leur véracité. E. Musk semble obtenir des résultats probants sur des animaux, notamment un singe, qui contrôle par le biais d’un implant neuronal une manette de jeu sur Pong (jeu vidéo de ping-pong rudimentaire) et, plus récemment, un tétraplégique qui joue aux échecs sur ordinateur par la pensée (28). Le manque de rigueur scientifique ainsi qu’une éthique à géométrie variable dictée par le profit et une forme de radicalisme idéologique font l’objet de nombreuses controverses. Une ONG a porté plainte suite aux témoignages de chercheurs de Neuralink (29) qui ont démissionné pour dénoncer l’absence de respect des règles élémentaires d’éthique.
La stratégie militaire à la lumière de l’augmentation
« Tout est très simple à la guerre ; mais les choses les plus simples y sont difficiles »Carl von Clausewitz, De la Guerre, Livre I.
Les difficultés dont parle le théoricien prussien du XIXe siècle se résument dans ce qu’il définit sous la notion de « friction ». Il s’agit de l’ensemble des « petites causes innombrables qu’il est impossible d’apprécier convenablement sur le papier » qui font que le résultat de la campagne militaire est toujours éloigné de la planification. La friction se trouve dans chacun des rouages de la machine militaire : le retard dans le flux logistique, la mauvaise appropriation ou interprétation des ordres, les aléas liés à la faim, la fatigue ou le froid. Tout cela plonge le chef militaire dans un flot d’incertitudes sur lesquelles il doit pourtant se fonder pour agir. C’est ce que Clausewitz nomme le « brouillard ».
Réduction de la friction…
Sur le terrain, l’action s’éloigne toujours du plan échafaudé. Le combattant doit s’adapter en permanence tout en étant en proie à ses propres faiblesses qui sont liées à ses limitations cognitives, émotionnelles ou physiologiques. L’augmentation permettra de fluidifier l’environnement de combat pour l’opérateur sur le terrain autant que pour le décideur du niveau opératif ou stratégique.
• Saturation cognitive
Les systèmes modernes de combat apportent à l’opérateur et au décideur militaire une quantité décuplée d’informations sur l’état de ses moyens, ses positions, l’ordre de bataille ennemi. Ce combat info-valorisé nécessite pour le combattant une capacité d’analyse grandissante qui peut l’amener rapidement à saturation cognitive. L’augmentation offre de dépasser ces limites en fusionnant les données émises, en filtrant les informations les plus pertinentes et en les présentant au combattant de manière « pervasive » (c’est-à-dire diffusées sans effort ou action de sa part dans son environnement) pour l’aider à repousser ses limites (30).
• Saturation émotionnelle
Les combattants sont entraînés à opérer dans des environnements dégradés afin de les aguerrir aux conditions extrêmes du feu. Cependant, il peut y avoir sur le terrain une intensité de violence et de trouble qu’aucun entraînement ne peut approcher. Le stress, la fatigue et un cocktail de réactions humaines peuvent amener à des états de confusion ou de panique auxquels le combattant peut répondre par une saturation émotionnelle engendrée par la peur, la colère, et qui peut conduire à la prostration ou, au contraire, une activité désordonnée. Les augmentations humaines visent avec succès à améliorer la capacité à comprendre les situations complexes, à contrôler leurs réactions émotionnelles, à porter des jugements guidés par l’éthique et finalement prendre des décisions en réduisant le brouillard de la guerre.
• Saturation physiologique
La DARPA a mis au point un ensemble de programmes (« Metabolic Dominance », « Peak Soldier Performance ») destinés à développer considérablement l’endurance des combattants (31). L’objectif est d’offrir un pic continu de performances physique et cognitive de 3 à 5 jours, 24 heures par jour sans apport calorique ! Un groupe de combat qui disposerait de ces avantages réduirait considérablement la « friction » en éliminant les questions d’élongation temporelle ou spatiale dans les mouvements, dans la logistique ou le ravitaillement. Si ces performances semblent relever du fantasme, la pharmacopée actuelle du combattant américain (32) lui permet de disposer de pilules augmentant la concentration ainsi que la résistance au stress, à la fatigue ou à la peur.
