Les objectifs de la Chine en matière de politique étrangère restent le rajeunissement national et l’accession à la première place mondiale d’ici à 2049. Xi Jinping, qui a consolidé sa position au sein du PCC, se concentre sur la réalisation de ces objectifs tout en conservant le soutien populaire en démontrant la force de la Chine à son peuple. La Chine s’est éloignée du Soft Power pour se tourner vers un usage plus coercitif du pouvoir. L’Europe l’a constaté : la Chine est devenue de plus en plus agressive dans la manière dont elle a cherché à atteindre ses objectifs, que ce soit par des cyber-attaques ou en soutenant l’invasion de l’Ukraine par la Russie. La capacité de réaction de l’Europe est limitée en raison de la nature interconnectée des économies européennes. En réponse, l’Europe devra se défendre contre les menaces posées par la Chine tout en maintenant des relations diplomatiques.
Évolution de la menace chinoise sur la sécurité européenne
En mars 2024, le Times (1) a rapporté que depuis 2021, la base de données de la commission électorale avait fait l’objet d’un piratage important. Les cibles des pirates comprenaient également des députés et des membres de la Chambre des Lords qui s’étaient exprimés ouvertement contre le régime chinois. Les pirates ont été identifiés et liés à une cellule de piratage parrainée par l’État chinois. Bien que les raisons de ce piratage ne soient pas claires, on pense qu’il a permis à la Chine d’obtenir des informations sur ceux qui la défient. Les ambitions mondiales de la Chine et le défi qu’ils posent préoccupent l’Occident depuis un certain temps. L’administration du Président Obama a évoqué un pivot vers la Chine dès 2011, mais depuis, la menace s’est accentuée. Dans sa National Security Strategy pour 2023 (2), le Président Biden a désigné la Chine comme son principal concurrent.
Dans ce contexte, cet article se penche sur la politique étrangère de la Chine et montre comment le Président Xi Jinping s’est davantage concentré sur la réalisation des étapes de sa politique étrangère en vue de faire progresser le rajeunissement de la nation chinoise sur tous les fronts par une voie chinoise de modernisation d’ici à 2049, date du centenaire de la République populaire de Chine (RPC). L’accent sera mis sur l’impact vis-à-vis de l’Europe et sur la manière dont la Chine cherche à contrôler sa population à l’étranger et utilise sa puissance économique pour influencer les décisions diplomatiques en sa faveur. Il soulignera également la profondeur des investissements stratégiques et les efforts de prédation des droits de propriété intellectuelle entrepris par la Chine afin de prendre l’avantage dans ses ambitions de modernisation. L’article soulignera également l’imbrication des économies de l’Europe et de la Chine, et le fait qu’elles resteront interdépendantes à l’avenir. Toutefois, si le contrôle accru imposé par l’Union européenne (UE) sur les investissements chinois est observé collectivement, il demeure possible d’empêcher la Chine de saper les fondations de l’UE.
La politique étrangère de la Chine
La Chine a connu pas moins de cinq guerres entre 1839 et 1949, au cours du « siècle de l’humiliation nationale » (3). Cette période de l’histoire a vu la Chine non seulement vaincue, mais l’idée qu’elle se faisait de sa supériorité a également été ébranlée (4) et, n’ayant pas adopté les processus occidentaux, elle a pris un retard considérable par rapport à ces derniers. Cette période de l’histoire s’est achevée en 1949 avec la création de la République populaire de Chine et du Parti communiste chinois (PCC), celui-ci ayant unifié et renforcé le pays afin d’éviter toute nouvelle agression. La politique étrangère qui en a résulté a consisté à chercher à regagner sa place sur la scène internationale et à maintenir le parti au pouvoir.
