Tsahal est un objet de fascination constante depuis les années 1950. Clef de voûte de la création d’Israël qui lui doit son existence, dotée d’un esprit combatif et forte de succès qui ont suscité à la fois admiration et réprobation, elle tient une place particulière dans la démocratie israélienne. Dans ses rangs, parmi les conscrits, les réservistes, les militaires d’active, les généraux israéliens ont souvent donné l’impression d’avoir un rôle excessif dans la vie de la Cité. Cet article propose d’explorer la question de la singularité et de la complexité des relations entre l’armée et le pouvoir civil en Israël. Quelle place l’outil militaire tient-il dans un pays en « danger de paix » (selon la formule du journaliste Marc Hillel) naviguant entre les impératifs de défense et de préservation des principes démocratiques.
Israël : Sparte et Athènes ? Rapport entre maintien des principes démocratiques et militarisation de la société
« La force armée n’est pas un pouvoir constitutionnel mais un pouvoir terrible par le fait. »
Benjamin Constant, Principes de politique, 1815, chapitre XIV.
Comme la Prusse, Israël a longtemps eu la réputation d’être une armée qui disposait d’un État (1) plutôt que l’inverse en raison de l’omniprésence des militaires dans les sphères du pouvoir. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : depuis 1948 (2), huit ministres de la Défense ont occupé les fonctions de Chef d’état-major des armées (Céma) et seize Premiers ministres ont été à un moment dans leur carrière ministre de la Défense (3), un officier général a même été Président d’Israël (4). Cette imbrication des univers politique et militaire est inédite pour une démocratie occidentale – et à cet égard très différente de la pratique française moderne.
Cette situation s’explique en Israël par l’état de guerre quasi permanent avec ses voisins immédiats depuis sa création. En seulement 75 années d’existence, l’État hébreu a déjà connu sept guerres, quatre séries d’opérations militaires et deux périodes de crises insurrectionnelles majeures (5) – les Intifadas – qui font de l’institution militaire la garante de la sécurité nationale et donc de l’existence même de la société israélienne. Cette réalité pose une question fondamentale sur la nature de la démocratie en situation de conflit prolongé : comment une nation en guerre continuelle parvient-elle à préserver les principes démocratiques face à la militarisation imposée par le contexte géopolitique ; Israël a-t-il les visages de Sparte et Athènes ?
Cette question interroge sur la manière dont Israël, en tant que démocratie relève ces défis sécuritaires, affronte le risque de « prétorianisation » du pouvoir, sans perdre son essence démocratique. Elle explore l’équilibre fragile entre les impératifs de sécurité et la sauvegarde des libertés civiles et individuelles, le rôle de l’armée dans la vie politique et civile du pays. Il apparaît qu’Israël parvient à maintenir ses principes démocratiques, malgré une militarisation profonde et témoigne ainsi de la résilience de sa structure sociale et politique.
Afin d’apporter des pistes de réflexion pour répondre à cette question complexe, il est d’abord nécessaire de poser le décor et observer les fondements historiques de la militarisation en Israël, de sa création à nos jours, pour comprendre comment la conflictualité a influencé ses politiques de défense. Une analyse des relations politico-militaires et de la gouvernance démocratique mettra en lumière la place et l’influence des militaires, les tensions entre les sphères militaire et civile en évoquant les mécanismes de protection et de sauvegarde des principes démocratiques. Enfin, nous évaluerons l’impact des pressions exercées par l’état de guerre sur la société civile et les explications apportées par les institutions démocratiques pour répondre aux défis posés à Israël par la nécessité de se défendre continuellement.
Fondements historiques de la militarisation en Israël
« Israël n’a pas de politique extérieure mais une politique intérieure visant à assurer sa sécurité. »Henry Kissinger
La naissance d’Israël et les origines de la militarisation
La naissance de l’État d’Israël en 1948 représente un moment charnière dans l’histoire du Moyen-Orient, marqué par la création d’un foyer national pour le peuple juif, mais également par le début d’un conflit prolongé avec ses voisins arabes. Le tout jeune État hébreu doit faire face à l’immédiateté des défis sécuritaires et la nécessité de mettre en place un outil militaire performant, il y va de sa survie. Tsahal, abréviation de Tsva Haganah Le’Israel (forces de défense d’Israël), est créée officiellement le 28 mai 1948 par David Ben Gourion, Premier ministre d’Israël, qui publie sa quatrième ordonnance (6) afin de structurer et sortir de la clandestinité l’ensemble des mouvements de résistance qui ont lutté contre l’occupant britannique et les oppositions arabes.
À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, la création de Tsahal a permis l’unification de diverses forces militaires juives présentes avant la fondation de l’État, notamment la Haganah (défense), créée en juin 1920, le principal groupe armé juif durant le mandat britannique qui avait pour mission de protéger les communautés juives installées en Palestine. La Haganah, avec ses branches spécialisées telles que la Palmach (7) et l’Irgoun (8), voire des branches dissidentes comme le Lehi (9), étaient au cœur de la conduite des opérations de défense avant et pendant la guerre d’indépendance de 1948-1949.