La réduction du brouillard pour le décideur militaire
L’augmentation peut également appuyer le décideur de niveau opératif dans sept des huit compartiments des opérations interarmées définis par l’Otan (33) que sont : la manœuvre et les feux ; le Commandement et le contrôle (C2) ; le renseignement ; l’information et sa diffusion ; le soutien ; la protection ; la huitième étant les actions civilo-militaires. Les bénéfices de l’augmentation se cumulent entre les niveaux tactique et opératif, voire ont un effet démultiplicateur lorsqu’ils sont associés en série. Ainsi, la puissance militaire qui saura intégrer l’augmentation dans la majorité de ses structures prendra un avantage décisif par la fulgurance, la précision, l’économie des forces et la concentration des moyens. En revanche, la question de l’interopérabilité est essentielle pour tirer le plus grand bénéfice de l’augmentation.
La manœuvre et les feux seront fluidifiés en accélérant la boucle décisionnelle caractérisée par le cycle d’Observation, d’orientation, de décision et d’action (OODA) grâce à un plus grand traitement automatique des données à toutes les échelles. Ceci profitera à l’intégration de l’ensemble des forces, augmentera tant la précision que l’efficacité des manœuvres de feu ou de mouvement.
Le C2 sera simplifié par une plus grande subsidiarité qu’autorise une confiance très accrue dans les capacités de jugement de l’ensemble des acteurs de la chaîne, fiabilisées par l’augmentation humaine.
Le renseignement bénéficiera de capteurs directement intégrés aux combattants permettant de lire l’environnement électromagnétique, de l’analyser et de le valoriser au cœur de l’action. Les IA apporteront en temps quasi-immédiat aux organes de commandement une analyse alimentant le renseignement d’intérêt cyber, spatial, terre, air ou mer.
Le domaine de l’information est, d’ores et déjà, largement pénétré par les technologies, notamment les algorithmes développés par l’IA pour augmenter l’impact de la dissémination d’informations sur des audiences ciblées. La guerre cognitive pourra, de son côté, bénéficier de l’augmentation humaine en piratant les futurs cerveaux augmentés des populations ciblées.
Le soutien pourra être considérablement réduit dans certaines zones difficiles en repoussant les barrières physiologiques.
La protection des combattants sera améliorée par l’augmentation humaine dans de nombreux domaines. Les communications directes, immédiates et silencieuses réduiront les risques de tirs fratricides, faciliteront la localisation et l’identification des combattants isolés pour les opérations de sauvetage. Les augmentations de nature génétique pourraient réduire, voire éliminer, les effets de certains agents NRBC.
L’interopérabilité, qui est le point d’achoppement des opérations militaires, sera améliorée « by design » à tous les niveaux grâce à l’augmentation humaine.
Conclusion
La révolution de l’augmentation humaine semble inévitable. L’exercice de la puissance militaire ne pourra pas s’en passer et le primat de la force supposera la maîtrise des technologies qui y seront afférentes. L’augmentation du combattant ouvre à un vaste horizon des possibles qui bouleversera à l’avenir l’art de la guerre. Il faut considérer tant ses apports que les faiblesses qu’elle engendre.
Un cadre est indispensable face au vertige qu’offrent les possibilités de se jouer des limites biologiques. Néanmoins, ce cadre ne doit pas être un carcan qui réduirait la compétitivité de nos forces. La morale et l’éthique se trouvent constamment questionnées pour nous placer sur une fine ligne de crête qui doit continuer à converger vers nos intérêts stratégiques. Les sciences doivent parfois transgresser les règles pour la poursuite du bien commun. Ce fut le cas pour la médecine, où la pratique de la dissection heurtait la morale chrétienne, ou encore dans le domaine des sciences pures qui offrirent aux Américains la maîtrise de l’intimité de l’atome pour créer la première arme de destruction massive que le monde ait connue, destinée à mettre fin au second conflit mondial.