À l’occasion de son discours inaugural en tant que secrétaire général du Parti communiste chinois, le 29 novembre 2012, Xi Jinping a fait référence au Siècle de l’humiliation nationale lorsqu’il a parlé d’embrasser le Rêve chinois (5) en déclarant en tant que président du PCC : « Notre responsabilité est d’unir et de diriger tout le peuple de la Chine tout en acceptant le bâton de l’histoire et en continuant à travailler pour réaliser le grand renouveau de la nation chinoise afin de permettre à la nation chinoise de se tenir plus fermement et plus puissamment parmi toutes les nations du monde et d’apporter une plus grande contribution à l’humanité » (6). La Chine s’est fixée comme objectifs à long terme de se moderniser d’ici 2035 et de réaliser le rajeunissement de sa population d’ici 2049, date à laquelle elle espère devenir une puissance démocratique, civilisée et socialiste moderne. En 2015, le président Xi a précisé sa définition d’une Chine démocratique comme étant une « démocratie de grand pays avec des caractéristiques chinoises » (7) par laquelle il cherche à consolider la gouvernance mondiale en renforçant le multilatéralisme et la coopération internationale. Cette aspiration a conduit à se demander si la Chine avait l’intention de transformer l’ordre mondial à son profit et s’il était à sa portée de le faire. En tant que championne du Sud global, la Chine se présente à la fois comme la gardienne de « l’ordre d’après 1945 » et comme « la championne de l’anti-impérialisme non-occidental du monde post-colonial » (8). L’un des éléments les plus importants du rajeunissement de la Chine est peut-être la réintégration de ses anciens territoires, notamment Taïwan et les mers de Chine méridionale et orientale.
La voie du rajeunissement selon Xi Jinping
Ces dernières années, la politique étrangère de la Chine est devenue peu à peu plus agressive. Elle est connue sous le nom de « diplomatie du guerrier » et cherche à imposer ses objectifs de politique étrangère. Désormais, le terme « Xiplomatie » (9) est ainsi utilisé pour désigner l’intensification de l’activité de politique étrangère chinoise. Xi Jinping considère sa politique extérieure comme un prolongement de sa politique intérieure, ce qui lui permet de conserver le soutien du peuple chinois en démontrant la force de la Chine sur la scène internationale. Ce faisant, il pense pouvoir conserver le soutien du PCC au sein duquel il s’est imposé comme le principal dirigeant (10), ce qui lui a permis, d’ailleurs, d’abolir la limite de deux mandats présidentiels (11) et d’asseoir ainsi pour longtemps son pouvoir.
La position de Xi Jinping s’est éloignée du soft power de son prédécesseur Hu Jintao pour s’orienter vers le hard power. Cette transition s’est reflétée dans le langage qu’il a utilisé dans le dernier rapport annuel du travail (12) où les termes « sécurité » et « sûreté » ont été utilisés 89 fois, contre 55 en 2017 (13). La Chine s’efforce désormais d’exercer une plus grande influence sur les décisions diplomatiques des autres pays par le biais de la coercition économique. Les investissements économiques importants de la Chine dans le cadre de la stratégie des « Routes de la soie » (Belt and Road Initiative – BRI) ont ainsi été un outil clé de sa politique étrangère lui permettant d’exercer cette influence.
La loyauté envers Xi Jinping est au cœur de la « Xiplomatie ». Cela a conduit à une nette augmentation du nombre de nationalistes dans les rangs des diplomates chinois. C’est le cas de Lijian, diplomate de rang intermédiaire au Pakistan, qui a posté plusieurs tweets enflammés défendant la Chine, lesquels ont été remarqués et lui ont valu d’être promu porte-parole du ministère des Affaires étrangères (14). L’autoritarisme croissant au sein du gouvernement de M. Xi a également entraîné une restriction de la réflexion et une censure au sein des rapports gouvernementaux internes, ce qui a conduit à ce que seules les informations favorables soient diffusées (15). Une telle dérive n’est pas sans inconvénients en Russie, par exemple, où les risques de l’opération militaire spéciale en Ukraine n’ont pas été présentés de façon objective au Président russe qui a pris ses décisions sur la base d’informations erronées par la censure interne (16). Afin de comprendre comment la politique étrangère chinoise est mise en œuvre, l’historien indien, spécialiste de la Chine, Rana Mitter explique que les objectifs de la Chine devraient être analysés en considérant la puissance formée par la combinaison de l’Autoritarisme, du consumérisme, des ambitions mondiales et de la technologie (ACGT) (17). Rana Mitter suggère qu’à l’instar de l’ADN, ces éléments peuvent être réorganisés pour produire différents résultats politiques en fonction des besoins. En considérant le pouvoir de la Chine de cette manière, il est plus facile de voir comment toutes ses activités peuvent être liées à son aspiration à long terme pour faire progresser le « rajeunissement » de la nation chinoise sur tous les fronts.
