L’essor technologique vertigineux auquel nous assistons, avec l’avènement de l’IA, du quantique et la multiplication des capteurs est de nature à supprimer demain toute incertitude. Pour autant, la guerre reste le lieu de l’affrontement des volontés. Si la technologie est en mesure de créer des espaces de certitudes limités, l’esprit critique, la subsidiarité et la polyvalence restent plus que jamais d’actualité pour mesurer l’incertitude résiduelle et en faire son alliée, sans la craindre.
La fin de l’incertitude ?
« Warfare itself is not changing, but how we conduct warfare is changing. » Lord Stuart Peach, lors de la clôture de l’édition 2024 de l’exercice Collective Endeavour à Shrivenham
La guerre est le domaine de l’incertitude. » Cette courte phrase du Prussien Carl von Clausewitz, théoricien du brouillard de la guerre, décrit parfaitement l’imprévisibilité inhérente aux conflits militaires. La notion d’incertitude dans la guerre ou les relations internationales a été reprise et analysée par de nombreux penseurs de la stratégie. L’incertitude dans la guerre porte aussi bien sur les objectifs politiques et militaires que sur la disponibilité et l’entraînement des forces, leurs capacités, l’environnement physique et numérique ou encore sur les groupes et individus qui décident de l’action ou qui la conduisent. Elle peut être subie selon les contingences ou encore la capacité à déceler et à comprendre les intentions de l’adversaire, mais elle peut aussi être recherchée et voulue lorsqu’il s’agit de faire planer le doute chez l’ennemi, voire de le surprendre.
La question qui se pose est la suivante : l’incertitude est-elle un principe immuable de la guerre ou est-elle amenée à disparaître avec l’essor technologique vertigineux auquel nous assistons aujourd’hui et dont on imagine le potentiel, sans réellement en mesurer les limites ? « Suggérer qu’une nouvelle technologie puisse changer la nature immuable de la guerre et non pas seulement la manière de la faire relève de l’ignorance. C’est comme si l’on disait qu’une nouvelle horloge va changer la nature du temps (1). » Nombreux sont ceux qui, comme Sean McFate, pensent que jamais la technologie ne changera la nature profonde de la guerre, dont l’incertitude est considérée comme une constante. Pour autant, certains experts estiment que l’Intelligence artificielle (IA) ouvre une nouvelle ère, celle de la parfaite appréhension de la complexité et donc de la guerre.
La réponse à la question de l’incertitude, principe immuable de la guerre, mérite ainsi d’être approfondie et nuancée. La suppression de l’incertitude n’est-elle pas envisageable selon les circonstances, ce qui pourrait conduire à de nouveaux équilibres ? Poussé à l’extrême, cela reviendrait à considérer que, dans le monde de demain, tout pourrait être anticipé. Mener une guerre dont l’issue serait connue dès le début n’aurait alors potentiellement plus aucun sens. La fin de l’incertitude marquerait alors la fin des guerres.
La réduction de l’incertitude par la technologie ?
La recherche de certitudes, depuis toujours
« Si vous connaissez l’ennemi et vous-même, vous n’avez pas à craindre le résultat de cent batailles. » Sun Tzu, L’Art de la guerre (VIe siècle avant J.-C.)
Depuis toujours le renseignement a pour vocation de prendre l’avantage sur l’adversaire. Examiner ses plans, y déceler les forces et les faiblesses, analyser ses stratégies, ses tactiques, ses formations militaires, ses structures de commandement et ses chefs militaires, sonder ses intentions et comprendre ses motivations, ses objectifs : il faut anticiper ses actions pour agir ou réagir de manière appropriée. La connaissance de l’ennemi est fondamentale non seulement pour prendre l’avantage, mais aussi pour ne pas se faire surprendre. Ainsi, pendant la Seconde Guerre mondiale, les décodages des méthodes de chiffrement Enigma et de Purple ont fourni un avantage décisif pour améliorer respectivement la protection des convois face à la menace sous-marine allemande, dans le cadre de la bataille de l’Atlantique, et pour battre la force aéronavale japonaise à Midway.
Toutefois, la seule connaissance de l’ennemi n’est pas suffisante. Se connaître soi-même, porter un regard lucide sur ses capacités, avoir conscience de ses forces et de ses faiblesses est nécessaire pour prendre des décisions éclairées et éviter de se lancer dans des combats impossibles.
Enfin, malgré la parfaite connaissance des forces et faiblesses de chacune des parties, les contingences à la guerre sont tellement nombreuses, entre défaillances matérielles, phénomènes météorologiques, opinion publique, réactions individuelles et collectives, qu’il est impossible de prévoir tous les cas de figure qui peuvent se présenter. Moltke l’ancien, chef du Grand état-major général prussien (1857-1888), l’a parfaitement résumé dans cette phrase célèbre : « aucun plan ne survit au contact avec l’ennemi ».