L’augmentation est aux confins d’une audace calculée qui peut remettre en question la survie des nations, et d’une redéfinition des limites de notre propre existence.
(1) Goldblatt Michael, « DARPA’s Programs in enhancing Human Performance », in Roco Mihail C. et Brainbridge Williams S (dir.), Converging Technologies for Improving Human Performance Nanotechnology, Biotechnology, Information Technology And Cognitive Science, Dordrecht, Kluwer Academic Publishers, juin 2002, p. 337 (https://obamawhitehouse.archives.gov/).
(2) Tether Anthony J., « Statement—Subcommitee on Terrorism, Unconventional Threats and Capabilities », House Armed Services Committee, US House of Representatives, 27 mars 2003.
(3) Ibidem.
(4) CReC (dir.), Le soldat augmenté – Les besoins et les perspectives de l’augmentation des capacités du combattant (actes enrichis de la journée d’études du 19 juin 2017), Cahier de la RDN, 2017, 240 pages (https://www.defnat.com/). NDLR : le soldat augmenté fait l’objet d’études depuis 2015 par le CReC avec le soutien de l’Institut biologique des armées (Irba), réparties en deux cycles : le Cahier de 2017 a été suivi de deux ouvrages en 2019 (Regards croisés sur l’augmentation des performances du soldat) et 2020 (a European ethical approach) ; 3 Cahiers : sommeil (2022), stress (2023) et surcharge cognitive (à paraître fin 2024).
(5) Science and Technology Options Assessment (STOA, European Parliament), Human Enhancement, Study, mai 2009, p. 22 (https://www.europarl.europa.eu/).
(6) CICDE, Le soldat augmenté – Concept exploratoire interarmées CEIA-3.0.3, 2022, p. 36.
(7) Kmienski Luckasz, Les Drogues et la Guerre. De l’Antiquité à nos jours, Nouveau Monde Éditions, 2017 (publication originale en anglais en 2016).
(8) Rassmussen Nicolas, On speed: The Many Lifes of Amphetamin, New York, New York University Press, 2008, p. 6 et 54.
(9) T. Jiang, et al., « Nanobiotechnology: Applications in Chronic Wound Healing, Nanomedecine », International Journal of Nanomedicine, vol. 17, 20 juillet 2022 (https://doi.org/10.2147/IJN.S372211).
(10) Tennison Michael N. et Moreno Jonathan D., « Neuroscience, Ethics, and National Security: The State of the Art », PLoS Biology, vol. 10, n° 3, 2012, p. 2 (https://journals.plos.org/).
(11) Lin Meng, et al., « CRISPR-based in situ engineering tumor cells to reprogram macrophages for effective cancer immunotherapy », Nanotoday, vol. 42, février 2022 (https://doi.org/10.1016/j.nantod.2021.101359).
(12) Aksoy Irene, et al. « Apoptosis, G1 Phase Stall and Premature Differentiation Account for Low Chimeric Competence of Human and RRhesus Monkey Naive Pluripotent Stem Cells », Stem Cells Reports, vol. 16, n° 1, janvier 2021, p. 56-74 (https://doi.org/10.1016/j.stemcr.2020.12.004).
(13) Regalado Antonio, « Biotechnology and Health—First Gene-Edited Dogs Reported in China », MIT Technology Review, 19 octobre 2015 (https://www.technologyreview.com/).
(14) Regalado Antonio, « China’s CRISPR babies: Read exclusive excerpts from the unseen original research », MIT Technology Review, 3 décembre 2019 (https://www.technologyreview.com/).
(15) CICDE, Le soldat augmenté – op. cit., p. 27.
