La stratégie spatiale de défense est confrontée, depuis sa publication en 2019, à une accélération des événements et une massification des menaces qui nous obligent aujourd’hui à une réaction nationale mais aussi collective, avec l’appui de nos alliés de l’Otan ou de l’UE. Même si elle conserve toute sa pertinence, le bilan à mi-parcours de cette stratégie, ancrée dans une bonne dynamique, nous éclaire sur les risques qui pèsent sur notre crédibilité et notre souveraineté, dans un monde marqué par une compétition exacerbée entre acteurs étatiques et industriels.
Pertinence de la stratégie spatiale de défense française face à l’émergence de nouvelles conflictualités
Il était russe. Dernier né d’une famille qui avait vu le jour au milieu des années 1980, il répondait au doux nom de Luch-Olymp. Relais de télécommunication, également doté de bonnes capacités d’écoute électronique, il tenait sa place au sein d’une belle constellation de satellites. Toutefois, depuis la déclaration marquante de la ministre des Armées en septembre 2018 (1), notre vision de l’Espace a changé. S’il nous est encore permis de rêver devant sa nature mystérieuse et les possibilités infinies qu’il offre en matière d’exploration et de découverte, il n’est plus simplement aujourd’hui la « nouvelle frontière » (2) qu’ont cherchée à atteindre les pionniers partis à sa conquête dans les années 1960 ; il est « désormais un nouveau front que nous devons défendre » (3). Pour s’être rapproché « d’un peu trop prêt » (4) d’Athena-Fidus, un satellite franco-italien de communications militaires sécurisées, et avoir ainsi mené une action caractérisée d’espionnage, Luch-Olymp est maintenant considéré comme une menace, au même titre que tous ceux qui porteront des actes inamicaux ou hostiles sur nos moyens spatiaux.
Ce notable évènement tire la France de sa torpeur et la réaction ne tarde pas. Identifié par le président de la République comme priorité pour notre défense, le domaine spatial s’organise alors via la Stratégie spatiale de défense (5) (SSD) publiée en 2019 par le ministère des Armées. Document politique visant très clairement à envoyer un signalement stratégique à nos compétiteurs, et à organiser notre réponse, il se trouve rapidement renforcé par la reconnaissance de l’Espace en tant que milieu d’opérations (6) par les ministres de la Défense des pays de l’Otan, sur la base du document de politique spatiale globale de l’Otan (7) validée en juin 2019, ainsi que par l’Union européenne dans sa stratégie spatiale de défense et de sécurité en 2023.
Cinq ans après la publication de la SSD, dans un monde marqué par l’émergence de nouvelles conflictualités, il semble opportun de se questionner sur la nature des menaces qui pèsent sur nos systèmes, d’analyser la montée en puissance de l’organisation spatiale française, du côté institutionnel mais également industriel, afin de se positionner dans la compétition effrénée à laquelle se livrent de nombreux pays. Nous faisons face aujourd’hui à des défis majeurs sur des sujets structurants comme les lanceurs ou les constellations de satellites (8), constituant autant de failles qui pourraient, si nous n’y prenions garde, fragiliser notre crédibilité et mettre en péril notre souveraineté. Il nous faut donc agir.
Fin de la parenthèse de paix – entrée dans le nouveau monde
Contexte géopolitique
Depuis 2019, nous assistons à une accélération stratégique. Suspendu pendant plus de deux ans aux évolutions de la pandémie de Covid-19, qui aura mis en lumière les interdépendances des grandes puissances, le monde trébuche depuis lors sur des évolutions majeures qui semblent lui échapper. De la rapidité de la dégradation environnementale aux revendications d’un meilleur partage de pouvoir de la part des puissances émergentes, l’Europe a, quant à elle, perdu un des seuls avantages qu’elle pouvait encore avoir, la stabilité stratégique. Plus préoccupée par l’échéance électorale outre-Atlantique que par celle de son Parlement, elle se retrouve dans un « système d’actions-réactions aussi volatile que violent » (9) subissant un calendrier qui marquera indéniablement l’histoire du XXIe siècle dont les seules dates clés du 24 février 2022 (invasion de l’Ukraine par la Russie) et du 7 octobre 2023 (attaque d’Israël par le Hamas), suffisent à rappeler la gravité du moment. Au cœur des « nœuds géostratégiques » (10) qui se dessinent, la dialectique nucléaire fait un retour remarqué, même au sein des économies soumises à un régime de sanctions très sévère. Dans un monde devenu interconnecté, les dynamiques régionales influent sur la gestion d’un ordre mondial dans lequel il est plus que jamais question de maîtrise des flux, d’accès aux ressources, de nouvelles alliances internationales et d’une diplomatie redéfinie, sur fond d’une quête de réarmement devenue existentielle.
Le domaine spatial est naturellement central dans ces nouveaux rapports de force et la maîtrise des technologies duales mène de nombreux pays dans une compétition pour l’exploration, la colonisation, l’exploitation de ressources et la suprématie technologique. L’Espace n’est en effet plus l’apanage des grandes nations historiques comme les États-Unis ou la Russie, qui continuent cependant de rivaliser, par l’intermédiaire de leurs agences respectives (NASA et Roscosmos) sur les programmes de retour de l’homme sur la Lune ou l’exploration de Mars (11). La Chine émerge ainsi comme une force significative, avec ses ambitions lunaires (12) et ses plans pour sa propre station spatiale (programme Tiangong). L’Europe, via l’Agence spatiale européenne (ESA) et l’UE, cherche également à maintenir son autonomie et ses capacités spatiales. Des pays comme l’Inde et le Japon développent, quant à eux, leurs programmes spatiaux, avec des missions lunaires et des projets d’exploration astéroïdale ambitieux. D’autres nations comme les Émirats arabes unis (13), Israël et le Brésil développent aussi leur propre technologie spatiale ou s’associent avec des leaders mondiaux pour progresser dans la course à l’Espace. Enfin, la prolifération des agences spatiales (14) dans le monde, appuyée potentiellement par des États à tendance bellicistes, renforce l’idée que le prolongement de la guerre en orbite doit être pris très au sérieux.
