La culture stratégique d’un pays est l’un des facteurs qui explique les choix stratégiques concernant les opérations militaires. Les cultures stratégiques de cinq pays européens (Allemagne, Espagne, France, Italie et Royaume-Uni) ont été comparées, en tenant compte de la grande stratégie qui dépend surtout des élites politiques, et de la stratégie militaire qui dépend principalement des élites militaires. Des similitudes et des différences ont été constatées, des synergies pouvant se forger à partir des similitudes et des complémentarités. Ces synergies doivent être favorisées afin de faire progresser l’interopérabilité des armées européennes et de leur équipement, ainsi que mieux faire face aux menaces pour l’Europe.
Des synergies entre les cultures stratégiques militaires européennes
Il existe des mentalités nationales singulières pour concevoir et appliquer la stratégie, l’art opérationnel, voire la tactique au sein des opérations militaires. Ces mentalités stratégiques sont développées via l’acculturation au sein de l’institution militaire nationale. En fait, ne pas prendre en compte ces cultures stratégiques nationales reviendrait à être ethnocentrique et porterait une vision limitée de la stratégie (1) ; il faut donc intégrer la culture stratégique aux opérations militaires. Celle-ci peut être considérée comme le cadre qui limite dans une certaine mesure les options stratégiques jugées culturellement acceptables. La culture stratégique se manifeste par des tendances profondes qui durent sur une période significative. Nous aborderons principalement les cultures stratégiques militaires, c’est-à-dire celles liées aux élites militaires qui conçoivent la stratégie. Par ailleurs, nous inclurons également la grande stratégie d’un pays, dont les responsables principaux sont les élites politiques.
L’intérêt de caractériser les cultures stratégiques est reliée à l’ancienne recommandation de Sun Tzu – général chinois du VIe siècle av. J.-C., auteur de L’art de la guerre – de connaître tant l’adversaire que soi-même. Cet article s’intéresse en particulier à la culture stratégique de cinq alliés européens, afin d’identifier des possibles synergies, convergences ou incompatibilités. Nous nous appuierons pour leur comparaison sur les critères proposés par le professeur Coutau-Bégarie, pour établir une typologie des cultures stratégiques (2).
• La grande stratégie des pays concernés ou la place de la guerre dans la politique, pouvant aller du pacifisme à la considération de la guerre comme l’un des instruments de la politique. Nous nous arrêterons sur la priorisation propre à chacun entre les différentes options stratégiques : actions offensives, actions défensives, actions non militaires (3). Plus spécifiquement, étant donné l’approbation indispensable du Conseil de sécurité des Nations unies pour entreprendre une guerre offensive, ce qui est une contrainte surtout pour les démocraties, nous nuancerons les actions offensives autour de la capacité et de la détermination offensive de l’acteur stratégique, en restant dans le cadre du droit international.
• La position entre priorité à la préparation ou priorité à l’exécution des opérations militaires.
• Un style qualitatif/indirect, pour ceux qui cherchent la manœuvre ou visent l’exploitation des points faibles de l’adversaire ou, au contraire, un style quantitatif qui cherche le choc par la masse ou le feu.
• La priorité à l’individu et le combat héroïque ou au groupe avec le primat de l’organisation.
• Nous adjoindrons un dernier critère : la capacité à intégrer des forces multinationales, étant donné que les engagements futurs des armées européennes se feront probablement en coalition.
Grande stratégie
La plupart des pays européens ont évolué dès l’époque moderne en faisant de la guerre un instrument politique comme un autre (4). Cela a été mis en œuvre dans de multiples guerres et alliances militaires changeantes, ainsi que par la conquête généralisée des colonies. Aujourd’hui, les démocraties européennes privilégient l’emploi de la diplomatie pour résoudre leurs conflits, dans le cadre des organisations internationales. D’autres similitudes et certaines disparités peuvent être observées, ce qui sera ensuite expliqué.
Des pays principalement défensifs mais expéditionnaires
L’Allemagne, l’Italie et l’Espagne possèdent aujourd’hui des cultures stratégiques principalement défensives. Après la Seconde Guerre mondiale, en Allemagne et en Italie, la perception par les populations de leurs défaites catastrophiques a favorisé des décideurs politiques promouvant une culture stratégique de type non militarisée et pacifiste (5). En Espagne, la population a expérimenté une inclination pacifiste après la dictature du général Franco, « les dirigeants politiques ont [donc] associé les affaires militaires à des coûts électoraux » (6).
Les Constitutions des trois pays privilégient la guerre défensive. Néanmoins, à la fonction de défense territoriale de leurs forces armées s’est ajoutée une action internationale, selon un modèle expéditionnaire s’intégrant aux opérations multinationales de stabilisation, pour réaffirmer leur appartenance aux organisations internationales, pour des raisons humanitaires, entre autres. Les trois pays possèdent une procédure d’approbation par leurs Parlements de la participation aux opérations militaires internationales, qui relèvent donc des équilibres politiques internes et peuvent prendre du temps à démarrer. Le Parlement allemand (Bundestag) exerce le contrôle le plus strict, par l’approbation des déploiements extérieurs et leur renouvellement annuel (7). À l’opposé, en Italie, il n’y a pas d’obligation légale claire, mais l’approbation parlementaire est la pratique habituelle (8).