L’incertitude dans la guerre résulte de la combinaison de plusieurs facteurs, parmi lesquels le manque d’informations, la réception d’informations erronées et l’incapacité à assimiler une masse d’informations qui ne cesse de croître pour ensuite en tirer les bonnes conclusions et prendre les décisions qui mènent à la victoire. Avec la progression de la science, la mise en réseau de capteurs de plus en plus performants et nombreux ainsi que l’évolution technologique, notamment en matière de traitement des données, l’ensemble des éléments semble réuni pour demain lever les difficultés rencontrées aujourd’hui. Tout ne serait alors qu’une question d’accélération de la transmission des données disponibles et fiabilisées comme de leur traitement pour fournir des éléments d’analyse et des options afin de permettre aux chefs d’agir non plus en réaction mais par anticipation.
Le concept de Revolution in Military Affairs (RMA) fait valoir que la supériorité technologique est à l’origine de la domination sur le champ de bataille. Confortée par la victoire éclair des armées américaines sur l’armée irakienne pendant la première guerre du Golfe (1991) avec un nombre de pertes très limitées, cette théorie a conduit au développement du concept de « guerre réseau centrée » (Network Centric Warfare), qui met l’accent sur l’utilisation des systèmes d’information et des réseaux pour améliorer la prise de décision, la rapidité d’action et la précision des opérations militaires. Si la deuxième guerre du Golfe (2003-2011) a mis en exergue les avantages très nets que procure l’interconnexion des plateformes et des unités, elle a cependant aussi montré à l’époque les limites du concept dans les combats asymétriques de contre-insurrection en milieu urbain.
Pour autant, l’idée d’accélérer la boucle de prise de décision et la transmission des ordres pour agir plus vite et avec une plus grande précision n’a pas été abandonnée. Bien au contraire, elle a continué à évoluer pour intégrer aujourd’hui les différents milieux et les différents champs (2) de conflictualité. La démarche s’est traduite aux États-Unis, par le développement du Joint All Domain Command and Control (JADC2), et en France, par le concept de Réseau multi-capteurs et multi-effecteurs (RM2SE) en appui d’un C2 interarmées (C2IA) pour gagner la supériorité informationnelle et opérationnelle. Celles-ci résultent de la maîtrise du combat interarmées et interalliés à grande échelle, sur plusieurs fronts, de l’intégration des effets, cinétiques et non cinétiques, dans tous les milieux et dans tous les champs de conflictualité, et enfin, de la faculté à accélérer la prise de décision pour déborder l’adversaire. « La recherche de renseignement s’apparente désormais à une course toujours perdue contre le temps (3) » avec l’élargissement des espaces de manœuvre et l’accélération du tempo des opérations. Alors que la capacité à appréhender une quantité de données de plus en plus grande était jusqu’alors identifiée comme le facteur limitatif, conduisant le chef militaire à prendre des décisions nécessairement imparfaites, le développement rapide de l’IA et le traitement de données en masse semblent être sur le point de lever cette difficulté.
L’intelligence artificielle : une contribution à la réduction de l’incertitude
« Le saut technologique que représente l’IA est sans doute celui qui révolutionnera la manière de faire la guerre. Ou même, plus important encore, de l’éviter comme l’atome en son temps. »Sébastien Lecornu (4)
Les champs d’application de l’IA sont multiples. Toute donnée produite par un système peut être analysée et utilisée par l’IA dans un objectif bien particulier, qu’il s’agisse d’identifier des schémas, d’appliquer des réactions préplanifiées, de proposer des synthèses ou encore des modes d’action. Il existe ainsi, non pas une seule intelligence artificielle, mais une variété d’intelligences artificielles, adaptées spécifiquement aux résultats attendus. Les applications dans le domaine militaire sont nombreuses, sans pour autant être spécifiques. Le traitement de données de masse, l’identification de signaux faibles et la simulation s’appliquent au renseignement, à la cyberdéfense, à la maintenance, à la logistique ou encore au combat.
Au cours des vingt dernières années, l’emploi de drones à des fins de rensei-gnement n’a cessé d’augmenter. En 2017, pour répondre à la demande, l’US Air Force mettait en œuvre une permanence de quatre-vingt-dix drones d’observation dans le monde (5). Cette augmentation s’est non seulement accompagnée d’une amélioration continue des capteurs embarqués, mais aussi du développement spectaculaire du segment spatial civil et militaire, ce qui a conduit à une explosion des volumes de données à traiter. Face à l’impossibilité de traiter ces masses de données à l’aide de la seule ressource humaine à disposition, l’analyse d’images et de flux vidéo s’est imposée de manière naturelle comme l’un des premiers cas d’usage de l’IA. Non seulement bien plus rapide pour absorber les énormes quantités de données et y détecter les informations importantes, l’IA s’est révélée dans certains cas bien plus précise qu’un analyste.
Dans la cyberdéfense, l’IA sert à la sécurisation des systèmes, des réseaux et des données, et donc à la préservation du secret et des moyens de commandement des opérations. Elle participe directement à la détection de menaces et d’anomalies grâce à l’analyse en temps réel des flux qui circulent entre les centres de commandement et les unités déployées et est ainsi capable de prédire une cyberattaque. Face à un incident, elle adopte immédiatement les mesures qui s’imposent pour préserver le système et rétablir les services au plus tôt.