Le soft power de la Chine
La Chine a cherché à influencer les pays occidentaux en contrôlant le discours chinois et le cas échéant, en recourant à la coercition. Les instituts Confucius ont été particulièrement efficaces. Financés par le gouvernement chinois, ils proposent des cours de chinois gratuits dans les établissements d’enseignement supérieur. En dispensant des cours en Occident, la Chine parvient ainsi à diffuser sa culture et son histoire. Plus récemment, elle a menacé de retirer ses instituts si l’université bénéficiaire agissait ou prenait des positions contraires aux intérêts de la Chine, comme la reconnaissance de Taïwan (18). Certains instituts en Europe sont allés plus loin et ont été accusés d’espionnage par les États qui les accueillaient, ce qui a entraîné leur fermeture (19). Cette évolution vers une politique plus agressive a conduit à la réduction de deux tiers du nombre d’instituts Confucius aux États-Unis (20), dont une cinquantaine demeurent en activité, alors qu’ils sont restés stables en Europe, avec 170 instituts. Sous Xi Jinping, les Associations d’étudiants et d’universitaires chinois (Chinese Students and Scholars Association – CSSA) sont désormais bien financées. Elles soutiennent les étudiants chinois, y compris ceux de la diaspora qui ne possèdent plus de passeport chinois. Le rôle des représentants des CSSA est très vaste et va de l’accueil des étudiants à l’aéroport jusqu’à l’aide sociale. Cependant, ils sont souvent alignés sur les missions diplomatiques et ont cherché à influencer les opinions des étudiants qui ne soutiennent pas la Chine. Il est ainsi arrivé que des étudiants refusent de partager leur point de vue dans des universités occidentales par crainte de représailles et cela semble avoir été particulièrement efficace pour les étudiants qui ont de la famille en Chine. Cette approche lui a permis d’exercer un certain contrôle sur les 65 000 citoyens qu’elle a parrainés dans des universités occidentales. Les étudiants sont tenus de « soutenir la direction du PCC », ce qui implique parfois le transfert d’informations confidentielles. Ceux qui ne se conforment pas à cette règle risquent de voir leur parrainage annulé et leur famille obligée de rembourser celui-ci.
Le gouvernement du Président Xi a également utilisé les parrainages institutionnels pour cultiver des relations afin d’influencer les opinions en faveur de la Chine. Ainsi, à Bruxelles, sa mission auprès de l’UE a financé et parrainé des rapports avant le sommet UE-Chine de 2017. Elle a également créé en Hongrie le premier groupe de réflexion européen contrôlé par Pékin. Dans des domaines plus conventionnels, la Chine a investi 7 milliards de dollars dans les médias afin d’influencer, à la fois, la diaspora et les publics extérieurs (21). Elle a mis en place des médias contrôlés par le gouvernement (22) avec des antennes en langue locale en Europe, notamment en France, en Allemagne et en Pologne (23). Par ailleurs, des accords d’échange de contenu médiatique visent à permettre à Pékin d’exercer une influence par l’intermédiaire des médias occidentaux. Le China Daily échange des articles avec des publications européennes telles que Le Figaro (24) chaque semaine.
La Chine est également fière de sa diplomatie. Si les diplomates débutants n’ont pas l’autorité nécessaire pour agir, les diplomates chinois ont suffisamment de pouvoir pour agir de leur propre initiative. Pékin continue de chercher à développer des relations avec les pays considérés comme « amis » bien que cette approche traditionnelle ait perdu de son importance ces dernières années. Par le charme, les banquets et la flatterie, elle cherche ainsi à manipuler le sentiment de bonne volonté, d’obligation et de culpabilité (25). L’une des cibles les plus notables a été Henry Kissinger. La diplomatie chinoise sait traditionnellement ce qu’elle veut et reste suffisamment souple pour flatter les étrangers. Le Royaume-Uni a ainsi été la cible de cette stratégie. Lord Cameron, lorsqu’il était Premier ministre britannique, a adopté une posture favorable à la Chine, ce qui lui a permis d’accueillir une visite d’État du président Xi Jinping en octobre 2023, à la suite de laquelle des opportunités d’investissement en Chine ont été obtenues par le Royaume-Uni. Elle offre également des postes de responsabilité dans des entreprises chinoises à d’anciens hauts fonctionnaires européens, y compris d’anciens Premiers ministres et ministres des Affaires étrangères, afin de cultiver son influence.