Poussé par ces tensions géopolitiques et le foisonnement d’initiatives générées par le New Space, le domaine spatial militaire n’est pas en reste et subit aussi l’accélération des tendances déjà enclenchées depuis la fin la guerre froide à savoir : « le passage d’une activité spatiale de niveau stratégique à un usage plus lié aux opérations elles-mêmes ; une multiplication du nombre de satellites en orbite ; et une […] arsenalisation de l’Espace qui transforme les satellites en cibles potentielles » (15). Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2023, près de 2 900 satellites ont été déployés, représentant une augmentation de 17 % par rapport à 2022, tendance à la hausse qui avait déjà été très forte en 2022 (+ 36 % par rapport à 2021) (16). À la lecture des prévisions de l’ONU, l’exponentielle devient la fonction de référence dans ce domaine, car le nombre de satellites en orbite pourrait passer de 9 000 à 100 000 d’ici 2030 (17).
État des menaces dans et vers l’Espace (18)
Ainsi, « l’Espace [s’est transformé en] un domaine de très grande activité même si elle est peu visible » (19), représentant autant de menaces sur nos systèmes, de nature réversibles ou irréversibles. Le constat sur ces menaces, opéré en 2019 dans la SSD, reste cohérent même s’il se doit aujourd’hui d’être confronté à la massification du domaine et aux potentialités nouvelles qui y sont associées.
« [L’]activité [dans l’Espace] se caractérise […] par de très nombreux rapprochements d’objets, sur tous types d’orbites, en géostationnaire, mais aussi à toutes les altitudes » (20). Alors qu’il poursuit toujours sa mission débutée en 2014, Luch-Olymp n’est en effet aujourd’hui plus le seul à « butiner » tour à tour des satellites de télé-communication occidentaux. La technique de rapprochements de satellites dits espions est maîtrisée par un certain nombre de nos compétiteurs. Qu’il s’agisse des satellites Geosynchronous Space Situational Awareness Program (GSSAP) américains ou des SJ-12 chinois, ils sont tous très manœuvrables et conçus pour effectuer des Opérations de rendez-vous de proximité (RPO), avec des capacités de surveillance renforcées de leurs propres objets spatiaux et de résolution de problèmes techniques, dont on peut aisément imaginer leur détournement. « L’apparition de plus en plus fréquente en orbite des objets manœuvrants constitue la rupture technologique la plus décisive (21). »
Ces manœuvres de patrouilleurs peuvent également s’accompagner de largage de sous-satellites, dans un fonctionnement de type « poupée russe ». Le satellite russe Cosmos 2543 est un bel exemple de cette capacité à larguer un sous-satellite capable à son tour de projeter un objet cinétique qualifié depuis de « torpille spatiale » (22). Ces tirs de missiles antisatellites ont jusqu’à présent toujours été réalisés par un pays vers ses propres installations, mais ils constituent une véritable alerte. Le dernier évènement en date est russe et remonte au 15 novembre 2021, soit trois mois avant leur invasion du territoire ukrainien. Un missile du système Nudol est venu intercepter le Cosmos 1408, satellite de type Tselina d’écoute russe des années 1980, créant au moins 1 700 débris par la même occasion. Si les deux tiers sont aujourd’hui retombés, le dernier tiers ne le sera que dans plus de 20 ans, constituant là aussi un risque majeur pour les autres objets en orbite.
Sous couvert de solution à la problématique de gestion de ces débris, ce sont par ailleurs développées les manœuvres de désorbitation. À titre d’illustration, entre décembre 2021 et janvier 2022, le satellite SJ-21 chinois a effectué une manœuvre en orbite géostationnaire de rejointe et de rapprochement du COMPASS G2 (23), un satellite chinois de navigation désactivé. Après s’être arrimé à sa cible, le SJ-21 l’a déplacée jusqu’en orbite « cimetière » (24). Cette démonstration met en lumière les effets possibles d’une telle opération sur un satellite actif d’un pays tiers.
Cependant, les menaces ne s’appliquent pas seulement dans l’Espace. Les méthodes anciennes de sabotage ou d’attaque des systèmes au sol, géographiquement fixes et bien identifiés, restent des modes d’action efficaces pour entraver le bon fonctionnement de la chaîne de valeur spatiale (fabrication des objets spatiaux, lancement, télé-opération, etc.). Le 7 janvier 2022, un câble sous-marin reliant les îles Svalbard à la Norvège pour le compte du Norwegian Space Centre a été coupé, a priori de manière fortuite (25). Cet incident sur un câble qui relie le continent au plus grand champ d’antenne de communication satellitaire au monde, élément important de l’infrastructure de la NASA et de l’ESA, n’a eu cette fois qu’un effet mineur puisqu’il a simplement et temporairement privé de redondance la station satellitaire arctique. Cependant, il interpelle, quelques mois seulement après la rupture d’un autre câble sur le réseau sous-marin de surveillance norvégien (26).