Parmi les contingences à la guerre, il y a la capacité des unités à remplir leur mission, qui résulte principalement de trois facteurs : la disponibilité du matériel, les quantités de consommables et l’état du personnel. L’apport de l’IA pour réduire l’incertitude sur la défaillance d’une unité au moment inopportun est incontestable. L’évaluation continue de l’usure des équipements selon une analyse systématique de l’ensemble des données de maintenance, d’heures de marche, de coups tirés, de vibrations, d’exposition aux éléments, le suivi en temps réel de la consommation des pièces de rechange, de munitions, de carburant, d’eau et de nourriture, la corrélation du temps passé au contact de l’ennemi, de l’intensité des combats et de l’état physique des militaires permettent d’anticiper les opérations de maintenance, les flux logistiques et les relèves à prévoir. L’IA est ainsi en mesure d’anticiper les reconfigurations et de proposer un emploi optimisé des unités au combat, des réserves, des unités en cours de régénération et d’organiser les rotations d’unités et les flux logistiques en conséquence. La part de l’aléa se trouve réduite à une portion congrue.
L’IA est enfin un démultiplicateur des modes d’action possibles dans le cadre du combat collaboratif au sein d’un RM2SE. Grâce à sa capacité à fusionner instantanément l’ensemble des données issues des capteurs d’un théâtre et à sa connaissance en temps réel de la position et de l’état de l’ensemble des effecteurs, l’IA est capable d’adapter les dispositifs de manière réactive afin d’assurer une parfaite défense des forces déployées dans une logique d’économie des moyens. Adossée à des capacités de calcul et de simulation, intégrant des données de source ouverte et des données d’environnement (6), l’IA peut proposer des modes d’actions offensifs qui répondent de manière pertinente aux critères qui lui auront été fixés en termes d’objectif à atteindre et d’économie des moyens.
De par sa capacité à largement augmenter la transparence du champ de bataille, à protéger les réseaux de commandement, à anticiper l’état opérationnel des forces et à les ré-agencer en conséquence et, enfin, à accélérer la boucle de décision, l’IA joue un rôle clé dans la réduction de l’incertitude.
Sans données ni partage, l’intelligence artificielle ne peut rien
Pour autant l’IA n’est qu’une brique dans l’environnement des technologies à maîtriser pour réduire, voire supprimer l’incertitude. En effet, au-delà de la capacité à analyser et interpréter les données, la transparence du champ de bataille repose sur la capacité à les collecter, les stocker et à les partager.
La capacité à collecter les données nécessite de disposer non seulement de capteurs performants, mais aussi de vecteurs en nombre pour les déployer. Dans le domaine des capteurs, les technologies ne cessent d’évoluer, aussi bien dans le monde civil que dans le monde militaire. Compte tenu d’une offre de plus en plus grande, la difficulté réside donc dans l’identification des capteurs pertinents selon des critères de fiabilité, de précision et de permanence. Le besoin peut varier de la connaissance générale d’une zone à la recherche et au suivi de cibles précises. Dans ce contexte, il s’agit de choisir entre capacités civiles, mises à disposition as a service par des sociétés privées, et capteurs militaires à détenir en propre pour disposer d’une autonomie d’appréciation de situation et d’action en toutes circonstances. Le développement des technologies quantiques (7) fait, à ce titre, l’objet d’une attention particulière pour l’avantage déterminant qu’elles apportent en termes de détection radar et de capacité de déchiffrement des communications. Dans le domaine des vecteurs, la place des drones, des satellites mais aussi du numérique est aujourd’hui prédominante. Si les drones aériens équipés de radars, de capacités de guerre électronique, de moyens optroniques mais aussi de bouées acoustiques dans le cadre de la lutte anti-sous-marine dominent par leur nombre, les drones de surface et sous-marins se développent rapidement. Bardées de capteurs, les unités militaires constituent également des vecteurs de premier plan, même si l’emploi de leurs capteurs utilisés à des fins d’ISR (Intelligence, Surveillance and Reconnaissance) aux temps de la compétition et de la contestation a vocation à servir à l’engagement ou à la protection dès la bascule dans l’affrontement.
Avec l’augmentation exponentielle du volume des données collectées qui va de pair avec l’amélioration de la performance des senseurs, le partage des données entre les différentes entités dans le cadre du combat collaboratif est un point critique. La doctrine du commandement et le niveau d’interopérabilité recherché doivent guider les choix en matière d’architecture. Se pose ainsi la question de la répartition des capacités de stockage, de calcul et des instances d’IA, du partage nécessaire d’informations brutes issues des capteurs ou traitées par les systèmes de combat et donc du dimensionnement des réseaux entre unités et vers les centres de commandement et des technologies associées. La reconnaissance des cibles grâce à une IA directement implantée dans les drones utilisés dans le cadre de la guerre en Ukraine est une illustration simple du problème complexe du partage de l’information. Cette fonctionnalité facilite le travail des équipes de mise en œuvre, accélère l’analyse des images, limite les latences et permet un engagement au plus tôt avec le moyen le plus adapté grâce à la transmission des coordonnées et du type de cible.
La réduction de l’incertitude passe ainsi par la maîtrise de l’IA, mais aussi par l’appropriation et le développement des technologies quantiques, des capteurs numériques, acoustiques, radars, électromagnétiques, infrarouges, optiques, multispectraux, sous les mers, en mer, à terre, dans les airs et dans l’Espace, et la maîtrise des techno-logies de communication haut débit, optiques, radiofréquences et spatiales.