Madrid, Rome et Berlin ont participé à des opérations multinationales de combat. L’Italie a pris part aux frappes aériennes en Irak (1991), ainsi qu’à la coalition antiterroriste Enduring Freedom en Afghanistan dès 2001 et à la coalition Iraqi Freedom entre 2003 et 2006. Les forces espagnoles et italiennes ont participé aux frappes aériennes de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) en Bosnie (1995). Les trois ont participé aux frappes aériennes de l’Otan au Kosovo (1999), ainsi qu’à la capture de pirates avec l’opération Atalanta de l’Union européenne (UE) et à la mission de l’Otan en Afghanistan avec des caveats (restrictions d’emploi) défensifs, plus souples pour les Italiens. Face à leurs populations, les responsables politiques ont dû justifier ces missions, dans le cas italien, comme des interventions de maintien de la paix ou faisant partie de « la mission intégrale de défense du territoire » (9) et dans le cas espagnol « sous un alibi humanitaire ou une résolution des Nations unies » (10). Les responsables politiques allemands ont, quant à eux, dû masquer l’engagement miliaire (11).
L’Allemagne, l’Italie et l’Espagne considèrent l’Otan comme la base de la défense collective et entretiennent d’étroites relations de sécurité avec les États-Unis. Les trois pays abritent des bases militaires américaines, et l’Allemagne et l’Italie accueillent des bombes nucléaires américaines aéroportées, qui font partie de la dissuasion de l’Otan. Néanmoins, les trois pays cherchent à développer la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC) de l’UE, en harmonie avec l’Otan (12).
L’invasion russe de l’Ukraine, le 24 janvier 2022, a poussé le leadership militaire des trois pays dans le cadre défensif de l’Otan. C’est le cas du commandement des brigades multinationales de l’Otan en Lituanie, Bulgarie et Slovaquie, exercé respectivement par l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. Les budgets de défense des trois pays ont augmenté vers la ligne directrice de l’Otan des 2 % du PIB, que l’Allemagne prévoit d’atteindre en 2024 (13). Le concept de nation-cadre de l’Otan a été aussi adopté par les trois États. À cet égard, l’Allemagne a mis en œuvre des commandements où peuvent s’intégrer des unités d’autres pays, ainsi que des structures de coopération capacitaire dans des cadres multilatéraux et de la Coopération structurée permanente de l’UE. Une vingtaine de pays de l’Europe du Nord et de l’Est ont rallié le concept allemand, « atteignant un niveau d’intégration et d’interopérabilité bien supérieur à ce qui existe ailleurs en Europe » (14).
Des pays capables de leadership offensif
La France et le Royaume-Uni maintiennent, eux, une culture stratégique d’action globale. Les deux pays possèdent des territoires d’outre-mer, des outils militaires avec une capacité de projection mondiale, ainsi que des intérêts et des relations internationales adéquates pour y parvenir. Leurs dissuasions nucléaires renforcent leur place dans le monde et, spécialement dans le cas français, elle constitue le noyau de la stratégie militaire. L’action mondiale de la France s’exprime dans sa Revue nationale stratégique de 2022 (15) et dans le terme « puissance d’équilibre », qui traduit la volonté de faire entendre une voix propre entre les puissances. Pour sa part, la position de leadership recherchée par le Royaume-Uni est représentée par le terme « Global Britain » de sa stratégie de sécurité Integrated Review Refresh 2023 (16).
La stratégie britannique a été principalement maritime, soit pour la protection du commerce, soit pour faciliter l’invasion de territoire ennemi par l’armée. Les interventions en Europe ont été souvent considérées par les Britanniques comme des guerres « limitées », avec la participation d’une armée auxiliaire (17). Cette tradition reste dans une certaine mesure au XXIe siècle, lorsque le Royaume-Uni projette des forces limitées à distance avec des moyens navals et aériens, en participant à des coalitions. C’était le cas au Kosovo, en Irak, en Afghanistan et en Libye, dans ce dernier cas en position de leadership avec la France.
La culture stratégique française se caractérise par le désir d’autonomie stratégique, d’agir par elle-même, forgé au long des siècles face à la pression des empires allemands ou d’Outre-mer (18). Le spécialiste belge des cultures stratégiques Bruno Colson ajoutait, en 1992, que si la France restait purement autonome, elle risquerait d’être inaudible ; partant, elle se sent de plus en plus appelée à pousser une défense européenne commune. Celle-ci lui permettrait de s’associer à l’Allemagne et de retrouver un leadership continental. Cette réflexion semble encore valable.
Paris et Londres possèdent des procédures réactives et rapides d’approbation de missions militaires extérieures. La Constitution française permet au pouvoir exécutif de décider du déploiement des forces armées sans consulter au préalable le Parlement, tout en consultant le soutien de l’opinion publique pour ces opérations (19). Toutefois, le Parlement doit être informé par la suite et la prolongation d’une intervention au-delà de quatre mois doit être approuvée par le Parlement. D’après la Constitution britannique, seul le Premier ministre autorise les actions militaires des forces armées (20); elles reçoivent habituellement le soutien populaire.