L’utilisation de systèmes rudimentaires ou le développement de nouvelles technologies permettent aussi une action ciblée sur les moyens spatiaux. Les brouilleurs par exemple interfèrent aussi bien avec les systèmes de navigation, les télécommandes des satellites et leurs télécommunications, qu’avec les satellites d’observation radar. Particulièrement actifs dans le domaine, les Russes disposent de systèmes fixes (Tobol) et d’engins mobiles (Krasukha), aisément transposables de leur fonction première, défensive, vers une nouvelle, offensive, comme le laissent supposer les tests effectués pour bloquer en Ukraine les échanges de données via la constellation Starlink (SpaceX). La technologie d’illumination laser de satellites qui permet d’éblouir les capteurs optiques des satellites d’observation, se développe également. « Le complexe laser de combat Peresvet peut désactiver tous les systèmes de reconnaissance par satellite d’un ennemi potentiel sur des orbites allant jusqu’à 1 500 km (27). »
Enfin, il est impossible de parler de menace dans et vers l’Espace sans parler de la menace dans le cyberespace. Le 24 février 2022, premier jour de l’invasion russe en Ukraine, les terminaux du réseau de communication américain VIASAT ont été attaqués rendant inopérants des milliers de modems de particuliers et d’entreprises recevant le signal de ce satellite dans différents pays d’Europe, ainsi que ceux de l’armée ukrainienne (28).
Témoin d’une posture de sanctuarisation pendant la guerre froide entre les deux grands, l’Espace voit progressivement, sous sa voute, se dessiner au trait fin des postures multiples d’agression, bridées heureusement aujourd’hui par la nécessité de préserver ce domaine au potentiel infini. Les scénarios imaginés par la Red Team, comme celui relatant « La ruée vers l’Espace » (29) par exemple, passeront bientôt peut-être du statut de fiction à celui de réalité.
Ambition spatiale portée depuis 2019
Mise en œuvre de la stratégie spatiale de défense
Document politique, la SSD revêt un aspect inédit en embrassant le spectre complet des Opérations spatiales militaires (OSM) : le soutien aux capacités spatiales, la connaissance de la situation spatiale, l’appui aux opérations ainsi que l’action dans l’Espace. Ainsi, en complément des fonctions historiquement développées, deux ambitions opérationnelles majeures sont mises en lumière : l’extension des capacités de connaissance de la situation spatiale (Space Situation Awareness – SSA), au sol mais aussi dans l’Espace, et le développement d’une capacité de défense, afin de décourager les actes inamicaux ou hostiles envers nos moyens spatiaux.
Cette ambition s’est accompagnée d’un financement de 5,2 milliards d’euros dans la Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 et atteint 6 Mds € dans la LPM 2024-2030. Aux capacités développées depuis 2019 pour renseigner (Capacité de renseignement électromagnétique spatiale, Ceres), observer (Composante spatiale optique, CSO) et communiquer (Système de radiocommunication utilisant un satellite, Syracuse IV), il conviendra d’ajouter les briques du programme Ares (Action et résilience spatiale) (30), pour combattre les nouvelles menaces auxquelles nous serons confrontés, de débuter le développement du Syracuse V et de s’appuyer sur le projet dual de constellation de connectivité sécurisée et multi-orbites européenne (Infrastructure de résilience et d’interconnexion sécurisée par satellite, IRIS2). En cohérence avec la SSD, la LPM 2024-2030 fait clairement effort sur « les technologies différenciantes, […], privilégi[ant] la défense active pour protéger nos moyens en orbite, le renforcement de la connectivité, le renseignement et le lancement réactif » (31).
Dans le domaine de la préparation opérationnelle, s’appuyant sur l’expertise reconnue du Centre national d’études spatiales (Cnes) et un transfert de compétence progressive, le personnel du Commandant de l’Espace (CDE) poursuit sa montée en puissance par des formations et exercices qui font maintenant référence auprès de nos alliés. La 4e édition d’AsterX, s’inscrivant dans le contexte géopolitique de l’exercice Orion, a ainsi embarqué les participants de 15 nations alliées ainsi que des partenaires industriels, dont le soutien aux opérations spatiales est essentiel dans un combat de haute intensité. Favoriser le développement de l’interopérabilité et d’une culture des opérations spatiales, tout en contribuant au renforcement de la solidarité stratégique entre les armées françaises et alliées, tels sont les objectifs poursuivis par l’ensemble des acteurs. Dans l’Espace, la coopération est en effet un enjeu majeur, car dans un domaine aussi complexe et éloigné, le partage de l’information est vital. À cet égard, la France a rejoint en 2020 l’initiative CSpO (32) (Combined Space Operations) et participe aux réflexions sur les OSM, ainsi que leurs implications dans les domaines capacitaires, opérationnels et politico-juridiques. Elle développe également des partenariats bilatéraux actifs avec les États-Unis, la Pologne et le Japon.
Toutefois, face aux ambitions affichées, il importe en priorité de pouvoir décider et commander, et donc de disposer d’un outil de Commandement & contrôle (C2) d’excellent niveau, ce qui n’est malheureusement pas encore le cas aujourd’hui. Le CDE a donc les yeux rivés vers le système d’information des opérations spatiales Astreos (Appareil structuré de traitement élaboré des opérations spatiales) qui permettra au Centre de commandement, de contrôle, de communication et de calcul des opérations spatiales (C4OS), créé en 2025, de disposer des moyens pour piloter les actions vers, dans et depuis l’Espace avec un effet majeur attendu sur l’accélération de la boucle Observer, Orienter, Décider, Agir (OODA).