Tsahal compte, au moment de sa création, trente mille hommes et femmes dans ses rangs (10). David Ben Gourion, à la tête de l’agence juive avant 1948, mettra toute son énergie pour réunir ces différentes milices combattantes dont l’intégration au sein d’une même entité est cruciale pour affronter les troupes arabes. C’est pourquoi il assume dès 1948 les rôles de Premier ministre et de ministre de la Défense. Ce dernier devient dès lors le deuxième personnage le plus important du cabinet (11) et d’Israël jusqu’à nos jours parce qu’il est notamment à la tête de l’administration la plus puissante (12) de l’État.
Dès l’origine, le rôle des réservistes et la place de la conscription prennent une importance capitale. Israël adopte le modèle de conscription universelle en 1949 intégrant rapidement dans ses rangs les hommes pour 36 mois et les femmes pour 20 mois. Cette masse a constitué une réserve stratégique essentielle, permettant à l’État de maintenir une armée de taille considérable prête à être déployée à tout moment. Ce modèle d’armée a eu d’emblée des répercussions profondes sur l’identité nationale. La conscription et le service de réserve ont favorisé un sentiment d’unité et de responsabilité partagée parmi les citoyens. Ces pratiques ont par ailleurs contribué à la socialisation et à l’intégration des différentes vagues d’immigrants, jouant un rôle crucial dans le tissage du tissu social d’Israël.
Les conflits majeurs et leur impact sur la société israélienne
L’histoire d’Israël est une très longue succession de guerres, crises et opérations qui ont profondément influencé la politique et la stratégie de sécurité nationale du pays mais aussi la psyché collective de sa société. Trois périodes de confrontation majeures – la guerre des Six Jours, celle du Kippour et les Intifadas – offrent des exemples significatifs de l’évolution de la perception de Tsahal par la société et le pouvoir politique.
La guerre des Six Jours (juin 1967), souvent perçue comme un triomphe stratégique pour Israël, étend considérablement le territoire sous son contrôle. Ce succès militaire renforce le sentiment de toute-puissance, voire d’arrogance ou d’aveuglement au sein de la société israélienne. Après la victoire, le ministre de la Défense Moshe Dayan ne prévoit ainsi aucune guerre avant dix ans (13) !
La guerre du Kippour (1973) marque un tournant. L’attaque surprise des armées égyptienne et syrienne inflige un choc sévère à la société israélienne, ébranlant profondément sa confiance dans la suprématie militaire du pays. Certains évoquent une rupture de confiance (14) (breaking the bond). Les lacunes dans le renseignement et la préparation militaire instillent un doute persistant. La perception d’une menace existentielle est prégnante au sein de la population et renforce la militarisation de la société.
Les Intifadas, qui sont des soulèvements palestiniens contre l’occupation israélienne, représentent un défi de nature différente en raison de leur caractère insurrectionnel. Ces crises mettent en lumière les limites de la réponse militaire face à des actions asymétriques et exacerbent les divisions sur la question israélo-palestinienne. Les images de confrontations entre soldats et civils ont également un impact significatif sur la perception internationale d’Israël dont l’image s’est déjà considérablement dégradée après l’implication de Tsahal dans les massacres de Sabra et Chatila en septembre 1982 (15).
Les relations politico-militaires et la gouvernance démocratique
« En Israël, le pouvoir est devenu le premier vecteur du militarisme et le poids du militarisme n’a cessé de croître pour influencer les modes de pensée de la société civile. »Sand Shlomo, Comment la terre d’Israël fut inventée (2012).
Le rôle et l’influence de l’armée dans la politique israélienne
Face à un contexte fragile, qu’en est-il des relations politico-militaires ? David Ben Gourion en 1948 a veillé, malgré l’absence de Constitution en Israël, à ce que la Loi fondamentale (16) soumette le Céma (17) et son état-major à l’autorité du gouvernement et du ministre de la Défense (18) (même si Israël est le seul pays démocratique où le Céma assiste à toutes les réunions du gouvernement (19) !). Si le Premier ministre n’est pas mentionné, ce dernier est de facto l’arbitre ultime pour ce qui touche aux questions de défense. Ces équilibres sont demeurés fragiles en raison de la conflictualité permanente ; les tentatives de réforme visant à une clarification des rôles entre les trois personnages (20) n’ont pas été souvent suivies d’effet. C’est le cas en 1976, lorsque la Knesset vote la loi sur la création du Conseil de sécurité nationale israélien (CSNI) (21). Cette loi est timidement appliquée, chacun cherchant à préserver son périmètre, à entretenir l’ambiguïté sur ses prérogatives réelles et Tsahal étant accusée de faire de la rétention d’informations. Une nouvelle tentative capote en 1999 sous l’impulsion du Premier ministre Benjamin Netanyahu car Tsahal cherche à marginaliser cette instance qui lui fait concurrence sur l’élaboration des options stratégiques pour le niveau politique.
Les généraux disposent néanmoins d’une grande capacité d’influence en raison de la popularité exceptionnelle de Tsahal (22) et il faut noter qu’aucun Céma n’a jamais été démis de ses fonctions en 75 ans d’histoire, malgré les nombreux différends avec le niveau politique. Les généraux usent par ailleurs d’une très grande liberté de parole dans le débat public au point de faire de Tsahal une « grande bavarde, occasionnellement contestataire (23) ». Les généraux donnent régulièrement leur avis sur les décisions d’ordre politique, quitte à sortir de leur zone de compétences : en février 2006 par exemple, le général Naveh (24) commandant le secteur centre émet des doutes publics quant à la survie politique du Roi de Jordanie mettant ainsi en déséquilibre la diplomatie israélienne. Il ne sera même pas réprimandé ! Plus récemment, et probablement plus grave, le général de brigade Dan Goldfus, impliqué dans les combats à Gaza, a appelé le gouvernement de Tel-Aviv à se montrer « à la hauteur » des soldats combattant à Gaza, propos lui ayant valu une convocation par le haut commandement militaire (25) début 2024.