Vers la création d’espaces de certitude
« À la guerre, beaucoup de renseignements sont contradictoires, davantage encore sont faux et la majorité sont incertains : les faits sont rarement connus et leurs motivations le sont encore moins. » Charles de Gaulle, Mémoires de guerre
Le colonel (USAF) John Boyd, père de l’OODA loop (Orient, Observe, Decide, Act), considérait que pour vaincre à la guerre, il faut être plus rapide que son adversaire dans sa capacité à adapter et faire évoluer son système. Grâce à une information de plus en plus complète et quasi permanente sur un théâtre, un maillage haut débit de partage des données, des capacités de calcul et des algorithmes d’IA de plus en plus performants, voire demain la création d’une connexion directe entre l’homme et l’IA, la technologie peut apporter une réponse à la parfaite connaissance des faits et des actions qui se déroulent dans un espace géographique et sur une période de temps limitée. Elle peut ainsi accélérer la boucle de prise de décision de manière à ponctuellement prendre le dessus et créer des espaces de certitude. Tout comme l’être humain, elle ne peut toutefois que faire des suppositions sur les motivations et le comportement de l’adversaire. En effet, au-delà de l’aspect technique des choses, la guerre est constituée d’interactions non linéaires entre de multiples acteurs étatiques et non étatiques. Elle évolue avec le temps et les avancées technologiques, avec les changements géopolitiques et les aspirations des sociétés. Considérée comme un système adaptatif complexe par le chercheur Samuel Solvit (8), elle fait émerger des comportements inattendus. Il ne faut en effet pas oublier que la guerre est avant toute chose « la lutte de deux volontés et de deux épées libres » selon le Maréchal Foch dans ses Principes de la guerre.
L’irréductible volonté de l’homme !
La guerre, un affrontement de deux volontés !
« La volonté est la condition de la réussite. Sans elle rien ne peut être accompli de grand, rien ne peut être réalisé de durable. » Général de Gaulle, Leçons de commandement (1932)
Volonté de vaincre, volonté de défendre ses intérêts, volonté de surmonter les obstacles et les difficultés, la volonté mobilise. Elle trouve les ressources nécessaires pour mener la guerre. Elle mobilise les forces face à l’adversité. Elle libère les énergies créatrices, qui font la différence et permettent de prendre l’ascendant sur l’ennemi. C’est la volonté qui détermine l’issue de la guerre car elle permet de maintenir l’effort jusqu’à la victoire finale.
Face à une menace existentielle, le cas de l’Ukraine est intéressant à étudier. La résistance opposée par les forces ukrainiennes lors de l’attaque russe du 24 février 2022 a été une réelle surprise. Les succès de l’Ukraine, même s’ils ont sans doute été facilités par l’état d’impréparation russe, sont le résultat de la volonté de son Président, de ses forces armées et de sa population. Ils ont été essentiels pour stabiliser une situation considérée comme perdue d’avance et donner aux pays occidentaux le temps de s’organiser et d’apporter un soutien initial. Pour autant, la volonté de gagner cette guerre est intacte dans les deux camps. La Russie a relancé des chaînes de production et alimenté le front de manière continue en personnel, matériel et munitions. L’Ukraine, après avoir bénéficié de cessions importantes de matériel occidental, pallie son manque de ressources en personnel, en matériel et en munitions par la créativité, notamment dans l’emploi de drones aériens sur la ligne de front et navals en mer Noire.
Cette volonté qui fait gagner les guerres est celle qui à la fois mobilise et crée. Elle mobilise des ressources et des hommes. Elle crée la stratégie, les alliances, l’innovation technologique et tactique, le narratif et l’ambiguïté. « Les grands hommes de guerre ont toujours eu conscience du rôle et de la valeur de l’instinct (9). » Cet instinct, les intuitions, la création, difficilement appréhendables, sont ainsi au cœur de la guerre. L’ambiguïté, la surprise et la génération de l’incertitude y sont volontaires.
L’homme créateur d’incertitude - clé de la réussite
« Le général qui sait multiplier les incertitudes pour l’ennemi, et les simplifier pour lui-même, est sûr de vaincre. »Antoine Henri de Jomini, Précis de l’art de la guerre (1836)
Le chef politique et militaire cherche à la fois à créer de l’incertitude pour son adversaire, à influencer l’ennemi pour pouvoir mieux le contenir ou le défaire et à la réduire pour lui-même, à acquérir des certitudes pour que son action lui apporte le plus de gains possibles.
La multiplication des incertitudes passe ainsi par la capacité à masquer ses intentions pour surprendre, à semer le doute, à créer de l’ambiguïté. Dans sa théorie sur la stratégie indirecte, l’historien britannique Basil Henry Liddell Hart estime qu’il faut « surprendre l’ennemi en agissant là où il ne s’y attend pas » (Strategy, 1954). Selon le samouraï légendaire et stratège japonais Miyamoto Musashi (10), la ruse peut être utilisée comme moyen pour dissimuler ses intentions et créer des opportunités, pour désorienter l’ennemi et le faire douter de ses propres capacités et enfin, pour le contrôler et l’amener à agir de manière prévisible. Influencer l’ennemi, c’est prendre l’ascendant psychologique par des succès tactiques inattendus, par une posture trompeuse qui dissimule les forces et les faiblesses, par la dislocation des alliances, par l’instillation du doute sur la nature, le lieu ou encore la date des actions à venir, sur les ressources et les capacités à disposition, sur les points d’application de la stratégie. Bref, c’est pousser l’ennemi à la faute pour prendre l’ascendant physique. Influencer l’ennemi, c’est donc le connaître aussi parfaitement que possible pour attaquer ses points faibles et se concentrer sur les actions dont l’impact sera déterminant.