Ainsi, au fil des années et des investissements, les briques de la SSD se mettent en place, et l’année 2025 devrait constituer un jalon majeur. Objet visible de l’ambition nationale, les nouvelles infrastructures du Commandement de l’Espace intégreront sur un même site l’ensemble des expertises au sein du C4OS, d’un Centre de formation aux opérations spatiales militaires (CFOSM) et du Laboratoire d’innovation spatiale des armées (LISA). Le NATO Space Center of Excellence (COE), organisation militaire internationale dont la mise en œuvre a été confiée à la France par l’Otan, sera également situé à proximité du CDE, dégageant ainsi des synergies pour les deux organisations.
Opportunités saisies pour construire notre autonomie stratégique
Alors que les États-Unis avaient entrepris, à la fin de la guerre froide, la mue de leur organisation spatiale étatique vers le New Space pour conserver leur avance technologique, la France n’a pas fait preuve de la même agilité. Après une phase d’observation, tous les acteurs se doivent aujourd’hui d’agir pour développer et appuyer des projets d’innovation afin que la France puisse conserver une place honorable dans des domaines de pointe. Lancé en 2021, le plan d’investissement France 2030 (33), visant à accélérer la transformation des secteurs clés de l’économie française par l’innovation, répond à cet objectif. Le secteur spatial, cœur de souveraineté, y trouve naturellement sa place avec la sélection de 100 projets lauréats pour un montant de 1,55 Md €, couvrant l’ensemble des axes prioritaires de la stratégie spatiale : accès autonome à l’Espace, positionnement stratégique dans le domaine des constellations et ancrage de l’écosystème sur les nouveaux marchés et les nouveaux usages du spatial.
Pour « rattraper un mauvais choix stratégique » (34), la France s’engage fin mars 2024 dans la compétition européenne en faisant émerger quatre lauréats identifiés par le Cnes (HyPrSpace, Latitude, MaiaSpace, Sirius) (35) dans le domaine des mini et micro-lanceurs. Derrière cette nouvelle dynamique se trouve également un changement de culture puisque la logique de co-construction (subvention au fil du développement) cède la place à une logique d’achat de service (paiement à la réussite du lancement). Sur un autre segment, la dernière levée de fonds record (36) réalisée par la start-up Unseenlabs – leader mondial de la surveillance et du renseignement maritime, auprès d’un ensemble d’investisseurs privés et publics, dont le fonds innovation défense – montre bien l’attention particulière portée sur les pépites françaises pour gagner en souveraineté dans ce milieu compétitif. S’ils génèrent des impulsions favorables dans le secteur spatial, ces financements ne doivent cependant pas occulter les défis structurels auxquels sont confrontés sur le long terme certains acteurs clés du secteur, à l’instar de la filiale franco-italienne Thales Alenia Space (37), distancée aujourd’hui dans la bataille des coûts.
Souvent tiraillée entre sécurisation et développement de nouveaux champs ou bridée par une forte aversion au risque, la nouvelle approche française, inspirée des réalisations d’outre-Atlantique, s’inscrit dans la bonne direction. Face à l’augmentation de la dette publique, la France se doit de trouver des modes alternatifs de financement au risque sinon d’être confrontée à une menace elle aussi bien réelle : le recul sur la scène internationale et la perte de souveraineté.
Le ministère des Armées n’est naturellement pas tenu à l’écart du développement du New Space français. Dans une démarche de fertilisation croisée, le CDE a mis en place le LISA à Toulouse. Ce dernier, travaillant en étroite coordination avec l’Agence de l’innovation de Défense (AID), la Direction générale de l’armement (DGA), le Cnes et l’Office national d’études et de recherches aérospatiales (Onéra), vise à tirer le meilleur parti des innovations développées par tous les acteurs émergents dans le domaine spatial pour un potentiel usage militaire.
Le réveil des pays de l’Union européenne
Placée sous le signe de la souveraineté européenne, la présidence française du Conseil de l’Union européenne en 2022 a œuvré pour l’adoption d’une Boussole stratégique (38) afin de renforcer la sécurité et la défense de l’UE. Articulé autour de quatre piliers (Agir, Protéger, Investir, travailler en Partenariat), ce document cadre met au cœur de ses priorités l’élaboration d’une stratégie spatiale de sécurité et de défense de l’UE. « Sans maîtrise de l’Espace, […] pas de souveraineté technologique, […] sans maîtrise de l’Espace, pas de souveraineté industrielle et économique […] sans maîtrise de l’Espace, pas d’avancée scientifique ni de connaissance fine des grands enjeux environnementaux et climatiques, […] sans maîtrise de l’Espace, pas de souveraineté stratégique et militaire (39). » Cette anaphore en propos liminaire du discours présidentiel prononcé à Toulouse, quelques jours avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, trouve rapidement écho chez l’ensemble de nos partenaires européens. L’Espace, nouveau lieu de conflictualité, doit bel et bien être considéré comme « la souveraineté des souverainetés » (40). Un an plus tard, en mars 2023, l’UE se dote d’une Stratégie spatiale pour la sécurité et la défense (EU SSSD) (41). Dans des environnements interdépendants, l’objectif vise à acculturer l’ensemble des acteurs et à adopter une grammaire commune, en vue de se fixer des objectifs communs. Réaffirmant la volonté européenne d’accès autonome à l’Espace, elle repose sur 5 piliers : présentation des menaces, résilience des infrastructures/systèmes/services de l’UE, réponse aux activités hostiles, capacités et coopération internationale/partenariats. Dans la continuité, la Commission priorise en 2024 l’étude d’une législation spatiale de l’UE (42).