La porosité entre sphère politique et militaire s’explique aussi par la limite d’âge et des services relativement jeune des militaires israéliens (50 à 52 ans) à l’issue de laquelle ils peuvent rentrer en politique (en respectant deux années de « sas » (26)). Nombreux sont donc les généraux israéliens qui se sont lancés dans des carrières institutionnelles, apportant une expertise en matière de sécurité et une aura considérable. Parmi eux, Yitzhak Rabin, Ariel Sharon et Ehud Barak sont des exemples emblématiques. Rabin, ayant servi comme Céma pendant la guerre des Six Jours, a été Premier ministre à deux reprises, jouant un rôle clé dans les accords d’Oslo en 1993. Sharon, général controversé mais auréolé de ses succès, a occupé le poste de Premier ministre sans oublier Ehud Barak, le plus décoré des soldats israéliens qui a également servi comme Premier ministre et ministre de la Défense. En 2024, il faut noter que le contexte a sensiblement évolué puisque les grandes guerres fondatrices d’Israël et leur « héros bibliques » comme Menahem Begin aimait à les appeler, sont désormais loin. Les généraux qui évoluent actuellement dans le jeu politique ont au mieux participé à des opérations ; c’est le cas de Benny Gantz, ministre de la Défense de mai 2020 à décembre 2022 après avoir été Céma de 2011 à 2015, lors de l’opération Bordure protectrice à Gaza qui a duré 21 jours en 2014.
La tension entre sécurité nationale et principes démocratiques
En l’absence de « pôle de pouvoir civil » comme un Conseil de sécurité nationale comparable à ce qui existe aux États-Unis ou en France, Tsahal est en position de monopole sur l’élaboration des options stratégiques qu’elle peut présenter au niveau politique. Il n’y a pas d’équivalent du Conseil de défense et de sécurité nationale (CDSN) où siègent les personnalités politiques et militaires au plus haut niveau. Cette fragilité a été la source de tensions continuelles.
L’exemple emblématique est la crise politique à la veille de la guerre des Six Jours en 1967 qu’on qualifie de « putsch (27) », lorsque les généraux Rabin (Céma), Sharon et Weizman reprochent au Premier ministre Eshkol sa timidité et ses atermoiements alors que les tensions géopolitiques sont maximales et qu’il assure aussi, facteur aggravant, la charge de ministre de la Défense. Le Premier ministre, bien que maintenu en place, plie devant la pression des militaires et nomme le général Moshe Dayan ministre de la Défense. La guerre commence quelques jours après.
Cette crise a sans nul doute été la plus grave qu’Israël a connu. D’autres exemples d’insubordination ou de tensions fortes émaillent l’histoire récente. Ainsi, dans les années 2000, lors du déclenchement de la 2nde Intifada, le Premier ministre Ehud Barak doit gérer l’échec de la conférence de Camp David, ses conséquences diplomatiques et affronter en même temps la rue palestinienne. Il donne dès lors à Tsahal des directives de « modération » dans les ripostes à appliquer sur le terrain. Ses ordres sont non seulement ignorés, mais le Céma, le général Yaalon en place à partir de 2002, ordonne à ses troupes de « briser l’ennemi (28) ». Le ministre des Affaires étrangères israélien résume la situation en disant : « Il y avait de notre part une tentative d’arriver à un accord politique, mais Tsahal a jugé bon de remporter une victoire (29). »
Les mécanismes de contrôle et de balance
Alors que les questions de sécurité nationale occupent une place centrale en Israël, l’équilibre entre le pouvoir militaire et le contrôle civil est crucial. Cet équilibre est assuré, entre autres, par la Cour suprême et la Knesset.
La Cour suprême d’Israël, composée de quinze juges renouvelés quand ils atteignent l’âge de 70 ans, joue un rôle pivot dans la surveillance de l’action militaire, en veillant à ce que les décisions et actions de l’armée restent conformes aux lois. Grâce à son pouvoir de révision judiciaire, la Cour a la capacité de juger de la légalité des actions de l’État, y compris celles entreprises par Tsahal. À titre d’exemple, elle a consacré le droit des femmes à être pilote d’avion de chasse (30), elle a aussi construit une jurisprudence libérale qui entrave la suspension de la conscription pour les Haredims, Juifs ultra-othodoxes (voir infra). Elle a rendu plusieurs décisions marquantes qui ont restreint les actions militaires jugées disproportionnées ou en violation des droits humains, affirmant ainsi son rôle de garde-fou contre les abus de pouvoir des militaires.