L’application de la puissance économique par la Chine
La plus connue de ses politiques étrangères est l’initiative « des Routes de la soie », dont les sous-ensembles sont la Route de la soie maritime, la Route de la soie numérique et, plus récemment, la Route de la soie sanitaire, qui a démarré en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19 et qui s’est étendue au-delà de la BRI. Selon le China Post, en mars 2022, 170 pays avaient signé des accords de coopération dans le cadre de la BRI, ce qui lui confère une portée véritablement mondiale. En 2012, avant la BRI, la Chine a établi le cadre 17+1 (26) qui visait les États des Balkans occidentaux, neuf pays d’Europe centrale et orientale ainsi que la Grèce, en 2018. Le projet visait à promouvoir une coopération globale entre la Chine et les 17 pays, dont 12 ont adhéré bilatéralement à la BRI en tant que mécanisme de financement alternatif attrayant aux prêts lents et conditionnels de l’UE (27).
Avec les partenariats bilatéraux et multilatéraux établis par la Chine, un cadre a ensuite été mis en place, comportant notamment un secrétariat. Des sommets annuels pour les chefs d’État et de gouvernement ont été créés, ainsi que des fonds d’investissement et de recherche pour la coopération dans les affaires politiques, économiques et culturelles (28). À l’époque, on craignait un conflit d’intérêts étant donné les opportunités économiques offertes aux 17 pays concernés, d’autant plus que 12 d’entre eux étaient membres de l’UE et que les 5 autres étaient candidats à l’entrée dans l’UE. Plusieurs fonctionnaires de l’UE ont ainsi vu dans les investissements réalisés par l’intermédiaire du groupe 17+1 une tentative de la Chine d’acquérir une influence politique dans la région européenne et dans l’UE (29). En effet, il est prouvé qu’au lieu d’offrir la stratégie gagnant-gagnant promise, la Chine a bénéficié d’avantages considérables aux dépens du pays d’accueil. Une enquête de la Chambre de commerce européenne sur la confiance des entreprises a montré que de nombreuses sociétés européennes étaient discriminées par rapport à leurs homologues chinoises (30). Malgré ces inquiétudes, les dirigeants européens ont accueilli favorablement les investissements chinois, dont beaucoup concernaient des Infrastructures nationales essentielles (INA). La Pologne a bénéficié d’investissements dans les autoroutes et de l’achat de participations dans la production d’énergie polonaise. Si le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, reste particulièrement favorable aux bénéfices des investissements, il utilise également sa relation avec la Chine comme outil de négociation avec l’UE, notamment sur les questions des droits de l’homme et de l’immigration. La Hongrie a bénéficié d’un soutien important pour les questions relatives à la Chine au sein de l’UE. Elle est devenue le siège régional de la Banque de Chine, de quatre instituts Confucius et a attiré 2 milliards d’euros d’investissements étrangers directs (31).
Avec plus de 2 Mds € de contrats d’infrastructure attribués à des entreprises chinoises en Croatie et un contrat de 33 ans pour le développement et l’entretien de l’autoroute Banja Luka-Split, le Premier ministre croate Andrej Plenkovic a défendu la Chine en tant que « partenaire important pour la construction d’infrastructures ». La Croatie a également joué un rôle actif dans le renforcement des liens entre l’UE et la Chine. Lors d’une visite en 2019, le Premier ministre chinois Li Keqiang a souligné le rôle central joué par les 17+1 dans le renforcement de la coopération entre les nations (32). Le ministre albanais des Affaires étrangères, Igli Hasani s’est montré désireux d’exporter des produits agricoles vers la Chine dans l’espoir de stimuler le commerce bilatéral. Il a approuvé l’obtention par un gestionnaire d’actifs chinois des droits de concession de l’aéroport national de Tirana, ainsi que des investissements importants dans les champs pétrolifères de Patos-Marinza (33).