Au moment de la campagne de Russie en 1812, le général russe Mikhaïl Koutouzov avait une connaissance approfondie de Napoléon Bonaparte et de sa stratégie. Il avait déjà combattu les armées françaises en 1805, avait étudié les campagnes militaires de Napoléon en détail, connaissait sa préférence pour les campagnes rapides et décisives, sa manœuvre de prédilection sur les arrières pour couper les lignes d’approvisionnement et attaquer à revers. Koutouzov a ainsi misé sur le harcèlement constant des troupes françaises, évitant soigneusement les batailles décisives. Il a privé son adversaire de ressources et de ravitaillement pour finalement l’épuiser et le démoraliser. Soutenu par le « général Hiver », il a su tirer avantage de la connaissance du terrain et de ses forces, et de la connaissance qu’il avait de la stratégie et de la psychologie de Napoléon.
Enfin, l’ambiguïté, adossée à la crédibilité, est au cœur du principe de dissuasion. Le théoricien militaire et stratège américain Bernard Brodie, pionnier des théories sur la dissuasion nucléaire, soulignait ainsi que « la dissuasion repose sur la création d’une incertitude dans l’esprit de l’ennemi quant à la réponse qu’il recevra s’il entreprend une action agressive » (11). L’économiste et conseiller américain en matière de politique de défense Thomas Schelling précisait que « la menace ne peut être crédible que si elle est incertaine » (12). Dans le cadre de la doctrine française, l’absence d’une définition claire des intérêts vitaux de la Nation est fondamentale pour que les potentiels agresseurs restent dans le doute permanent sur la ligne rouge à ne pas franchir. « La dimension authentiquement européenne » de nos forces nucléaires et des intérêts vitaux de la France, a été soulignée par le président de la République (13). Cette déclaration a vocation à compliquer un peu plus le calcul de tout agresseur potentiel d’un pays européen.
Mais aussi l’homme en quête de certitudes – acteur de la faillite
« Le général qui veut faire la guerre avec succès doit se garder de tout préjugé et de toute opinion préconçue. » Clausewitz, De la guerre (1832)
Au-delà de la connaissance de l’ennemi et de la logique inhérente à la guerre de vouloir sciemment surprendre l’ennemi par la dissimulation, l’accélération ou la combinaison des deux, se pose également la question de la rationalité du décideur et des biais auxquels il peut être soumis.
Le concept de « rationalité limitée » du sociologue Raymond Boudon considère qu’à la capacité de décision rationnelle s’opposent à la fois des limites cognitives, une capacité de traitement de l’information limitée, un environnement social avec ses normes et ses valeurs qui influence la prise de décision, le tout pouvant être accentué par des informations orientées ou parcellaires, un temps limité et des ressources comptées pour exploiter ces mêmes informations. Les individus ont ainsi tendance à s’orienter vers les options qui leur semblent les plus simples, en sélectionnant les informations qui confirment leur intuition, parfois à l’imitation de personnes qu’ils estiment plus compétentes, plus expérimentées ou mieux renseignées. « Les gens ont tendance à surestimer leur capacité à comprendre et à prédire le monde qui les entoure. (14) » Avec la théorie sur l’aversion au risque, le psychologue et économiste Daniel Kahneman va au-delà de la théorie de Raymond Boudon et affirme que l’être humain préfère éviter des pertes que d’obtenir des gains. Cela le pousse à la prudence en position favorable, mais aussi à prendre des risques inconsidérés et à « jouer le tout pour le tout » lorsque les pertes s’accumulent.
Les exemples d’échecs militaires suite à des décisions liées à des biais sont nombreux. À la bataille de Little Bighorn (1876), le général américain George Custer a ainsi sous-estimé la taille et la force de la coalition amérindienne qu’il affrontait, alors qu’il disposait pourtant des informations nécessaires, fournies par ses éclaireurs (15). Lors de la bataille de Gallipoli (1915), Winston Churchill alors Premier Lord de l’Amirauté a pour sa part sous-estimé la difficulté de la tâche et surtout surestimé les capacités des forces britanniques (16). Enfin à Stalingrad (1942-1943), alors que la situation était désespérée, Hitler a ordonné aux forces de tenir leur position, décision analysée à la fois comme un biais d’ancrage – c’est lui qui avait personnellement ordonné l’offensive (17) – et comme une suite de l’aversion au risque.
Quelles conclusions pour la conduite de la guerre ?