La Knesset exerce un contrôle sur Tsahal qui s’articule principalement autour de la supervision budgétaire et législative. La Commission des affaires étrangères et de la défense est chargée d’examiner les questions liées à la sécurité nationale, à la politique de défense, aux affaires militaires et à la politique étrangère. Hélas, avec la prédominance de l’exécutif, son rôle est faible en raison d’un accès restreint aux informations classifiées (31). En ce qui concerne le budget de Défense, et à la grande différence de la France, le rôle du Parlement dans la définition de son contenu spécifique est très limité, car le vote se fait sous forme de blocs globaux, et non ligne par ligne (32). De plus, les détails précis des dépenses militaires restent opaques, même pour les membres de la Commission des affaires étrangères et de la défense. Le ministère de la Défense joue ainsi un rôle central dans l’élaboration du budget de Tsahal et la Knesset, bien qu’elle approuve le budget global – et vote très régulièrement des rallonges budgétaires ! – ne dispose d’aucune marge de manœuvre pour modifier les propositions spécifiques faites par le ministère !
La pression de la guerre et du fait sécuritaire sur la société et les institutions démocratiques
« L’État d’Israël doit son existence au seul peuple d’Israël et principalement à son armée. »David Ben Gourion, in Bentegeat Henri, « Ben Gourion ou la nation en armes », Chefs d’État en guerre (2019).
La société civile face à la militarisation
Le service militaire obligatoire est le creuset de la « militarité » de l’État hébreu, touchant la majorité des citoyens israéliens et servant de rite de passage pour les jeunes adultes, tout en renforçant le lien entre l’armée et la société civile. Pourtant en dépit de cette proximité de fait pour les Israéliens, hommes et femmes, la société civile s’est souvent illustrée par ses mouvements de contestation de la charnière politico-militaire, ce que certains voient comme une respiration salutaire de la démocratie israélienne.
Dans cet ordre d’idée, si les généraux demeurent des figures incontestées de la démocratie israélienne, leur statut « d’intouchable » est régulièrement remis en cause par de nombreux acteurs de la société civile. Ainsi, dans les années 2000, le mouvement des Refuzniks (33) voit le jour. Il désigne le groupe de soldats et d’officiers israéliens qui refusent de servir dans Tsahal en protestation contre l’occupation des territoires palestiniens en raison de la situation des droits humains dans les territoires occupés. Plusieurs centaines de soldats et d’officiers ont publiquement refusé d’accomplir leurs obligations militaires, ce qui a entraîné, pour certains, des condamnations et des peines de prison.
Les réflexes protestataires sont nombreux. En janvier 2002 est créée l’association Ha Ometz LeSarev (« Le courage de refuser »). 51 soldats, sous-officiers et jeunes officiers, le plus souvent de réserve, publient dans le journal Haaretz une lettre dans laquelle ils déclarent leur refus de servir dans les territoires occupés. L’association Machsom Watch (« machsom » signifiant « barrière ») est créée, en janvier 2001, par un groupe de femmes israéliennes pour témoigner des difficultés quotidiennes des Palestiniens aux check-points. Fondée en 2014, à la suite de l’opération Bordure protectrice à Gaza, le mouvement Women Wage Peace (WWP) est une initiative non partisane et pacifiste qui vise à promouvoir une solution négociée et viable au conflit israélo-palestinien. Il met l’accent sur le rôle crucial que les femmes doivent jouer dans les négociations de paix et dénoncent les seules options militaires.
L’histoire de l’association Shovrim Shtika (« Breaking the Silence » ou BTS) est particulièrement intéressante car le niveau politique a dû prendre position en légiférant contre ce mouvement. Durant la 2nde Intifada, des soldats tout juste libérés de leur service créent BTS en 2004 pour dénoncer l’usage excessif de la force et les actes illégaux commis par Tsahal dans les territoires occupés. La raison d’être de ce mouvement est finalement assez commune ; les éléments rapportés nourrissent d’ailleurs l’argumentaire à charge des diverses commissions d’enquête des Nations unies contre les gouvernements israéliens successifs. Dans les années 2010, des médias enquêtent sur les financements – principalement étrangers – de l’association. Progressivement, ses membres qui étaient perçus comme d’héroïques vétérans lanceurs d’alerte deviennent des éléments factieux, voire des traîtres dans une opinion publique israélienne « droitisée ». Une loi est même promulguée, en juillet 2018, pour interdire l’accès des membres de BTS dans les écoles. Naftali Bennett, alors ministre de l’Éducation déclare : « La réalité qui voit des associations subvertir la légitimité de l’État et diffamer Tsahal devant les élèves d’Israël prend fin aujourd’hui. BTS a dépassé, il y a déjà longtemps, les limites d’un discours légitime ».
La société civile exerce donc son droit à la critique comme dans toute démocratie. Il est néanmoins intéressant de constater que les questions sécuritaires font l’objet d’une intransigeance politico-militaire qui laisse peu de champs à une contestation durable de Tsahal.
Le fait religieux et la guerre : défi pour les institutions démocratiques
Nation faiblement peuplée par rapport à ses voisins, Israël s’est toujours considéré comme un îlot de populations juives au milieu d’un environnement musulman hostile. L’État hébreu est une « nation en armes (34) » avec une matrice religieuse forte. Si le sionisme se définit comme un « messianisme séculier », la vie politique israélienne est très marquée depuis 1948 par la place du fait religieux. Dans la pratique, depuis l’indépendance, tout est affaire de compromis pour satisfaire le maximum d’acteurs publics, laïcs et religieux. La lettre du statu quo signée par Ben Gourion en juin 1947 précise qu’Israël a fait le choix d’un régime démocratique tout en garantissant aux religieux le strict respect des prescriptions religieuses, l’existence des tribunaux rabbiniques et des concessions faites aux ultra-orthodoxes qui sont le début d’une longue série (35).