Probablement la différence principale entre les cultures stratégiques des deux pays réside dans le rapport avec l’Otan et les États-Unis. Le Royaume-Uni considère la défense collective comme la plus efficace et reste l’allié préférentiel des États-Unis pour les interventions militaires. C’est le cas de l’opération Prosperity Guardian de protection des navires marchands dans la mer Rouge, où le Royaume-Uni est le seul pays à participer avec les États-Unis aux frappes aériennes et navales depuis le début de l’année 2024, contre les capacités offensives des Houthis au Yémen (21). Par ailleurs, le Royaume-Uni a approfondi ses liens militaires avec la France à partir des accords bilatéraux de Lancaster House de 2010 (22). De la même manière, la capacité de leadership du Royaume-Uni est symbolisée par sa Joint Expeditionary Force (JEF), capable d’être déployée en n’importe quelle opération : Otan, unilatérale, bilatérale… Des partenariats JEF ont été forgés avec les pays baltes et d’autres pays du Nord de l’Europe.
Pour sa part, la France a souvent conclu des alliances depuis le XVIe siècle, concrétisées, après la Seconde Guerre mondiale, au sein l’Otan et avec les États-Unis. La France peut être considérée comme un allié solidaire mais exigeant, qui prône un discours politico-militaire original, différent de celui des Américains (23). Elle a bien montré sa solidarité en février 2022 lorsque les forces françaises, avec leur réactivité habituelle, ont été déployées en Roumanie en tant que nation-cadre de l’Otan. Par ailleurs, la capacité française de leadership militaire a été démontrée au Sahel de 2013 à 2023 face au terrorisme. Enfin, la volonté française de prendre des initiatives peut être illustrée par la déclaration du Président Emmanuel Macron en février 2024, quand il a dit qu’il ne fallait pas exclure la présence de troupes occidentales sur le sol ukrainien (24). La position britannique, de ne pas prévoir un déploiement à grande échelle (il y avait déjà un petit soutien militaire britannique en Ukraine), a été plus nuancée. De leur côté, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne s’y sont opposées (25).
Conséquences
Il n’existe pas une culture stratégique commune européenne au niveau de la grande stratégie. Il manque encore une homogénéisation des volontés politiques entre pays et la suffisante convergence dans un cadre commun d’idées concernant la sécurité. Ce cadre commun nécessite probablement pour son avènement un choc systémique sur la sécurité européenne, comme une menace concrétisée de la Russie sur le territoire européen de l’Otan ou un désengagement des États-Unis de la défense européenne. Entretemps, l’harmonisation des volontés politiques continuera avec la politique de petits pas, étant donné que les responsables des gouvernements européens sont élus par des populations soucieuses de la souveraineté nationale et qui ne partagent pas le même avis sur l’emploi de la force armée.
Néanmoins, pour les missions de gestion des crises extérieures, il existe déjà une certaine culture stratégique européenne grâce à l’expérience acquise. L’actuelle coopération européenne pour soutenir l’Ukraine (26) peut s’approfondir et favoriser le rapprochement des cultures stratégiques. En plus, il est possible de forger des synergies à partir des similitudes et des complémentarités, comme il a été souvent le cas entre les mentalités plus offensives et celles plus défensives, mais expéditionnaires. Il faudra aussi continuer à trouver des équilibres entre les différentes volontés politiques et les cultures stratégiques nationales. Ceci s’est passé en 2024 avec la mission Aspides de l’UE (27) pour protéger les navires marchands dans la mer Rouge, poussée par la France, l’Italie, l’Allemagne et la Grèce. Ces équilibres politiques restent fondamentaux pour faire face aux menaces communes vis-à-vis desquelles il n’y a pas des réactions exclusivement nationales efficaces. À cet égard, la connaissance des différences entre les cultures stratégiques nationales reste fondamentale.
Priorité à la préparation ou à l’exécution des opérations militaires
Dans les critères militaires suivants, les groupes évoqués précédemment se modifient et s’orientent vers une différenciation entre les pays d’Europe du Nord et du Sud. Il faut d’abord distinguer les cultures stratégiques « managériales », comme la britannique et l’allemande, et les cultures stratégiques « guerrières », comme celles des pays latins (28). Les premières accordent beaucoup d’importance à la préparation des forces, à la planification et à la mise sur pied d’une chaîne logistique solide, comme conditions préalables à l’engagement. Les deuxièmes s’en remettent davantage à l’improvisation et à l’adaptation, pour pallier les retards et les lacunes dans la préparation et la logistique (29). La guerre du Golfe en est une illustration adéquate, le corps expéditionnaire français étant créé à partir de cinquante régiments. Pour sa part, la capacité d’adaptation française se symbolise dans le redressement de la Marne en 1914.