« La guerre est un affrontement de volontés antagonistes à la poursuite d’objectifs politiques. La dimension humaine constitue donc irréductiblement sa caractéristique majeure : aucun perfectionnement technologique, si avancé, soit-il ne saurait à l’avenir estomper cette vérité. »Général Vincent Desportes, Décider dans l’incertitude (2007)
Avec le développement exponentiel de la technologie et la dronisation déjà très large de la guerre d’aujourd’hui, ce seront, dans un avenir proche, les intelligences artificielles qui s’affronteront dans tous les milieux et les champs, par robots et machines interposées, avec la question sous-jacente : dans quelle mesure la dimension humaine constituera-t-elle toujours sa caractéristique majeure ?
Le recours à la technologie réduira considérablement l’incertitude grâce à la connaissance accrue de l’ennemi, la connaissance précise et permanente de l’état de ses propres capacités, la proposition de stratégies et de modes d’action robustes à toutes les actions de l’ennemi déterminées grâce à la simulation et la suppression des biais susceptibles d’affecter des décideurs. Des exemples récents illustrent en effet la volonté de remplacer l’homme par la machine dans la chaîne de décision. Il faut éliminer les biais, dont l’instinct de survie et l’éthique, qui brident inutilement l’action. Le programme Air Combat Evolution (ACE) de l’Agence [américaine] pour les projets de recherche avancée de défense (DARPA) lancé en 2019 a démontré en mode simulation qu’une IA était capable de vaincre un pilote de chasse à tous les coups en dog fight (combat rapproché au canon). Cette dernière se montre en effet très agressive, s’autorise des tactiques peu utilisées par les pilotes comme l’attaque de face à cause de la technicité requise et du risque encouru et est particulièrement précise dans les tirs réalisés. La DARPA indique toutefois que l’IA ne vise pas à remplacer l’homme, mais bien à collaborer avec des pilotes humains (18). De même, la ministre des Armées d’alors, Florence Parly, déclarait en 2019 : « l’IA n’est pas un objectif en soi : elle doit contribuer à une prise de décision plus éclairée et plus rapide au profit de nos soldats (19). » Pour autant, une IA plus performante que l’être humain ne devrait-elle pas par lui être naturellement privilégiée dans certains cas ?
C’est déjà ce qui se passe aujourd’hui en Israël avec Gospel et Lavender, pour établir les dossiers d’objectif et identifier les membres du Hamas. Avec la constitution de plus de 100 dossiers d’objectif par jour, contre 50 par an par le passé, et la désignation de 37 000 cibles humaines et des centaines de bombardements quotidiens de ces cibles, certains officiers israéliens s’interrogent sur l’emballement du système ainsi que sur la légalité et la moralité des opérations que conduit l’armée israélienne après l’attaque du 7 octobre 2023. Pour eux, certains responsables fascinés par les capacités qu’offre la machine se sont lancés dans une fuite en avant sans se poser de questions sur les conséquences et sur l’après (20).
Le risque d’un outil aussi performant que l’IA est qu’il fasse perdre tous leurs repères aux décideurs – ceux du droit et des coutumes internationales, ceux de la morale et de l’éthique –, mais aussi tout simplement le fait que même si elle nous semble infaillible, l’IA peut se tromper, pour des raisons de maturité insuffisante, parce qu’elle a été polluée ou encore parce qu’elle non plus ne dispose pas des informations nécessaires, ce qui la conduit à faire ses propres extrapolations.
Le chef politique et militaire doit ainsi à la fois conserver le recul nécessaire pour pouvoir porter un regard lucide sur les domaines dans lesquels l’IA peut venir en complément de l’être humain, voire le remplacer, et garder un esprit critique face à l’information proposée pour ne pas tomber ni dans le piège de la crédulité numérique, à savoir considérer comme exact tout ce qui apparaît sur un écran, ni dans le piège de la connaissance, à savoir être persuadé que la connaissance de l’ennemi est pleine et entière.
Résilience et esprit critique pour éviter les pièges de la crédulité numérique et de la connaissance
« Croire que l’on est en possession d’un moyen d’éviter les surprises des circonstances, c’est seulement procurer à l’esprit l’illusion de pouvoir négliger le mystère de l’inconnu. » Charles de Gaulle, Mémoires de guerre
Celui qui croit aveuglément ce qui est affiché sur un écran court à sa perte. Qu’il s’agisse d’informations des médias, de sites Internet et des réseaux sociaux, de prédictions météo, d’un système de navigation ou de combat, elles doivent être intégrées avec précaution.
La guerre de l’information pour discréditer l’action des gouvernements et autorités des pays démocratiques s’est renforcée au cours de la dernière décennie, sur la Toile, mais aussi par l’intermédiaire de la presse, qui se fait parfois le relais d’informations fausses avant qu’elles ne soient invalidées par les organismes de fact checking. Cette guerre de manipulation est insidieuse. L’importance de son impact sur les opinions ne doit pas être négligée et nécessite de renforcer la résilience de nos populations au regard de la pyramide des acteurs de Clausewitz : la guerre ne se gagne qu’avec l’alignement des volontés politique, militaire et populaire. Dans le domaine de la météo, la soudaineté d’épisodes de plus en plus violents suite à un réchauffement global, notamment des océans, met à mal les modèles affinés au cours des dernières décennies et redevient un facteur d’incertitude important. Enfin, concernant les systèmes de combat et de navigation, leur sensibilité au leurrage et brouillage nécessite un esprit critique de tous les instants. L’efficacité de l’action militaire repose sur la capacité à les détecter et à en annuler l’impact sur les opérations en cours.