Pour la France, première puissance spatiale de l’UE qui ne peut faire cavalier seul dans ce domaine, l’endossement (43) par les institutions européennes et les pays membres constitue une avancée majeure qui vient appuyer les efforts nationaux déployés dans la mise en œuvre de la SSD. Cette avancée appelle cependant la plus grande vigilance dans le cadre de sa mise en œuvre, notamment sur le maintien des prérogatives des États-membres dans le domaine de la défense et de la sécurité, aux dépens d’une Commission aujourd’hui de plus en plus présente sur ce sujet. Elle reste par exemple attentive à la définition du concept de capacité de connaissance du domaine spatial (Space Domain Awareness, SDA (44)), qui porte notamment des notions d’anticipation, de détection et de caractérisation des menaces – bref, de renseignement – qui relèvent d’une utilisation à des fins de sécurité et de défense avec le principe du « besoin d’en connaître » et qui reste donc du ressort des États-membres. Sur le volet législatif, visant à renforcer la sécurité, la résilience et la durabilité des activités et des opérations spatiales, une attention particulière sera aussi portée sur l’exemption défense (application du droit sur les conflits armés) et les implications sur les services à vocation duale. En aucun cas, cette loi ne saurait être plus contraignante que la loi française sur les opérations spatiales (45).
En synthèse, retenons que cette prise de conscience européenne est de bon augure pour l’avenir car elle vient appuyer les réflexions françaises enclenchées dans la SSD mais qu’il convient de rester vigilant pour conserver des marges de manœuvre vis-à-vis de compétiteurs souvent moins soucieux des cadres normatifs.
Perspectives–réflexions
Le cœur de souveraineté
La question de l’autonomie d’accès à l’Espace est posée dans la SSD par le sujet des lanceurs. Erreur d’appréciation ou cécité absolue devant un modèle européen qu’il faut absolument défendre, le lanceur est considéré comme une donnée d’entrée, sans qu’il soit évoqué le moindre risque sur ce sujet, sauf à mentionner la nécessaire politique de réduction des coûts pour assurer la pérennité du lanceur Ariane. Toutefois, aujourd’hui, après l’échec du lancement de la fusée Vega C en décembre 2022, le dernier vol d’Ariane 5 en juillet 2023 et le retard d’Ariane 6, la crise des lanceurs est profonde. Cette autonomie d’accès est cruciale et dans un quotidien fait de contestation, il importe pour chacun de garder en mémoire l’ébranlement qui a suivi le lancement du satellite franco-allemand Symphonie par la fusée américaine Thor-Delta en 1974, autour duquel « les États-Unis ont posé comme condition au lancement le renoncement à toute utilisation commerciale du satellite » (46), évènement marquant qui a conduit au développement d’une filière européenne complète et autonome.
Si cette question de l’accès à l’Espace est bien identifiée aujourd’hui comme un frein à notre souveraineté, il convient aussi d’agir sans tarder sur le sujet des constellations avant d’être tout simplement réduit à constater le déclassement de la France. Dénommées One Web, Starlink ou Kuiper, elles se développent et engendrent des centaines voire des milliers de satellites, constituant autant de prises de places et de fréquences qui nous seront inaccessibles demain. Si le programme IRIS2 constitue aujourd’hui une belle avancée commune pour les pays européens, il est aussi un premier pas hors de notre cœur de souveraineté, à un moment où le combat se décline en Multi-Milieux Multi-Champs (M2MC) et la survie, dans un champ de bataille devenu transparent, repose sur un réseau maillé de capteurs et d’effecteurs interconnectés (RM2SE : Réseau multi-senseurs multi-effecteurs), exploitant massivement la donnée et les bénéfices de l’intelligence artificielle (IA) pour conduire les opérations. Pendant ce temps-là, d’autres pays continuent d’accroître leur avance. La Space Development Agency (47) est en effet aujourd’hui bien engagée sur le programme constellation PWSA (48), qui vise à terme à assurer la détection, le suivi des menaces avancées, y compris les missiles hypersoniques. Fight is on!
Nécessité de garder un temps d’avance
Alors qu’elle est focalisée aujourd’hui sur la compétition effrénée menée dans le New Space pour essayer de conserver son statut de puissance spatiale et qu’elle tente de se positionner dans le champ du Next Space (49), la France ne peut faire l’impasse sur un autre domaine également bien appréhendé par ses compétiteurs, à savoir le Power Space.
Déjà caractérisé par une forme d’obsolescence, le New Space cède en effet déjà le pas aux technologies avancées qui permettront de conserver un temps d’avance (Next Space). L’interconnexion des systèmes générée par la mise en œuvre de constellations, dont on a déjà évoqué l’importance capitale, plaçant la donnée au cœur du combat, révèle un potentiel extraordinaire qu’il conviendra de savoir exploiter. Alors que « le saut technologique que représente l’IA est sans doute celui qui révolutionnera la manière de faire la guerre, ou même, plus important encore, de l’éviter comme l’atome en son temps » (50), le sujet spatial peut, d’ores et déjà, s’inscrire dans la priorité des cas d’usage soumis à l’Agence ministérielle pour l’intelligence artificielle de défense (Amiad) qui devrait voir le jour à l’été 2024.
Développé dans les années 1960, aux grandes heures de la conquête spatiale dans laquelle rivalisaient alors les États-Unis et l’Union soviétique, pour développer des systèmes toujours plus performants, le nucléaire spatial fait aujourd’hui un retour remarqué après un demi-siècle de sommeil. Assumé politiquement par les États-Unis, dans un décret présidentiel sur l’utilisation de l’énergie nucléaire dans les systèmes spatiaux signé en 2019 (51), ce type de propulsion apparaît comme une solution clé pour des missions lointaines, couvertes par le programme Artemis (52). Plus près de nous, dans un Espace soumis par ailleurs à de multiples menaces, la profusion d’énergie, synonyme d’autonomie et de liberté de manœuvre, conférera un avantage majeur.