Les deux tendances peuvent s’opposer et devenir un frein à la coopération militaire internationale, notamment en raison du choc potentiel entre mentalités planificatrices et adaptatrices. Il peut cependant y avoir aussi des synergies. Un état-major composé de membres des nationalités évoquées précédemment, sans prééminence excessive aucune, pourra profiter de la complémentarité des approches planificatrices et adaptatrices, pour mieux développer et ensuite mettre en œuvre des stratégies militaires. À cet égard, les états-majors peuvent être les endroits adéquats pour mieux exposer les différentes mentalités stratégiques militaires et les rapprocher. Cela a été le cas des états-majors de l’Otan, qui ont produit des plans stratégiques et d’opérations de qualité pendant des décennies. Cela pourrait également être le cas pour l’UE si elle élargissait son état-major stratégique et créait des états-majors de niveau opérationnel, en surmontant l’éventuelle opposition de certains États membres dans ce dernier cas.
À l’intérieur des groupes nordique et latin, il existe des différences qui peuvent également être complémentaires. Les Britanniques ont une certaine tendance à simplifier le processus de planification des opérations, mais à augmenter sa formalisation proportionnellement aux risques de l’opération (30). Ainsi, cette flexibilité britannique peut être complémentaire de la plus formelle application des méthodes de planification par les états-majors allemands, dont les officiers ont été extrêmement bien préparés à partir des réformes entreprises par le maréchal Moltke au XIXe siècle (31).
Pour sa part, la réflexion stratégique des militaires français peut être considérée comme intégrale, rationnelle et capable d’une remarquable abstraction, ce qui peut l’exposer au danger du dogmatisme, comme ce fut le cas de la défense à outrance mise en œuvre lors de la Seconde Guerre mondiale (32). Pour sa part, la réflexion militaire espagnole est fondamentalement pratique et orientée vers l’efficacité au combat, ce qui lui a permis d’intégrer souvent de nouveaux systèmes de combat avec efficacité, comme les armes à feu individuelles à la fin du XVe siècle ou l’aviation de combat au début du XXe (33). Néanmoins, ce caractère pratique peut l’emmener parfois à un excès de simplification, qui peut être bien compensé par la réflexion conceptuelle française, qui à son tour peut bénéficier du caractère pratique espagnol pour s’éloigner d’un éventuel dogmatisme.
Style qualitatif ou quantitatif
Autour de cette caractéristique, il y a plus de proximité entre les pays européens étudiés ici. Ils ont souvent appliqué une stratégie qualitative et indirecte dans leurs affrontements militaires, ce qui pourrait favoriser la création de stratégies communes. Ceci les distingue des pays qui ont plus souvent cherché le choc direct par la masse et le feu, à l’image de la Russie sur le champ de bataille. La raison de la prédominance des stratégies qualitatives en Europe occidentale peut s’expliquer par le fait qu’il n’y a jamais eu une superpuissance capable de s’imposer militairement de façon définitive aux autres, qui ont employé l’action militaire à la marge.
Le Royaume-Uni a intégré précocement le poids croissant de la population dans la guerre (34). Le blocus maritime britannique de la Première Guerre mondiale avait pour finalité d’affamer la population allemande afin de la pousser à la révolution et de renverser le Kaiser, ce qui s’est passé à la fin de la guerre. Aujourd’hui, d’après le général Sir Rupert Smith, les armées doivent gagner l’appui des populations au milieu desquelles ils font la guerre ainsi que de l’opinion publique domestique (35). Pour sa part, la France a longtemps appliqué la stratégie de la tache d’huile pour étendre la pacification au sein des populations colonisées.
La guerre de mouvement a été privilégiée par la Prusse et l’Allemagne, pour éviter de longs conflits étant donné qu’ils étaient entourés des ennemis. Leurs armées cherchaient les manœuvres rapides afin de porter un coup annihilant à l’une des armées ennemies, ce qui impliquait un assaut surprise contre les flancs, les arrières ou, idéalement, une bataille d’encerclement (36). Dans les années 1950, les forces armées allemandes ont été refondées sur le même modèle de guerre mobile et des tactiques aéroterrestres coordonnées, en préconisant une défense avancée vers l’Allemagne de l’Est (37). Aujourd’hui, la Bundeswehr se recentre vers le flanc Est de l’Otan sur le même modèle.
Le modèle napoléonien a été parfois considéré comme favorisant l’affrontement direct, poussé par l’impulsivité française (38). Napoléon préférait toutefois la manœuvre sur les arrières et ses plans étaient basés sur « la dissociation préalable de l’ennemi par une menace sur la ligne de retraite » (39). Par ailleurs, organisée depuis des siècles autour d’une menace continentale, la stratégie française a produit deux systèmes principaux : celui des positions fortifiées et celui des corps mobiles, impliquant la contre-offensive et la manœuvre. Aujourd’hui, cela peut se vérifier avec l’existence de forces aéroterrestres françaises très mobiles et projetables (40).