Samy Cohen pose la question de la menace que ces soldats religieux font peser sur la démocratie israélienne en gardant le souvenir de l’assassinat d’Yitzhak Rabin en 1994 par Ygal Amir, un réserviste juif et extrémiste. Le clivage religieux-laïc et les tensions qu’il génère dans la société israélienne ont gagné les rangs de Tsahal en dépit de la mise en œuvre de la « politique de l’accommodement » qui visait historiquement à faciliter la cohabitation de tous. Cette situation a des conséquences lourdes sur la sécurité d’Israël et peut être vue sous deux angles :
• D’abord, il faut noter qu’une partie des étudiants religieux Haredim (66 000 en 2023 (36)) était exemptée du service militaire jusque très récemment. En 1993, cela concernait 13 % d’une classe d’âge ultraorthodoxe, ils étaient 19 % en 2005 (37) et les chiffres sont croissants ce qui est un sujet de grande attention à Tel-Aviv. Ces étudiants, qui se consacrent à plein temps à l’étude des textes religieux (Torah et Talmud) étaient protégés par la loi Tal, officiellement connue sous le nom de « Loi sur l’étude de la Torah ». Adoptée en Israël en 2002, elle visait à réglementer l’exemption du service militaire obligatoire pour les étudiants juifs ultraorthodoxes. Abrogée en 2012, mais poursuivie par diverses mesures ad hoc, la loi Tal a fait l’objet de débats intenses sur l’équité et la répartition des responsabilités au sein de la société israélienne, certains estimant que le fardeau du service militaire n’est pas équitablement partagé. Malgré son intention de trouver un compromis entre le maintien de la tradition religieuse et les besoins de sécurité du pays, la loi a suscité de vives controverses ; elle est toujours perçue par beaucoup comme exacerbant les tensions entre les communautés séculières et ultra-orthodoxes en Israël. Ces tensions étaient particulièrement vives à la fin de l’été 2023 car, avant les événements du 7 octobre, le gouvernement de Benjamin Netanyahu voulait durcir cette loi sous la pression des partis politiques ultra-religieux et sionistes messianiques de son gouvernement. C’est dans ce contexte que le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a remis ce sujet, qualifié de « bombe politique » sur la table début 2024 (38).
• Le point suivant est peut-être le plus préoccupant car la « délaïcisation (39) » de l’armée, avec un nombre important d’officiers portant la kippa tricotée parmi les sionistes religieux, fait peser une menace sur l’unité de Tsahal. La crainte d’une politisation, d’une idéologisation des forces armées et d’une éventuelle désobéissance est forte. Le précédent connu est la décision d’Ariel Sharon d’évacuer, en août 2005, les 8 000 colons israéliens installés dans la bande de Gaza. Tsahal s’était distinguée par l’exécution de cette manœuvre en sécurité et en bon ordre et il n’y avait pas eu de cas de désobéissance collective. Cet épisode a pourtant laissé des traces, et contrairement aux Haredims, les conscrits nationalistes, encouragés par les rabbins, ont dès lors cherché à effectuer leur service militaire dans les unités d’élite (Forces spéciales, unités de renseignement, unités d’élites combattantes…). En 2010, 60 % des fusiliers marins et des nageurs de combat (de l’unité Shayetet 13) étaient des soldats religieux (40). Il existe même une unité dédiée : le bataillon Netzah Yehuda (41) (Éternité de la Judée) au sein duquel servent des religieux juifs ultranationalistes. Appelé également le bataillon 97, sa réputation est sinistre au regard des exactions commises par ses membres contre les Palestiniens.
Le spectre d’une opposition religieuse dans les rangs de Tsahal se dessine et c’est la menace qui préoccupe le plus les autorités politiques de l’État hébreu. En se projetant à partir de la situation actuelle et sachant qu’aucune solution d’ordre politique ne voit le jour dans la guerre actuelle contre le Hamas, qu’en serait-il si un accord international, cherchant à ressusciter la solution à deux États, imposait l’évacuation des colonies de Cisjordanie où se trouvent désormais 650 000 colons… ? L’armée obéirait-elle ? La gestion du phénomène religieux orthodoxe au sein de l’armée constitue un défi sérieux pour Tsahal.
Adaptations et résilience de la démocratie israélienne
La démocratie israélienne est confrontée à l’épreuve des conflits continus et de la militarisation de la société avec tous les « effets secondaires » décrits précédemment. Elle démontre pour autant une capacité remarquable à s’adapter et à faire preuve de sa vitalité démocratique. L’État hébreu a vécu diverses expériences visant à maintenir et renforcer l’équilibre démocratique et la juste place de l’outil militaire.
La question de l’objection de conscience est exemplaire de cette capacité du politique à prendre en compte des aspirations diverses conciliant les sujétions du service militaire avec les droits individuels à la liberté de pensée et de croyance. Son origine remonte à la guerre du Liban en 1982 après les massacres de Sabra et Chatila évoqués précédemment. Le phénomène est alors inédit, 9 ans seulement après la guerre du Kippour, et s’inscrit dans un mouvement plus large de contestation de la politique agressive d’Ariel Sharon au Sud-Liban (42) et d’une remise en cause de la confiance entre soldats et autorités politico-militaires. Ce phénomène de l’objection de conscience est réapparu durant les deux Intifadas en raison du caractère asymétrique de ces crises insurrectionnelles qui ont opposé l’armée israélienne à la foule palestinienne. Certains pilotes en 2003 iront jusqu’à refuser de participer aux « éliminations ciblées » en raison des dommages collatéraux provoqués par les frappes.