Comme la plupart des pays du groupe 17+1, la Croatie s’est tournée vers la Chine pour obtenir un soutien et des investissements en raison du manque d’opportunités de développement offertes par l’UE et, surtout, de la possibilité d’accroître les échanges commerciaux. Les motivations de la Chine, tout en bénéficiant d’avantages économiques, étaient surtout axées sur le renforcement de sa capacité à influencer les politiques de l’UE, sur l’établissement de relations positives avec ses partenaires bilatéraux et sur une plus grande conformité politique. Elle a également cherché à influencer positivement les relations entre l’UE et la Chine.
Préoccupées par les actions et la rhétorique pro-chinoises, en particulier celles des 17+1, l’UE et la Chine ont conclu en décembre 2020 un accord global sur l’investissement dans le cadre duquel Pékin s’est engagé à améliorer l’accès au marché pour les investisseurs européens, à traiter plus équitablement les entreprises européennes dans le cadre des appels d’offres, à mettre en place des règles contre le transfert forcé de technologies et à promouvoir le développement durable (34). La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, espère que « l’accord engagera la Chine sur la voie de la transparence et de la non-discrimination et rééquilibrera nos relations économiques avec la Chine » afin de suivre un programme commercial fondé sur des valeurs (35). Les investissements de plus en plus importants de Pékin dans les infrastructures nationales critiques et le soutien clair qu’elle peut obtenir grâce à ses relations bilatérales et du forum 17+1, illustre la menace crédible que la Chine représente seulement pour la cohésion européenne. La Chine est ainsi capable d’empêcher, et a de fait empêché jusqu’à présent, un alignement cohérent des politiques sur le continent.
L’imbrication des relations financières entre l’Europe et la Chine
L’Europe a une dépendance économique asymétrique vis-à-vis de Pékin. Elle reçoit 4 % des exportations totales de la Chine (36), mais cette dernière considère également l’Europe comme un réservoir important de propriété intellectuelle qu’elle cherche à exploiter à son profit. Pour l’Europe, la Chine représente 15 % de ses exportations et c’est ce qui lui donne un effet de levier dans ses relations avec le Vieux Continent. En 2019, 28 % de ses investissements directs à l’étranger ont été réalisés en Europe, soit plus que sur n’importe quel autre marché, à l’exception de l’Asie. Entre 2008 et 2019, on estime que les particuliers et les entreprises ont investi au total 335 Mds de dollars (37). Les entreprises chinoises ont investi dans la recherche et le développement (R&D) et ont cherché à manipuler les accords à leur avantage, notamment en cherchant à s’approprier des technologies pour les propres marchés de la Chine (38).
S’agissant de ses investissements extérieurs, la Chine a récemment été plus attentive et disciplinée. Deux raisons permettent de l’expliquer. D’abord, elle s’efforce d’atteindre les objectifs fixés dans le cadre de l’initiative « Made in China 2025 », une initiative industrielle menée par l’État qui vise à faire de la Chine un pays dominant au niveau mondial dans le domaine de la fabrication de haute technologie (39). Ensuite, cela permet de contrôler les investissements de l’élite, qui se déplace de plus en plus à l’étranger et qui a utilisé les investissements à l’étranger comme une opportunité pour sortir sa richesse de Chine. Environ 10,5 millions de Chinois vivent en dehors de la Chine continentale. Depuis 1990, le nombre de Chinois s’installant à l’étranger a doublé et il a augmenté de manière significative depuis 2000. La pandémie de Covid-19 a encore renforcé le désir de l’élite de s’expatrier en raison du succès tardif de la lutte contre la pandémie, de l’économie chancelante et du taux de chômage élevé chez les jeunes. Certains de ceux qui vivent à l’étranger font partie des plus riches du pays. En 2023, 18 % des 900 milliardaires chinois vivaient à l’étranger, contre 6 % en 2019. La moitié des citoyens chinois vivant à l’étranger habitent en Occident (40). L’ampleur des investissements personnels en dehors de la Chine et la crainte que les particuliers et les entreprises investissent simplement à l’étranger pour exfiltrer leur richesse de la Chine continentale sont à l’origine du contrôle accru des investissements extérieurs.