La guerre de guérilla espagnole contre les armées napoléoniennes (1808-1813) a servi de modèle de la stratégie indirecte au stratège et historien britannique Basil Henry Liddell Hart (41). Les armées espagnoles ont eu recours au harcèlement et au fait de reporter la bataille au moment propice dès le Moyen-Âge. La stratégie indirecte a été aussi très présente pendant la guerre d’Espagne (1936-1939), lorsque l’armée soulevée du général Franco s’est tournée vers les points faibles de l’ennemi, d’abord le Nord isolé et ensuite vers la Méditerranée pour couper la République en deux. L’armée républicaine a répondu avec des offensives sur des autres zones du théâtre, pour affaiblir les offensives franquistes et, surtout, prolonger la guerre espagnole jusqu’au déclenchement d’une guerre européenne, ce qu’elle a failli atteindre (42).
Priorité à l’individu ou au groupe
Il existe, dans ce domaine, des différences nuancées et entremêlées entre les pays étudiés, et elles se rapprochent avec le temps. D’abord, la première différence pourrait s’établir à nouveau entre les pays qui privilégient l’action en groupe et l’organisation, comme le Royaume-Uni et l’Allemagne, et les pays latins, censés reposer davantage sur l’individualisme. Au Royaume-Uni et en Allemagne, au niveau des états-majors, cela implique que les stratégies et les plans opérationnels relèvent plus de la planification collective que des intuitions des chefs. À l’opposé, la France a tendance à se reposer sur l’habileté du chef ou sur le courage des combattants (43). Ainsi, la France a promu la culture du héros et de la chevalerie, comme ce fut le cas des as de l’aviation de chasse comme le capitaine Georges Guynemer, mais qui avait son équivalent allemand avec Manfred von Richthofen (connu comme « le baron rouge »).
L’action des commandants espagnols a, plus que de raison, reposé sur l’intuition personnelle. Cela a conduit à des réussites, mais aussi à des échecs comme le désastre d’Annual au cœur du Rif au Maroc en 1921, où environ 10 000 soldats espagnols sont morts. Cet échec a été la conséquence de la trop longue percée sur un territoire montagneux du général Silvestre. Le débarquement d’Al-Hoceima en 1925 et la percée successive jusqu’au cœur du Rif démontrent que l’armée espagnole était capable d’une planification méthodique et efficace sous un autre commandement.
Une autre dimension serait la mise en œuvre du commandement vers les subordonnés dans les opérations militaires. Le modèle français semble plus hiérarchisé que le modèle allemand (44). Cette caractéristique est néanmoins nuancée avec le principe de subsidiarité. Ainsi, l’effet majeur, ou l’esprit de la mission, est transmis au subordonné qui cherche à l’atteindre en prenant d’opportunes initiatives. Le modèle espagnol est également hiérarchisé, avec une forte discipline des unités pour bien encadrer l’individualisme des soldats. C’était le cas des Tercios (régiments) des XVIe et XVIIe siècles, « où la discipline était une qualité contre nature chez ces soldats du Sud. Il a dû être implanté et martelé, créant des réactions automatiques grâce à des instructions sévères » (45), de sorte que les soldats, aidés aussi par leur expérience guerrière, pouvaient anticiper les ordres au combat. Des résultats similaires ont été observés par l’attaché militaire des États-Unis en Espagne pendant la guerre civile (1936-1939) (46). Par ailleurs, le principe d’exécution décentralisée des opérations fait partie de la doctrine espagnole, en contradiction avec un commandement souvent hiérarchisé.
Dans le système prussien et allemand traditionnel du commandement (Auftragstaktik ou tactique de mission), le commandant suprême concevait une mission mais laissait les méthodes pour la réaliser à l’officier sur place, lui permettant de saisir des opportunités qui pourraient être perdues. Des exemples continuels peuvent en être donnés, même contre les ordres supérieurs. Ainsi, lorsque le général Guderian a percé les lignes françaises en 1940 à Sedan, il a reçu l’ordre d’arrêter ses blindés pour attendre l’infanterie, mais il a pris le prétexte d’une mission de « reconnaissance en force » pour continuer la percée (47). Dans la Bundeswehr d’après-guerre, cette pratique a été répandue à tous les échelons de la hiérarchie, en y incluant des outils traditionnels comme la délégation des tâches (48).
L’armée de terre britannique a introduit dès les années 1980 un système de commandement équivalent au modèle allemand, la Mission Command, dont Sir Rupert Smith attribue l’origine à l’amiral Nelson (49). Ce concept a concomitamment été adopté par les États-Unis, puis par les armées italiennes pendant la décennie suivante, grâce à l’influence anglo-saxonne au sein de l’Otan. L’armée de terre espagnole a suivi cette évolution plus récemment (50).
Capacité à intégrer des forces multinationales
La France et le Royaume-Uni ont connu une expérience encore récente de 150 ans de guerres coloniales, avec une capacité notable à intégrer des troupes locales (51). Pour sa part, la Bundeswehr a acquis une importante expérience de collaboration avec d’autres forces alliées sur le sol allemand pendant la guerre froide.