Plus récemment, la contestation populaire de la réforme de la Cour suprême (43), illustrée par les manifestations massives courant 2023 dans les grandes villes de l’État hébreu, est une autre démonstration de la résilience de la nation israélienne. Plusieurs points liés à Tsahal doivent être mentionnés. D’abord d’anciennes personnalités militaires de premier plan ont participé à ce mouvement de contestation contre le gouvernement Netanyahu n° 6. L’ancien Céma, le général Dan Haloutz, a déclaré dans les cortèges : « Nous avons décidé de noyer le pays sous les drapeaux israéliens (44) ». D’anciens chefs du Mossad (renseignement extérieur), Yossi Cohen, ou du Shin Bet (renseignement intérieur), Ronan Bar se sont joints au mouvement avec certains de leurs subordonnés. En février 2023, à l’initiative de réservistes et vétérans des forces spéciales, une marche de protestation (45) contre la réforme est organisée. Des centaines de lettres ouvertes demandant l’abandon du projet de réforme ont été adressées au gouvernement par des unités emblématiques de l’armée de l’air (Heyl Ha’Avir) de la marine (Heyl Ha’Yam), du renseignement et du cyber (unité 8200). Plus préoccupant pour le pouvoir fut l’annonce des réservistes de se mettre en grève et parmi eux, les pilotes de l’armée de l’air. Ce mouvement de contestation interne au sein de Heyl Ha’Avir a été suffisamment puissant pour que le Céma demande en juillet 2023 une audience – qu’il n’obtiendra pas – au Premier ministre pour lui rendre compte de son incapacité à défendre Israël en cas d’attaque extérieure en l’absence de la majorité des pilotes. Les tensions autour de cette tentative de réforme de la Cour suprême atteignent leur paroxysme quand le ministre de la Défense, Yoav Gallant, opposé à la réforme, est limogé fin mars 2023 entraînant une grève générale qui contraint le Premier ministre à décider d’un moratoire sur la réforme et à renoncer au limogeage de son ministre.
Enfin – et même si, comme évoqué, le rôle de la Knesset est modeste dans la relation politico-militaire –, il est utile d’évoquer le rôle des différentes commissions d’enquête qui se sont tenues à l’issue des épisodes militaires les plus dramatiques qu’Israël a connus. Elles ont joué un rôle crucial dans l’évaluation des actions gouvernementales ou militaires et des responsabilités, attestant de la robustesse de la démocratie israélienne. Elles ont permis un examen public et transparent des actions du gouvernement et de Tsahal. Les principales commissions qui ont marqué l’histoire politico-militaire israélienne sont :
• La Commission Agranat (1974) est établie après la guerre du Kippour pour examiner les échecs du renseignement et entraîne la démission de plusieurs hauts responsables, dont le Premier ministre Golda Meir et le départ du Céma, le général Elazar.
• La Commission Kahane (1982) enquête sur le rôle d’Israël dans les massacres de Sabra et Chatila à Beyrouth, conduisant à la démission du ministre de la Défense Ariel Sharon.
• La Commission Winograd (2007) est formée après la guerre du Liban de 2006 pour enquêter sur les décisions et les actions d’Israël durant le conflit. Publié en 2007, le rapport critique à la fois la haute hiérarchie militaire et le gouvernement pour leur manque de préparation et de stratégie claire, entraînant la démission du Céma, le général Dan Haloutz (46).
Conclusion
« Le vrai miracle d’Israël, c’est que des Juifs aient pu devenir des soldats (47) » a dit Chaim Weizmann, premier président d’Israël de 1949 à 1952 en louant l’action de son Premier ministre, David Ben Gourion. Pour certains observateurs, ce « miracle » est allé bien au-delà dans les années qui suivirent. Avec une doctrine, inspirée de la loi du Talion qui impose de « frapper fort, loin, le premier et par surprise, mobiliser rapidement les troupes, (…) sanctuariser le territoire israélien et punir l’adversaire (48) », Tsahal donne l’apparence d’avoir une place et un rôle excessifs dans une nation démocratique.
C’est pourquoi la comparaison entre Sparte et Athènes, avec un État hébreu oscillant entre ces deux paradigmes historiques, offre une image forte pour comprendre la dualité au cœur de l’expérience israélienne. D’un côté, il y a cette militarisation forte (49) et la préparation constante à la guerre qui évoquent l’image de Sparte, engagée dans une conflictualité double face à une menace extérieure existentielle et une menace interne, asymétrique et insurrectionnelle. Tsahal porte ainsi la responsabilité écrasante de garantir la survie d’Israël. Et tout en même temps, Israël est un modèle de démocratie, profondément engagé pour faire vivre les principes d’indépendance de la justice, de respect des libertés individuelles, de prise en compte des demandes de la société civile et de bonne gouvernance – malgré les faiblesses du gouvernement actuel.