À la convergence de deux secteurs d’excellence dont elle a la parfaite maîtrise et qu’elle entend redynamiser, la France a très clairement un rôle à jouer. L’engagement du groupe français Framatome (53) en octobre 2023 dans la création d’une division Framatome Space, constitue un jalon majeur au niveau national qui contribuera aussi à orienter l’exploration spatiale européenne dans cette voie. Acteur historique du domaine, il conviendra de suivre avec attention cette pépite face à une concurrence croissante d’acteurs émergents (Tractebel (54) et X-energy (55)), actifs autant dans le domaine technologique que dans le domaine réglementaire (56).
Enfin, au-delà de la problématique énergétique, c’est dans le champ de l’exploration de l’Espace que la France et plus largement l’Europe doivent se positionner, car, comme le précise le High Level Advisory Group (HLAG) dans son rapport (57), « le coût de l’inaction dépasserait de loin l’investissement nécessaire pour faire de l’Europe un acteur spatial fort et indépendant ». Dès à présent, il est en effet important pour les armées de s’orienter sur les solutions émergentes de véhicules spatiaux émanant du secteur civil dans la perspective de développement des missions d’intervention dans l’Espace. À cet égard, sur le segment cargo, les solutions développées par The Exploration Company (58) et Space Cargo Unlimited (59) sont parti-culièrement intéressantes. Au regard des menaces qui pèsent sur nos systèmes, il nous faudra rapidement être en capacité d’intervenir en soutien des opérations militaires (ravitaillement, maintien en service ou dépannage) ou dans notre future mission de défense active.
In fine… une question de crédibilité
Dans le triptyque compétition–contestation–affrontement, la crédibilité est un atout inestimable. Plus qu’un avantage moral ou éthique, c’est une composante stratégique de premier ordre. Face à des compétiteurs ou ennemis, elle établit un fondement de respect et de confiance qui peut forcer l’adversaire à réévaluer ses stratégies. Elle amplifie en effet l’influence persuasive, se présente comme un bouclier contre les attaques, facilite les alliances et renforce la résilience, faisant d’elle un pilier indispensable pour surmonter les défis et exploiter les opportunités face à des compétiteurs ou des ennemis.
Face à la montée des conflictualités, la France, puissance spatiale historique et reconnue, doit donc impérativement conserver cette crédibilité. Cela passe en tout premier lieu par le respect des engagements pris et une pleine synergie au sein de l’Équipe France, au risque de voir sa position s’affaiblir. La pleine transparence employée dans la rédaction de la SSD en 2019 a eu la vertu d’envoyer un signalement stratégique clair à l’ensemble de nos compétiteurs. Il nous faut maintenant tenir le cap, mais face à des compétiteurs qui ne jurent que par l’agressivité, il est important de ne pas faire preuve de trop de naïveté en exposant à l’avenir trop clairement nos objectifs et nos faiblesses. Pour augmenter nos chances de survie dans ce nouveau domaine de conflictualité, il nous faut maintenant apprendre à cultiver une part d’ambiguïté.
Synthèse
« La SSD sera actualisée afin de conduire les ambitions opérationnelles […] telles que le développement de la surveillance améliorée de l’Espace et la défense des intérêts spatiaux français critiques » (60). C’est en ces termes qu’est posée la question de la pertinence de la SSD dans la LPM 2024-2030. Les différents points exposés dans cette réflexion ont montré toute la pertinence de l’évaluation des menaces réalisée en 2019 et de l’organisation mise en place pour y répondre. Le signalement stratégique a été entendu et renforcé en 2022 à travers la déclinaison européenne portée par la France lors de sa présidence du Conseil de l’Union européenne. La dynamique enclenchée avec les industriels, portée pour certains par le plan gouvernemental France 2030, est également très positive. Ce bilan à mi-parcours de la SSD nous renforce dans l’idée que nous sommes sur la bonne voie, même s’il convient cependant de rester lucide sur les défis structurants auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés comme le sujet des lanceurs ou des constellations, dans un contexte financier (61) qui n’est plus celui des années 1960. Le tempo s’est aussi considérablement accéléré et oblige la France, mais aussi l’Europe, à une plus forte réactivité. « Il nous faut bouger rapidement, réduire les cycles, réduire les coûts, sinon on va tous crever » (62), cette déclaration choc du président du Cnes, Philippe Baptiste, qui risque de marquer durablement le monde du spatial, appelle à un réveil stratégique. Gardons également en tête qu’en 2030, au moment où nous devrons réactualiser notre SSD, nous serons face à un mur de dépenses pour à la fois être prêts au combat de haute intensité dans tous les milieux et assurer le renouvellement de nos capacités de dissuasion. Tous ces efforts sont impératifs. Il en va en effet de notre souveraineté.
(1) Parly Florence, « Déclaration de la ministre des Armées sur la défense spatiale », Toulouse, 7 septembre 2018 (https://www.vie-publique.fr/).
(2) Kennedy John Fitgzerald, « Discours d’acceptation de son investiture à la convention du Parti démocrate », Los Angeles, États-Unis, 15 juillet 1960 (https://langloishg.fr/).
(3) Groupe de travail « Espace », Stratégie spatiale de défense, ministère des Armées, 2019 (https://medias.vie-publique.fr/data_storage_s3/rapport/pdf/194000642.pdf).