Aujourd’hui, la participation combinée d’importants contingents et moyens des pays européens dans les missions internationales de l’Otan, de l’UE et de l’ONU, a développé leur capacité d’intégration multinationale. L’Otan et ses états-majors multinationaux, ses fréquents exercices, déploiements et opérations, sa standardisation technique et ses doctrines, ont largement contribué à l’interopérabilité des armées européennes et au rapprochement des cultures stratégiques militaires.
La croissante interopérabilité entre les forces des pays européens est bien illustrée dans l’enquête réalisée auprès des 194 membres des contingents français de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) entre 2007 et 2009 (52). Les Français se sentaient plus proches des contingents italien et espagnol que des autres contingents, notamment asiatiques et africains. Pour les officiers français, le fait que les contingents otaniens partagent une certaine proximité culturelle et des doctrines garantit l’efficacité de la mission. Les militaires français au Liban ont cependant clairement exprimé les limites de la collaboration multinationale, notamment sur le terrain opérationnel, en commençant par l’absence de procédures communes ou la possibilité d’interprétations divergentes de ces dernières. En plus, les différentes règles nationales qui restreignent l’utilisation de la force (caveats) peuvent bloquer la coordination et l’efficacité. En cas d’accrochage, le souci d’un officier supérieur ayant des soldats d’autres nationalités sous ses ordres était qu’« en réalité ils font ce qu’ils veulent, vous ne les commandez pas ! Vous pouvez les commander mais vous ne pouvez pas les contrôler ! » (53).
L’efficacité de la collaboration entre forces multinationales, qui rapprocherait davantage les différentes cultures stratégiques, nécessite une interopérabilité accrue au niveau des stratégies, tactiques, doctrines, procédures, équipements et interconnexions techniques. Pour la favoriser, il serait souhaitable de mettre en place une coopération fréquente avec des rotations fixées au long terme d’unités désignées de différents pays européens, en exercices, déploiements et opérations, dans des cadres divers : Otan, UE, bilatéral, multilatéral, etc. L’augmentation en marche des déploiements des forces de pays de l’Otan sur le flanc Est présente une belle opportunité, en y impliquant un nombre croissant d’unités.
Par ailleurs, une initiative comme la Capacité motorisée (CaMo) franco-belge est très positive. La Brigade motorisée belge et les brigades françaises sont progressivement organisées sur les mêmes doctrines, tactiques, procédures, instructions et équipements, pour être interchangeables en cas d’opération (54). Il faut également citer l’intégration de trois brigades néerlandaises dans trois divisions allemandes et leurs autres projets de coopération dans les domaines naval et aérien, ainsi que des partenariats industriels (55). Ce sont des modèles à étendre en Europe.
La constitution d’unités multinationales permanentes est également souhaitable. L’escadron de transport aérien franco-allemand stationné sur la base aérienne d’Évreux, qui a mutualisé les avions C-130J Super Hercules des deux pays avec des équipages mixtes, en est une parfaite illustration. L’escadron a contribué à l’aérolargage d’aide humanitaire sur Gaza mais devrait élargir sa gamme d’opérations. Cet emploi opérationnel des unités multinationales reste fondamental pour la montée en puissance de l’interopérabilité et d’une véritable convergence des cultures militaires européennes. Pour sa part, l’état-major multinational de l’Eurocorps et la Brigade franco-allemande n’ont pas souvent été déployés en opération. L’emploi conjoint d’unités multinationales est lié aux différentes volontés politiques nationales, qui trouvent parfois avec difficulté la voie du compromis.
Enfin, il faut souligner l’importance des équipements interopérables voire identiques pour faciliter l’organisation d’une opération multinationale. En 2022 et 2023 des chasseurs Eurofighter Typhoon allemands et espagnols ont été déployés de manière conjointe en Estonie, en mutualisant l’armement et le maintien en condition opérationnelle. Par ailleurs, l’interopérabilité technique favorise l’échange en temps réel de l’information sur la situation tactique, ce qui favorise l’efficacité au combat et évite des incidents comme le tir fratricide. À cet égard, l’absence d’une industrie de défense européenne est l’une des raisons fondamentales du lent progrès de l’interopérabilité et de la PSDC de l’UE. Les États-membres cherchent surtout à protéger leurs industries nationales respectives. Ce ne sera que grâce à des volontés politiques fortes, qu’on pourra dépasser la politique des petits pas et pousser la formation des industries de défense qui produisent et vendent à l’échelle européenne. Ceci augmenterait aussi les productions nationales en profitant des économies d’échelle.
Conclusion
Nous sommes encore loin de partager une culture stratégique européenne commune. Au niveau de la grande stratégie, les cultures stratégiques européennes présentent des similarités et des différences : certains pays sont fondamentalement défensifs mais possèdent un outil militaire expéditionnaire (Italie, Espagne, Allemagne), tandis que d’autres sont capables d’un leadership militaire offensif (France, Royaume-Uni). Il faudra donc continuer à trouver des synergies à partir des similarités et des complémentarités, ainsi qu’à forger des équilibres entre les différentes volontés politiques nationales, pour faire face aux menaces communes vis-à-vis desquelles il n’y a pas des réactions exclusivement nationales efficaces.