Israël, « Bastion du monde libre au Moyen-Orient » comme le disait le président américain Lyndon Johnson, occupe une place singulière parmi les démocraties. En dépit des frictions mises en évidence dans les lignes précédentes, et si les généraux depuis 1948 naviguent entre soumission politique et volonté d’une expression publique, l’autorité politique conserve ultimement le primat de la décision stratégique. Israël demeure ainsi profondément démocratique car, comme aux États-Unis ou en Europe, Tsahal reste, à de rares exceptions près, soumise aux décisions du pouvoir politique. Il sera très intéressant de regarder, à l’issue de la guerre en cours depuis le 7 octobre 2023 et de la très probable commission d’enquête, si et comment Israël redéfinira le lien politico-militaire après la guerre la plus grave qu’ait connue le pays depuis 1948.
(1) Cohen Samy, « Politiques et généraux en Israël au XXe et XIXe siècles », Vingtième Siècle revue d’histoire, n° 124, 2014, p. 99-110 (https://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2014-4-page-99.htm).
(2) Voir le schéma en annexe.
(3) Parmi les personnalités politiques de premier plan, Yitzhak Rabin et Ehud Barak ont même occupé les trois fonctions.
(4) En mai 1983, le général Herzog, ancien chef d’Aman (renseignement militaire) est nommé par la Knesset pour être le 6e Président d’Israël. C’est une première.
(5) Les guerres : indépendance d’Israël (1948-1949), Sinaï (1956), Six Jours (1967), Kippour (1973), première guerre du Liban (1982-1985) et seconde guerre du Liban (2006). Les crises : 1re Intifada (1987-1993) et 2nde Intifada (2000-2005). Les principales opérations : Litani (1978), Plomb durci (2008-2009), Pilier de défense (2012) et Bordure protectrice (2014). Les conflits de Gaza (2018-2024).
(6) Razoux Pierre, Tsahal, nouvelle histoire de l’armée israélienne, Éditions Perrin, 2008, 728 pages.
(7) Le Plougot Mahatz (« compagnies de choc ») est créé en 1941 et regroupe 400 combattants. Il donnera ses plus grands chefs à Tsahal durant de nombreuses années.
(8) Ultranationaliste, le Irgoun Tzvaï Leoumi (« organisation nationale militaire ») prône le combat à outrance ; il est créé par Menahem Begin, futur Premier ministre d’Israël.
(9) Le Lohamei Herout Israel (« les combattants pour la liberté d’Israël ») ou « groupe Stern » est un groupe dissident de la Haganah qui s’illustre par sa violence et ses exécutions sommaires. L’un de ses chefs sera Yitzhak Shamir, futur Premier ministre. Le groupe sera pourchassé par les autorités britanniques, notamment après l’assassinat en novembre 1944 de Lord Moyne, le haut-commissaire britannique pour la Palestine.
(10) Aujourd’hui, on estime que Tsahal est composée de 180 000 soldats d’active et de 450 000 réservistes (360 000 réservistes ont été mobilisés après les événements tragiques du 7 octobre 2023). Voir FMES, Atlas stratégique de la Méditerranée et du Moyen-Orient, 2022 (https://fmes-france.org/).
(11) Oren Amir, « From Ben Gourion to Bibi, the Israeli Defense Forces at 50 », Note de l’Ifri n° 10 (« Armée et nation en Israël : pouvoir civil, pouvoir militaire »), 1999, p. 23 (https://www.ifri.org/).
(12) Coste Frédéric, « Israël : le cas atypique d’une démocratie en proie à des difficultés sécuritaires permanentes », Les Champs de Mars, n° 18, 2007, p. 99-117 (https://www.cairn.info/revue-les-champs-de-mars-ldm-2007-1-page-99.htm).
(13) Razoux P., Tsahal, nouvelle histoire de l’armée israélienne, op. cit.
(14) Oren Amir, op. cit., p. 29.
(15) Tsahal est accusée d’avoir laissé des miliciens des phalanges chrétiennes massacrer des civils palestiniens dans le camp éponyme au Sud Liban. Tout l’appareil politico-militaire est mis en accusation lors de la Commission d’enquête Kahane qui suivra ces événements tragiques.
(16) Les Lois fondamentales ont été votées progressivement dès qu’un consensus se dégageait à la Knesset (le Parlement monocaméral d’Israël), elles sont aujourd’hui une douzaine. Ces écrits formalisent la Constitution non rédigée du pays. La Loi fondamentale sur l’armée précise la répartition des compétences dans le domaine de la défense.
(17) Appelé le Ramatkal, il est nommé tous les trois ans par le Gouvernement.
(18) À cet égard, le ministère de la Défense et l’état-major général de Tsahal sont géographiquement séparés à Tel-Aviv (source : Mission diplomatique de défense [MDD] de Tel-Aviv).
(19) Greilsammer Ilan, « Les rapports entre pouvoir civil et pouvoir militaire en Israël » (interview par Caroline Verstappen), Études de l’Irsem, n° 3, mai 2010, p. 33-40 (https://www.irsem.fr/), et entretien avec l’auteur le 6 mars 2024.
(20) Il faut mentionner l’existence du directeur général du ministère. Il a l’équivalent des responsabilités du Secrétaire général pour l’administration (SGA) et du Délégué général pour l’armement (DGA) en France. Il est censé faire l’interface entre le pouvoir politique et l’armée. Dans les faits, ce poste a toujours été occupé par un officier général de Tsahal.