Ceux-ci se sont concentrés sur les infrastructures critiques, mais aussi sur des technologies stratégiques telles que les circuits intégrés, les communications à large bande, l’intelligence artificielle (IA) et les produits biopharmaceutiques. Ces investissements visent à la fois la propriété intellectuelle et le recrutement de talents étrangers. C’est cette quête d’acquisition de technologies de ce type qui motive l’intérêt de la Chine pour l’Europe (41). En 2013, une société appartenant à la ville de Yantai a ainsi acquis Manoir Industries, une entreprise française spécialisée dans les tubes et les aiguilles en acier pour l’industrie nucléaire civile. Manoir Industries a ensuite racheté d’autres entreprises essentielles en Europe et en Inde. En 2017, cette société détenait ainsi un quasi-monopole sur les éléments essentiels du traitement des déchets nucléaires. La Chine souhaitait en effet, et depuis longtemps, avoir la possibilité de contrôler l’élimination des déchets. L’achat par la Chine d’une société irlandaise de location d’avions qui a ensuite étendu ses activités aux États-Unis, devenant ainsi la troisième plus grande société de location au monde constitue un autre exemple emblématique de cette stratégie (42).
La Chine a passé les deux dernières décennies à développer un quasi-monopole sur la fourniture d’éléments de terres rares (REE) au marché européen contestant la place occupée historiquement par les États-Unis, dont la production nationale a diminué graduellement en raison de coûts élevés de production et de préoccupations environnementales croissantes. Ces investissements chinois contrastant avec le manque de terres rares naturelles et d’investissements en Europe, les entreprises de haute technologie de pays tels que la Suède, l’Allemagne, l’Irlande, les Pays-Bas et le Royaume-Uni dépendent de manière disproportionnée de la chaîne d’approvisionnement chinoise, ce qui donne à Pékin la possibilité de faire pression sur ces pays en menaçant de la couper. Les six fournisseurs chinois fixent également des prix artificiellement élevés et limitent l’accès des consommateurs afin de garantir l’approvisionnement au profit de l’économie et de la sécurité de la Chine (43). La surveillance accrue et la suspicion à l’égard des activités d’investissement chinoises ont poussé Pékin à accroître encore son avantage technologique grâce à des moyens plus discrets et plus indirects. La Chine utilise désormais des réseaux complexes de sociétés chinoises de capital-risque et de petites sociétés chinoises, qui appartiennent ou seront plus tard détenues par des sociétés gouvernementales plus importantes, dans le but d’acheter de petites sociétés occidentales. Cela lui permet d’accéder aux marchés dont elle a besoin, mais aussi à une échelle qui lui permet d’éviter la surveillance de l’Europe.
Plusieurs rapports indépendants ont mis en évidence que des entreprises chinoises ont subi des pressions de la part de leur gouvernement pour intégrer des portes dérobées dans leurs produits (44). Aux États-Unis, cela a conduit des organisations gouvernementales à cesser d’acheter des technologies chinoises. La majorité des États européens ont considéré qu’ils faisaient face à une menace similaire, ce qui les a amenés à s’opposer au déploiement sur leur territoire de réseaux 5G par la société chinoise Huawei, leader mondial du domaine. Toutefois, au sein de l’UE ce problème n’est pas abordé de façon centralisée, ce qui permet à chaque pays d’adopter sa propre position (45) mais expose chacun à des interférences de la Chine sur leur réseau 5G.