Au niveau militaire, il existe davantage de proximité entre les cultures stratégiques européennes. D’abord, les cultures stratégiques étudiées ont souvent mis en œuvre des stratégies militaires indirectes, ce qui offre plusieurs synergies pour développer des stratégies communes. Par ailleurs, on peut faire une différence entre les pays de l’Europe du Nord et du Sud, qui possèdent respectivement des mentalités stratégiques fondamentalement planificatrices ou au contraire adaptatrices, ainsi que des outils militaires qui reposent plus sur le groupe ou davantage sur l’individu. Les deux tendances peuvent s’opposer et devenir un frein à la coopération internationale, mais il peut y avoir aussi des synergies plus puissantes. Ainsi, des états-majors composés de membres de nationalités diverses, sans prééminence excessive aucune, peuvent profiter de la complémentarité des approches pour mieux développer et ensuite mettre en œuvre des stratégies militaires. En plus, les états-majors multinationaux constituent des lieux adéquats au rapprochement des cultures stratégiques militaires. Ainsi, des efforts supplémentaires doivent être déployés pour augmenter le nombre de ces états-majors au sein de l’UE et les employer en exercices et en opérations.
Enfin, pour favoriser la convergence des cultures stratégiques, il faut approfondir l’interopérabilité des armées européennes et de leurs équipements, moyennant des coopérations plus fréquentes et avec des rotations fixées au long terme d’unités désignées de différents pays européens, dans des cadres divers (Otan, UE, bilatéral, multilatéral), ainsi que favoriser la création des unités multinationales et leur emploi en opérations. Par ailleurs, la formation des industries de défense qui produisent et vendent à l’échelle européenne serait aussi un atout à l’égard de l’interopérabilité technique.
En prévision des scénarios de sécurité possibles, comme celui d’un désengagement des États-Unis de la défense européenne en raison de sa priorité pour la région Indo-Pacifique, il faudrait approfondir la cohésion européenne. Dans de tels scénarios, il faudrait maintenir et pousser les états-majors opérationnels de l’Otan, ses postes de commandement de la défense aérienne intégrée, ses forces multinationales de réponse rapide, etc., sous un chapeau européen le cas échéant. À cet égard, la convergence des cultures stratégiques européennes à travers l’approfondissement de la coopération des outils militaires nationaux semble indispensable.
(1) Coutau-Bégarie Hervé, « La stratégie en tant que culture », Traité de Stratégie, Économica, 2011, p. 433-479.
(2) Ibidem., p. 447-450.
(3) Rosa Paolo, Strategic Culture and Italy’s Military Behavior, Lexington Books, 2016, p. 54.
(4) Coutau-Bégarie H., « La stratégie en tant que culture », op. cit., p. 448.
(5) Vasquez John A., The War Puzzle, University Press, 1993, p. 220-223, cite par Rosa P., op. cit., p. 131.
(6) Arteaga Félix, « Spain », in Biehl Heiko, Giegerich Bastian et Jonas Alexandra (dir.), Strategic Cultures in Europe, Springer VS, 2013, p. 340-341.
(7) Bergstrand Anna et Engelbrekt Kiegel, « To Deploy or Not to Deploy a Parliamentary Army? German Strategic Culture and International Military Operations », in Britz Malena (dir.), European Participation in International Operations, Palgrave Macmillan, 2016, p. 49-54.
(8) Ruffa Chiara, « Just Deploy and Call it Peacekeeping! Italian Strategic Culture and International Military Operations», in Britz M. (dir.), op. cit., p. 106-107.
(9) Rosa P., op. cit., p. 118-121.
(10) Arteaga F., op. cit., p. 334.
(11) Hanon Jean-Paul, « Policiers et militaires en Allemagne : le nouvel agencement », in Dessberg Frédéric, Malis Christian et Davion Isabelle (dir.), Les Européens et la guerre, Publications de la Sorbonne, 2013, p. 343-352.
(12) Arteaga F., op. cit., p. 337-340.
(13) Tenenbaum Élie et Péria-Peigné Léo, Zeitenwende, la Bundeswehr face au changement d’ère, Études de l’Ifri, nº 116, 2023, 94 pages, p. 26 (https://www.ifri.org/).
(14) Ibidem.
(15) Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), Revue nationale stratégique 2022, 9 novembre 2022, 60 pages (www.sgdsn.gouv.fr/).
(16) HM Government, Intergrated Reviw Refresh 2023, 13 mars 2023, 63 pages (https://assets.publishing.service.gov.uk/).
(17) Strachan Hew, « The British Way in Warfare », in Dessberg F., Malis C. et Davion I. (dir.), op. cit.
(18) Colson Bruno, « La culture stratégique française », Stratégique, n° 53, 1992-1 (https://web.archive.org/web/20211201004115/http://www.institut-strategie.fr/strat_053_Colson.html).
(19) Hellman Maria, « Assuming Great Power Responsibility: French Strategic Culture and International Operations », Britz Malena (dir.), op. cit., p. 26-28.
(20) Britz Malena, « Continuity or change? British Strategic Culture and International Military Operations », in Britz M. (dir.), op. cit. p. 156-160.