(21) Le CNSI a été officiellement établi suite à une recommandation de la Commission Agranat qui a enquêté sur les circonstances entourant la guerre du Kippour de 1973. L’une des principales motivations de sa création était de combler les lacunes en matière de coordination et de planification stratégique au plus haut niveau du gouvernement. Il est dirigé par le Conseiller à la sécurité nationale (Tzachi Hanegbi en 2024), qui est nommé par le Premier ministre ; il lui fournit des conseils directs comme au Cabinet et à son comité restreint sur la sécurité nationale (également connu sous le nom de Cabinet de sécurité).
(22) Début 2024, en pleine guerre depuis le 7 octobre 2023, la popularité de Tsahal est supérieure à 80 % quand le gouvernement est à moins de 20 % d’opinions favorables (entretien avec Samy Cohen le 31 mars 2024).
(23) Note de la MDD de Tel-Aviv, mars 2023.
(24) Cohen Samy, « Relations entre pouvoir civil et l’armée en Israël », Revue internationale de politique comparée, 2008, p. 77-92 (https://www.cairn.info/revue-internationale-de-politique-comparee-2008-1-page-77.htm).
(25) AFP, « Un général israélien à Gaza émet de rares critiques contre le gouvernement », L’Orient-Le Jour, 14 mars 2024 (https://www.lorientlejour.com/).
(26) Entretien avec Denis Charbit, professeur de science politique à l’Open University of Israël, le 19 mars 2024. Les généraux quittant leur fonction ont l’obligation d’attendre deux ans avant de se lancer en politique (ce qui leur permet en fait, selon Denis Charbit, de consolider leur réseau et nouer des alliances).
(27) Oren Michael, Six Days of War: June 1967 and the Making of the Modern Middle East, Oxford University Press, 2002, 480 pages.
(28) Enderlin Charles, Le rêve brisé. Histoire de l’échec du processus de paix au Proche-Orient 1995-2001, Fayard, 2002, 366 pages.
(29) Cohen S., « Tsahal face au défi de la seconde Intifada », Études de l’Irsem, n° 3, op. cit., p. 137-165.
(30) Lami Olivier, « Israël : la société civile résiste pour défendre la Cour suprême », Commentaire, été 2023, p. 369-374.
(31) Cohen S., « Politiques et généraux en Israël aux XXe et XXIe siècles », op. cit.
(32) Entretien avec Denis Charbit, professeur de science politique à l’Open University of Israël, le 19 mars 2024.
(33) Cohen S., « Tsahal face au défi de la seconde Intifada », op. cit.
(34) L’expression est d’Alain Dieckhoff pour caractériser Israël dont la défense repose sur le principe d’une armée de masse constituée de trois catégories : un groupe restreint de soldats de carrière, des conscrits (hommes et femmes appelés sous les drapeaux à 18 ans) et des réservistes (pendant longtemps, les hommes devaient effectuer un mois de période de réserve jusqu’à 54 ans).
(35) Mailhos Arnaud, Simonin Juliette et Meunier Nicolas, La vague noire en Israël, l’ultra-religiosité menace-t-elle l’État hébreu ?, L’Harmattan, 2012, 146 pages.
(36) « Fin de l’exemption du service militaire pour les ultra-orthodoxes », France 24, 2 avril 2024 (https://www.france24.com/).
(37) Meitav, the Entrance Gate to the Israeli Defense Forces. Brochure sur la conscription en Israël (source : MDD Tel Aviv).
(38) Avec AFP, « Le ministre israélien de la Défense demande que les ultra-orthodoxes fassent leur service militaire », Le Figaro, 29 février 2024 (https://www.lefigaro.fr/). Il a obtenu gain de cause puisque l’exemption a pris fin le 1er avril 2024.
(39) Chartouni-Dubarry May, « Armée et nation en Israël, pouvoir politique et pouvoir militaire », Note de l’Ifri n° 10, op. cit., p. 18.
(40) Khalfa David, « Entre le glaive et le livre : la place et le rôle des soldats religieux au sein des forces de défense d’Israël », Études de l’Irsem, n° 3, op. cit., p. 61-115.
(41) Kubovich Yaniv, « Au cœur de Tsahal, l’encombrant bataillon extrémiste de Netzah Yehuda », Courrier inter-national, 1er avril 2022.
(42) Dieckhoff Alain, « Quelle nation en armes ? », Études de l’Irsem, n° 3, op. cit., p. 15-32.
(43) Le projet de réforme de la Cour suprême vise à contrôler la nomination des juges en son sein et à restreindre son pouvoir. Le mode de désignation de ses 15 juges a été critiqué comme étant trop corporatiste, les professionnels du droit étant majoritaires face aux politiques.
(44) Lami O., op. cit.
(45) Note de la MDD de Tel-Aviv, mars 2023.
(46) Hecker Marc et Rid Thomas, « Montrer la guerre asymétrique ? L’exemple de la communication israélienne (2000-2009) », Note de l’Irsem, n° 3, op. cit., p. 117-136.
(47) Bentegeat Henri, Chefs d’État en guerre, Perrin, 2018, 704 pages.
(48) Razoux Pierre, « La pensée stratégique israélienne confrontée à la nouvelle donne au Moyen-Orient », Note de recherche stratégique de l’Irsem, n° 7, 2014, 11 pages (https://www.irsem.fr/).
(49) Avec 17 milliards $ de ressources et 4 Mds $ d’aide américaine, le budget de la défense représente 5,3 % du PIB israélien. Source : Zerah Dov, « L’économie israélienne face à la guerre », Commentaire, n° 185, printemps 2024, p. 137-142.