(4) Parly F., op. cit.
(5) Groupe de travail « Espace », op. cit.
(6) Dirigeants des pays de l’Otan, « Déclaration de Londres », 4 décembre 2019 (https://www.nato.int/).
(7) Otan, « Politique spatiale globale », approuvé le 25 juin 2019 par le Conseil de l’Atlantique Nord (https://www.nato.int/cps/en/natohq/official_texts_190862.htm?selectedLocale=fr).
(8) Une constellation de satellites est un groupe de satellites artificiels identiques qui travaillent de concert pour fournir une prestation en assurant généralement une couverture quasi complète de la planète.
(9) Gomart Thomas, L’accélération de l’histoire, Tallandier, 2023, p. 22.
(10) Ibidem, p. 20.
(11) États-Unis : programme Artemis (2019) ; Russie : programme Luna (relancé depuis 2023).
(12) Sur la base du programme du lanceur super lourd Longue Marche 9 (CZ-9), développé par l’Académie chinoise de technologie des lanceurs (CALT), filiale de la société de sciences et technologies aérospatiales de Chine (CASC).
(13) Béquet Gaspard, « L’été émirien : des premières retentissantes » (Tribune n° 1229), 1er décembre 2020, RDN, 5 pages (https://www.defnat.com/e-RDN/vue-tribune.php?ctribune=1329).
(14) Près de 80 pays disposent d’une agence spatiale.
(15) Pasco Xavier et Wohrer Paul, La mise en œuvre de la Stratégie spatiale de défense française : vers la maîtrise de l’Espace, Note de la FRS n° 12/23, Fondation pour la recherche stratégique, 19 avril 2023 (https://www.frstrategie.org/).
(16) « L’année spatiale 2023 : le bilan des lancements orbitaux », Un autre regard sur la Terre, 11 janvier 2024 (https://un-regard-sur-la-terre.org/2024/01/l-annee-spatiale-2023-le-bilan-des-lancements-orbitaux.html).
(17) Ademe, « Satellites et environnement : quand les promesses des mégaconstellations se heurtent aux limites de l’Espace », 20 novembre 2023 (https://presse.ademe.fr/).
(18) Jaulmes Adrien et Menget Lucas (dir.), Précis de survie stratégique, Édition des Équateurs, 2023, 240 pages.
(19) Commission de la défense nationale et des forces armées, « Audition, ouverte à la presse, du général d’armée aérienne Stéphane Mille, chef d’état-major de l’Armée de l’air et de l’Espace, sur le projet de loi de finances 2024 », 5 octobre 2023, Assemblée nationale (https://www.assemblee-nationale.fr/).
(20) « Audition de S. Mille »., op. cit.
(21) Friedling Michel, Commandant de l’Espace, Bouquins Éditions, 2023, p. 139.
(22) « La Russie vient de tester un satellite militaire capable de détruire d’autres satellites », Astro Univers, 25 juillet 2020 (https://www.astrounivers.com/la-russie-vient-de-tester-un-satellite-militaire-capable-de-detruire-dautres-satellites/).
(23) Hichens Theresa, « China’s SJ-21 ‘tugs’ dead satellite out of GEO belt: Trackers », Breaking Defense, 26 janvier 2022 (https://breakingdefense.com/2022/01/chinas-sj-21-tugs-dead-satellite-out-of-geo-belt-trackers/).
(24) Orbite située quelque 300 km au-dessus de l’orbite géostationnaire, où l’on place les satellites géostationnaires en fin de vie afin de ne pas encombrer cette orbite clé.
(25) Briant (de) Louis, « [L’instant tech] Quand les câbles sous-marins servent à prendre le pouls de la Terre », L’Usine nouvelle, 22 septembre 2022.
(26) Lagneau Laurent, « Un câble sous-marin de communication norvégien a été endommagé », Opex360-Zone militaire, 10 janvier 2022 (https://www.opex360.com/).
(27) « L’armée russe commence à recevoir les systèmes laser Peresvet qui peuvent détruire les drones de combat en quelques secondes », Pravda, 19 mai 2022 (https://france.pravda.ru/news/russie/1305075-peresvet_laser).
(28) Attribution au gouvernement russe de l’attaque dans un communiqué de Josep Borrell, Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, le 10 mai 2022. Avec AFP, « Les Occidentaux accusent la Russie d’avoir paralysé des satellites pour préparer l’invasion de l’Ukraine », Le Figaro, 10 mai 2022 (https://www.lefigaro.fr/).
(29) « Menaces du futur : la Red Team Défense dévoile de nouveaux scénarios de fiction », 3 juillet 2023, ministère des Armées (https://www.defense.gouv.fr/) ; « La ruée vers l’Espace » imagine une montée des tensions et de la conflictualité entre différents acteurs dans leurs conquêtes du domaine spatial à des fins économiques et de puissance.
(30) Programme prévoyant la mise en place d’un démonstrateur Yoda (Yeux en orbite pour démonstrateur agile), avant l’intégration de la capacité opérationnelle Égide (Engin géodérivant d’intervention et de découragement) et la mise en service du successeur du radar de surveillance Graves (Grand réseau adapté à la veille spatiale).
(31) Loi n° 2023-703 du 1er août 2023 relative à la programmation militaire pour les années 2024 à 2030 et portant diverses dispositions intéressant la Défense (https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFARTI000047915025).
(32) Initiative regroupant les 5 Eyes (États-Unis, Royaume-Uni, Canada, Nouvelle-Zélande et Australie), l’Allemagne et la France.