(21) À la suite de l’attaque terroriste du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Tel Aviv a mené des offensives sur la bande de Gaza. En soutien au Hamas, les Houthis yéménites, soutenus par l’Iran, ont mené des frappes contre des navires marchands israéliens et occidentaux en mer Rouge dans le détroit de Bab-el-Mandeb, passage stratégique vers le canal de Suez. Les Occidentaux ont décidé de protéger les navires marchands contre les tirs Houthis.
(22) Guitton Alice, « Dixième anniversaire des traités de Lancaster House », 2 novembre 2020, RDN, n° 834, novembre 2020, p. 29-33 (https://www.defnat.com/e-RDN/vue-article.php?carticle=22485&cidrevue=834).
(23) Colson B., op. cit.
(24) Macron Emmanuel, « Conférence de soutien à l’Ukraine », Élysée, 27 février 2024 (www.elysee.fr/).
(25) Xerri Ambre, « Des troupes en Ukraine ? L’idée avancée par Macron largement rejetée par les Européens », L’Express, 27 février 2024 (www.lexpress.fr/).
(26) Conseil de l’Union européenne, « Solidarité de l’UE avec l’Ukraine » (www.consilium.europa.eu/).
(27) Tupinier Vincent, « L’Union européenne lance l’opération “Aspides” contre les attaques houthistes », Toute l’Europe, 20 février 2024 (www.touteleurope.eu/).
(28) Coutau-Bégarie H., « Unité et diversité des cultures stratégiques en Europe », op. cit., p. 227.
(29) Coutau-Bégarie H., « La stratégie en tant que culture », op. cit., p. 476.
(30) Britz M., « Continuity or change? British Strategic Culture and International Military Operations », op. cit., p 159.
(31) Coutau-Bégarie H., « La stratégie en tant que culture », op. cit., p. 449.
(32) Colson B., « La culture stratégique française », op. cit.
(33) Jiménez Rodriguez Manuel M., « Cultura estratégica militar española y aviacion militar », Revista de Pensamiento Estratégico y Seguridad CISDE, 2021, vol. 6, n° 2, p. 89.
(34) Strachan H., « The British Way in Warfare», op. cit., p. 242-245.
(35) Smith R., The Utility of Force. The Art of War in the Modern World, London, 2005, part 3, cité par Strachan H., op. cit., p. 245.
(36) Citino R.M., « The German Way of War Revisited » in Dessberg F., Malis C. et Davion I. (dir.), op. cit., p. 253-254.
(37) Lundi Saxe Hakon, « German Military Strategy: Culture Eats Strategy for Breakfast », in Matlary Janne Haaland et Johnson Rob (dir.), Military Strategy in the 21st Century. The Challenge for NATO, Hurston & Company, 2020, p. 385.
(38) Coutau-Bégarie Hervé, « Unité et diversité des cultures stratégiques en Europe », op. cit., p. 226.
(39) Camon Hubert, La Guerre napoléonienne, p. 21, cité par Coutau-Bégarie, Traité de Stratégie, p. 411-412.
(40) Colson Bruno, op. cit.
(41) Liddell Hart Basil H., Strategy (1954), Meridian, 1991, p. 110, 119 et 181.
(42) Reverte Jorge M., « La guerra según Rojo », in Rojo Vicente, Historia de la Guerra Civil española, RBA Libros (Kindle), 2017, p. 69-72.
(43) Coutau-Bégarie H., « La stratégie en tant que culture », op. cit., p. 449-450.
(44) Coutau-Bégarie H., « Unité et diversité des cultures stratégiques en Europe », op. cit., p. 227-228.
(45) Quatrefages René, Los Tercios, Ministerio de Defensa, 2015, p. 243-245.
(46) Cortada James W., La guerra moderna en España, RBA, 2014, p. 354.
(47) Citino Robert M., The German Way of War, University Press of Kansas, 2005, p. 307-310.
(48) Bundeswehr, « Entretien avec le GenLt Peter Bohrer sur le thème : Leadership », 19 septembre 2019 (www.bundeswehr.de/).
(49) Smith Rupert, « Mission Command—So What’s New? », in Risso Linda (dir.), Mission Command and Leadership on Operations since 1991, Centre for Army Leadership, 2024, p. 7.
(50) Ruiz Benitez Antonio, « Liderazgo y gestión del talento », Revista Española de Defensa, nº 361, 2019, p. 43.
(51) Coutau-Bégarie H., « Unité et diversité des cultures stratégiques en Europe », op. cit., p. 228.
(52) Weber Claude et Haddad Saïd, « Les forces françaises au Liban : un mandat dans l’ombre du passé », in Dessberg F., Malis C. et Davion I. (dir.), op. cit., p. 302-309.
(53) Weber C. et Haddad S., op. cit., p. 310.
(54) Ministère des Armées (Minarm), « CaMo. Une coopération européenne inédite entre la France et la Belgique », 17 juin 2022 (www.defense.gouv.fr/).
(55) Tenenbaum É. et Péria-Peigné L., op. cit., p. 67-68.