Tel le marin qui navigue les yeux rivés sur sa carte électronique sans regarder à l’extérieur, celui qui ne prend pas le temps nécessaire de la corrélation des informations sur lesquelles il fonde sa décision, risque de s’échouer sur le récif qui apparaît devant lui. L’étude de l’histoire et de cas concrets permet d’aiguiser son jugement, d’affiner son sens critique, d’imaginer des solutions pour augmenter la résilience d’une unité, d’une armée, d’un peuple. Il faut toutefois se méfier des conclusions tirées d’un évènement passé qui, par nature, est un système fermé dont toutes les données et dimensions sont connues. « L’action ne vaut qu’en vertu des contingences qui ne se retrouveront jamais ! » (21) Dans le présent, les évènements en cours de construction sont des systèmes ouverts dont le nombre et la nature des variables ne sont pas fixés à l’avance. La capacité pour le décideur de les saisir intellectuellement dans leur ensemble dépend aussi de ce que Clausewitz appelle le « coup d’œil » qui repose à la fois sur son expérience, ses convictions et son esprit critique.
Doctrine et subsidiarité pour saisir les occasions
« Une situation favorable ne serait jamais exploitée si les chefs attendaient les ordres. Porter le combat de manière agressive contre l’ennemi – l’omission et l’inactivité sont pires qu’une erreur dans le choix des moyens. »Helmuth von Moltke, De la stratégie (1861)
Selon le général Guy Hubin, la numérisation du champ de bataille comporte des risques, notamment de remise en cause de l’autonomie et de la responsabilité des acteurs sur le terrain (22). Selon l’écrasement de la chaîne de commandement, le niveau tactique, soumis à une pression ou à une influence excessive des niveaux supérieurs est susceptible de perdre tout sens d’initiative. Les apports et les limites de la numérisation doivent alimenter la transformation des modes de pensée et de décision et préserver la place de l’humain, de l’intuition et de la créativité face à l’incertitude et à la complexité.
Selon le général de Colin, qui a commandé la 2e Armée de la Loire et combattu les forces prussiennes en 1870-1871 dans le centre de la France, « l’armée qui nous a vaincus en 1870 était l’œuvre du prince roi et empereur Guillaume. Pendant un demi-siècle il s’était attaché à la former, à lui imposer le culte de l’initiative et de l’action (23). » Le principe de subsidiarité était ainsi solidement ancré dans la doctrine de Moltke l’ancien, qui reposait sur la décentralisation du commandement, la mobilité, la flexibilité, la concentration des forces, l’initiative et la prise de risques. Selon le Maréchal prussien, l’imprégnation de la doctrine prépare de manière inconsciente l’initiative instantanée, préservatrice de la cohérence et de la cohésion globale. La culture tactique commune crée une communauté de pensée qui permet de compenser une absence de connaissance mutuelle due à la dispersion d’unités nombreuses. La doctrine ne doit ainsi pas être considérée ni conceptualisée comme un frein : elle doit, au contraire, inspirer plus que prescrire, favoriser la créativité plutôt que de la brider.
S’il est certain que le concept de RM2SE couplé à un C2IA efficace contribuera à la supériorité opérationnelle, nos forces doivent être en mesure de poursuivre le combat avec détermination et efficacité au moment où les réseaux de communication s’effondreront, voire où certaines instances d’IA auront été neutralisées. Cela passe par une philosophie du commandement qui doit être la même, quels que soient les apports technologiques. Selon Charles de Gaulle, « la seule voie qui conduise à l’esprit d’entreprise, c’est la décentralisation. Fixer le but à atteindre, exciter l’émulation, juger des résultats, c’est à quoi devra se tenir l’autorité supérieure. Mais quant à la manière de faire, que chacun soit maître à son bord (24). »
Polyvalence pour appréhender la multiplicité des situations
La polyvalence, c’est la capacité d’un homme, d’un équipement, d’une unité ou encore d’une force d’affronter des situations très diverses et de s’adapter en fonction des circonstances, toujours selon un critère d’efficacité maximale, mais aussi de résilience. L’US Marine Corps est probablement l’un des meilleurs exemples de la polyvalence en plus bas niveau. Le concept du « three block war » du général Charles C. Krulak explique qu’une unité de Marines doit être capable de passer de la guerre conventionnelle, à une opération de maintien de la paix et à une opération d’assistance humanitaire au cours d’une même patrouille sur trois pâtés de maisons (25). Cette polyvalence repose sur un système et des qualités de commandement, au cœur desquelles se trouvent le principe de subsidiarité et la prise d’initiative, mais aussi sur la formation des militaires au maniement et à l’emploi de plusieurs systèmes d’armes, et enfin, sur des capacités complémentaires, conjuguées selon les besoins du terrain (26).
La polyvalence, c’est aussi la capacité des chefs, de par leur parcours et leurs études, à appréhender des sujets de nature très différente, multidisciplinaires, de manière globale, à en mesurer l’importance et l’impact et à les intégrer dans leurs calculs et dans leur vision d’ensemble pour prendre les décisions les plus appropriées.