(33) Gouvernement français, France 2030 (https://www.gouvernement.fr/france-2030).
(34) Gallois Dominique, « Espace : Bruno Le Maire annonce le projet Maïa, futur minilanceur réutilisable d’ArianeGroup », Le Monde, 6 décembre 2021.
(35) Cabirol Michel, « Emmanuel Macron met la France en mode compétition », La Tribune, 25 mars 2024.
(36) Guillermard Véronique, « Levée de fonds record pour une start-up du NewSpace français », Le Figaro, 27 février 2024.
(37) B. J., « Le groupe Thales sérieusement ébranlé par les acteurs du New Space », Air & Cosmos, 21 février 2024.
(38) Conseil de l’Union européenne, Une boussole stratégique pour renforcer la sécurité et la défense de l’UE au cours de la prochaine décennie, Bruxelles, 21 mars 2022 (https://www.consilium.europa.eu/).
(39) Macron Emmanuel, « Discours du président de la République sur la stratégie spatiale européenne », Toulouse, le 16 février 2022 (https://www.elysee.fr/).
(40) Ibidem.
(41) Communication conjointe du Service européen pour l’action extérieure et la Commission européenne (https://www.eesc.europa.eu/).
(42) Commission européenne, « Le programme de travail de la Commission pour 2024 expliqué », 17 octobre 2023 (https://commission.europa.eu/system/files/2023-10/Factsheet_CWP_2024_explained_FR.pdf).
(43) Conseil de l’UE, « Espace : Le Conseil approuve des conclusions sur la stratégie spatiale de l’UE pour la sécurité et la défense », 14 novembre 2023 (https://www.consilium.europa.eu/fr/).
(44) Définition de SDA en cours de discussion avec les partenaires européens.
(45) Loi n° 2008-518 du 3 juin 2008 relative aux opérations spatiales (https://www.legifrance.gouv.fr/).
(46) Nguyen Anne-Thérèse, « Les échanges technologiques entre la France et les États-Unis : les télécommunications spatiales (1960-1985) », Flux, n° 43, 2001/1, p. 21 (https://www.cairn.info/revue-flux1-2001-1-page-17.htm).
(47) Agence américaine créée en 2019 au sein du Département de la Défense américain (DoD) dont le rôle est de développer et de déployer une architecture spatiale nationale avancée.
(48) Proliferated Warfighter Space Architecture ; Tranche 0 « Warfighting Capability Tranche » réalisée en 2023.
(49) Le Next Space se réfère aux développements futurs et aux nouvelles initiatives qui vont au-delà de l’approche actuelle du New Space ; il est axé sur la recherche et le développement futuriste ainsi que sur les sauts technologiques (https://www.airbus.com/en/NextSpace).
(50) Lecornu Sébastien, « Déclaration du ministre des Armées, sur l’École Polytechnique et l’IA », Palaiseau, 8 mars 2024 (https://www.vie-publique.fr/discours/293389-sebastien-lecornu-08032024-intelligence-artificielle).
(51) « Presidential Memorandum on Launch of Spacecraft Containing Space Nuclear Systems », Maison-Blanche, 20 août 2019 (https://trumpwhitehouse.archives.gov/).
(52) NASA, « Artemis » (https://www.nasa.gov/humans-in-space/artemis/).
(53) Pierrettori Paola, « Le nucléaire spatial propulsé par Framatome Space », Portail de l’IE, 16 janvier 2024 (https://www.portail-ie.fr/).
(54) Entreprise internationale d’origine belge, qui fournit des services de conseil et d’ingénierie dans les domaines de l’énergie, de l’eau, du nucléaire et des infrastructures pour le groupe Engie.
(55) Société américaine privée d’ingénierie de conception de réacteurs nucléaires et de combustibles.
(56) L’utilisation de la technologie nucléaire dans l’Espace est régie par des traités tels que le Traité sur l’Espace extra-atmosphérique de 1967 (https://onu-vienne.delegfrance.org/). Ce texte promeut l’utilisation pacifique de l’Espace, sans fournir de directive spécifique sur l’emploi de l’énergie nucléaire.
(57) Le HLAG est un groupe consultatif de haut niveau : indépendant, il est constitué de douze experts issus du secteur industriel, du monde universitaire, de la société civile et d’anciens ministres. High-Level Advisory Group on Human and Robotic Space Exploration for Europe, Revolution Space: Europe’s Mission for Space Exploration, présenté le 23 mars 2023 lors de la 315e session du Conseil de l’ESA (https://esamultimedia.esa.int/).
(58) Fondée en 2021, cette PME/start-up développe des véhicules spatiaux dont la mission est la logistique en orbite ; lauréat France 2030 pour son projet Demarlus visant à concevoir et démontrer au sol la fabrication et l’assemblage en orbite.
(59) Fondé en 2014, c’est le premier opérateur commercial privé européen de véhicules dédiés à la fabrication dans l’Espace ; il a signé le 2 décembre 2022, avec Thales Alenia Space un contrat de conception et de production du véhicule REV1, première usine flottante de l’Espace.
(60) Loi n° 2023-703 du 1er août 2023, op. cit., paragraphe 1.3, Défendre et agir dans les espaces communs, nouveaux lieux de conflictualité, pour maintenir le droit et conserver notre liberté d’action.
(61) 2023 : déficit public 154 Mds €, soit 5,5 % du Produit intérieur brut (PIB) ; dette publique 110,6 % du PIB.
(62) Baptiste Philippe, séminaire Perspectives spatiales, Paris, 28 mars 2024.