(16) CHUV et EPFL, « Une interface cerveau-machine (BCI) permet à une personne paraplégique de contrôler sa marche par la pensée », 23 mai 2023 (https://www.cea.fr/).
(17) Carlson Matthew L., « Cochlear Implantation in Adults », The New England Journal of Medicine (NEJM), vol. 382, n° 16, 16 avril 2020, p. 1531-1542 (https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32294347/).
(18) Hsu-Lin Luo Yvonne et Cruz (da) Linda, « The Argus ® II Retinal Prothesis System », Progress in Retinal and Eye Research, vol. 50, 2016, p. 89-107 (https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1350946215000701).
(19) Gaillard Raphaël, L’Homme augmenté : Futur de nos cerveaux, Grasset, 2024, p. 18 et 36.
(20) Pryluk Raviv, Kfir Yoav, Gelbard-Sagiv Hagar, Fried Itzhak et Paz Rony, « A Tradeoff in the Neural Code Across regions and Species », Cell, 24 janvier 2019.
(21) Chevance Astrid et Gaillard Raphaël, « La dépression, du mal-être à la maladie », Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire (BEH), n° 32-33, 2018, p. 636-637 (https://www.santepubliquefrance.fr/).
(22) Albada (van) Sacha J., et al., « Performance Comparison of the Digital Neuromorphic Hardware SpiNNaker and the Neural Network Simulation Software NEST for a Full Scale Cortical Microcircuit Model », Frontiers in Neuroscience, vol. 12, 23 mai 2018 (https://doi.org/10.3389/fnins.2018.00291).
(23) Kania Elsa et VornDick Wilson, « China’s Military Biotech Frontier: CRISPR, MilitaryCivil Fusion and the New Revolution in Military Affairs », China Brief, vol. 19, n° 18, The Jamestown Foundation (https://jamestown.org/).
(24) Déclaration d’Helsinki, 1964 (https://doi.org/10.1136/bmj.313.7070.1448a).
(25) Conseil de l’Europe, « Convention pour la protection des Droits de l’Homme et de la dignité de l’être humain à l’égard des applications de la biologie et de la médecine », 4 avril 1997 (https://rm.coe.int/168007cf99).
(26) Coste Frédéric, « Les débats sur le soldat augmenté : quand l’emploi des technologies d’amélioration de l’humain en milieu militaire n’engendre toujours pas de controverses enflammées », Les Champs de Mars, n° 37, p. 71-90.
(27) Comité d’éthique de la Défense, Avis portant sur le soldat augmenté, 21 septembre 2020 (https://www.archives.defense.gouv.fr/).
(28) Hern Alex, « Elon Musk says Neuralink has implanted its first brain chip in human », The Guardian, 30 janvier 2024 (https://www.theguardian.com/technology/2024/jan/29/elon-musk-neuralink-first-human-brain-chip-implant).
(29) Physicians Committee for Responsible Medicine, « Physicians Group State Lawsuit and Federal Complaint Against UC Davis Regarding Deadly Monkeu Experiments at Elon Musk Funded Lab », 10 février 2022 (https://www.pcrm.org/news/news-releases/physicians-group-files-state-lawsuit-and-federal-complaint-against-uc-davis).
(30) Boisboissel (de) Gérard, « Le soldat augmenté : un soldat informé, allégé et mieux équipé » in HS DSI n° 45, Le soldat augmenté : repousser les limites pour s’adapter, p. 54.
(31) Moreno Jonhatan D., Mind Wars: Brain Research and National Defense, Dana Press, 2006, p. 141-142.
(32) Bickford Andrew, Chemical Heroes: Pharmacological Supersoldiers in the US Military, Durham, Duke University Press, 2021, 320 pages.
(33) Allied Joint Publication-01 Allied Joint Publication, Chapter 4 Joint Operations, Section I Joint Functions (https://www.cimic-coe.org/resources/external-publications/ajp-01-edf-v1-f.pdf).