Et surtout…
« L’incertitude n’est pas à craindre, mais à comprendre et à intégrer. »Marc Aurèle, Pensées pour moi-même (IIe siècle après J.-C.)
Cette phrase résume parfaitement l’enjeu pour les chefs politiques et militaires. Comprendre l’incertitude, c’est comprendre d’où elle provient et comprendre aussi qu’à la guerre, elle est à la fois le résultat de contingences et d’actions volontaires de l’ennemi, elles-mêmes également soumises aux contingences. L’intégrer, c’est chercher à la réduire au maximum pour soi et à la démultiplier pour l’adversaire. Les avancées technologiques actuelles rendent possible la création d’espaces de certitudes, bornés dans le temps et limités à une zone géographique. Un peu à l’image de la no escape zone d’un missile, elles offrent la possibilité de neutraliser localement l’ennemi sans lui laisser la possibilité d’y échapper. Cultiver l’esprit critique, la subsidiarité et la poly-valence continuera à offrir une capacité de réaction face à l’incertitude, même à l’ère de l’IA.
(1) McFate Sean, The New Rules of War: How America Can Win—Against Russia, China, and Other Threats, William Morrow Paperbacks, 2020, 336 pages. Professeur de War Studies à la National Defense University, l’auteur était officier dans la 82e aéroportée et a servi sous les commandements des généraux Stanley McChrystal et David Petraeus.
(2) Le concept M2MC (multimilieux/multichamps) intègre les champs informationnel et électromagnétique.
(3) Desportes Vincent, Décider dans l’incertitude, Économica, 2004, 200 pages.
(4) Lecornu Sébastien, « Déclaration du ministre des Armées, sur l’École Polytechnique et l’IA », Palaiseau, 8 mars 2024 (https://www.vie-publique.fr/discours/293389-sebastien-lecornu-08032024-intelligence-artificielle).
(5) Pomerleau Mark, « Air Force RPA ‘get well’ plan on track », C4ISRNET, 6 juin 2017 (https://www.c4isrnet.com/).
(6) Terrain, météorologie, éphémérides.
(7) France (de) Olivier, « Le contrôle quantique : catalyseur d’intelligibilité dans un univers stratégique en mutation », Cahier de la RDN « Idées de la guerre et guerre des idées - Regards du CHEM », 2022, p. 77-92 (https://www.defnat.com/e-RDN/vue-article-cahier.php?carticle=484&cidcahier=1291).
(8) Solvit Samuel, Dimensions of War: Understanding War as a Complex Adaptive System, Diplomacy and Strategy, L’Harmattan, 2010. L’auteur est chercheur associé au Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS) à Washington, DC.
(9) Gaulle (de) Charles, Mémoires de guerre, Tome 1, « L’appel, 1940-1942 », 1954.
(10) Musashi Miyamoto, Le livre des cinq anneaux (1645).
(11) Brodie Bernard, Strategy in the Missile Age, RAND Corporation, 1959, 423 pages (https://www.rand.org/).
(12) Schelling Thomas, Arms and Influence, Yale University Press, 1966, 303 pages.
(13) Macron Emmanuel, « Discours du président de la République sur la stratégie de défense et de dissuasion devant les stagiaires de la 27e promotion de l’École de Guerre », 7 février 2020 (https://www.elysee.fr/).
(14) Kahnemann Daniel, Thinking Fast and Slow, Penguin, 2012, 624 pages.
(15) Philbrick Nathaniel, The Last Stand: Custer, Sitting Bull, and the Battle of Little Bighorn, Vintage, 2010, 544 pages.
(16) Strachan Hew, The First World War: Volume 1: To Arms, Oxford University Press, 2001.
(17) Beevor Antony, Stalingrad: The Fateful Siege: 1942-1943, Penguin, 1999, 493 pages.
(18) Hefron Ryan, « Air Combat Evolution (ACE) » (https://www.darpa.mil/program/air-combat-evolution).
(19) Parly Florence, « Déclaration de la ministre des Armées sur l’intelligence artificielle et la défense », Saclay, 5 avril 2019 (https://www.vie-publique.fr/discours/271295-florence-parly-5042019-intelligence-artificielle-et-defense).
(20) Abraham Yuval, « ‘Lavender’: The AI machine directing Israel’s bombing spree in Gaza », +972 Magazine, 3 avril 2024 (https://www.972mag.com/lavender-ai-israeli-army-gaza/).
(21) Gaulle (de) Charles, Le fil de l’épée, Éditions Plon, 1999, 824 pages.
(22) Hubin Guy, « Quelle place pour les forces spéciales dans la guerre contemporaine ? », DSI Hors-série n° 53, 2017.
(23) Colin (comte de), Les campagnes de la deuxième armée de la Loire (novembre 1870–janvier 1871), 1897, 662 pages.
(24) Gaulle (de) Charles, Vers l’armée de métier, Éditions Berger-Levrault, 1944, 150 pages.
(25) Krulak Charles C., « The Strategic Corporal: Leadership in the Three Block War », Marines Magazine, janvier 1999, p. 14-17 (https://www.mca-marines.org/).
(26) Murray Williamson et Scales Robert, The Irak War, Harvard University Press, 2005, 320 pages.