Conformité à la volonté chinoise
La Chine a cherché à utiliser les accords bilatéraux pour atténuer l’opposition et affaiblir l’UE. Elle propose ainsi des investissements de gré à gré aux pays plutôt que de participer à des appels d’offres transnationaux. Cette méthode a principalement été utilisée pour atténuer les critiques des pays à l’égard de la Chine sur ses actions en mer de Chine méridionale et son bilan en matière de droits de l’homme. En échange de positions conciliantes sur ces sujets, les pays se voyaient ainsi proposés, des conditions plus favorables que s’ils devaient concourir dans le cadre de la procédure d’appel d’offres de l’UE (46). Une étude portant sur un certain nombre d’investissements bilatéraux dans les pays des Balkans occidentaux a révélé que la législation nationale en matière de marchés publics dans les pays bénéficiaires était contournée pour garantir que l’entreprise chinoise favorisée serait désignée. En retour, le pays bénéficiaire a pu nommer des sous-traitants locaux pour 30 à 49 % de la valeur totale du contrat (47). La capacité de la Chine à influencer la prise de décision d’un pays tiers est évidente dans ses accords de prêt. Au contraire de l’UE dont les prêts sont conditionnés à la réalisation de réformes ou de projets convenus, la Chine tend, en revanche, à appliquer la conditionnalité à la qualité de la relation du bénéficiaire avec elle. Par exemple, un accord entre le Monténégro et la Chine pour la construction du pont Djurdjevic comprenait ainsi une clause stipulant que l’accord pouvait être résilié pour des raisons politiques ou diplomatiques (Gouvernement du Monténégro 2020) (48). L’ire de la Chine a été ressentie par la Macédoine du Nord lorsque Huawei a été exclu d’un appel d’offres pour la seconde phase du développement du réseau numérique du pays, à la suite de quoi tous les travaux de la première phase ont été interrompus (49). Un autre facteur dissuadant de contester ou de violer les conditions d’un accord de prêt est le fait qu’en cas de litige, c’est la législation chinoise qui s’applique. Tout litige est arbitré par la Commission d’arbitrage chinoise pour l’économie et le commerce international, ce qui remet en question toute objectivité (50). En 2021, alors que les pays européens exprimaient une vive inquiétude en raison des risques de sécurité posés par la 5G de Huawei, le bureau du président de la République tchèque recevait des tablettes Huawei gratuites et déclarait publiquement que Huawei ne posait aucun risque pour le réseau 5G de son pays (51). Le Président d’alors, Milos Zeman (2013-2023), est allé plus loin en réprimandant publiquement son ministre de la Culture pour avoir rencontré le Dalaï-Lama en 2016 (52) anticipant ce faisant une éventuelle réaction défavorable de la part de Pékin.
L’une des manifestations les plus significatives des investissements dans les infrastructures de la BRI générant une conformité et des résultats positifs de la part des membres du 17+1 s’est produite en juillet 2016 lorsque la Hongrie, la Croatie et la Grèce (qui n’avaient pas encore rejoint le cadre) ont bloqué une déclaration de l’UE après que la Cour internationale d’arbitrage a statué contre les revendications de Pékin dans la mer de Chine méridionale. La publication qui s’est ensuivie a été une déclaration très fade qui s’est contentée de reconnaître un engagement à « maintenir un ordre juridique des mers et des océans » plutôt qu’une déclaration ferme et unie contre les politiques de la Chine dans la région (53).
En 2021, alors que la Lituanie annonçait l’ouverture d’une représentation de Taïwan à Vilnius en privilégiant contrairement à l’usage habituel le nom de « bureau de représentation de Taïwan » à celui de « bureau de représentation de Taïpei », Pékin a riposté en résiliant unilatéralement un accord de commerce avec la Lituanie qui avait rejoint la BRI en 2017, ce qui a été à l’origine de pertes de 320 M $ pour Vilnius (54). Si Pékin espérait que cette démarche dissuaderait d’autres pays de se désaligner par rapport à sa politique, l’effet inverse a été obtenu puisque les relations avec les pays d’Europe de l’Est ont été endommagées et que la Lituanie s’est retirée des 17+1. De plus, si les pays européens fortement dépendants de la Chine voulaient initialement éviter une confrontation, le comportement de la Chine a finalement été jugé suffisamment insupportable pour que l’UE saisisse l’Organisation mondiale du commerce (OMC) afin d’arbitrer les restrictions imposées par la Chine à la Lituanie.
Perte de confiance dans la Chine
Depuis quelques années, la communauté internationale se montre plus critique à l’égard des méthodes agressives employées par la Chine. Le comportement chinois à l’égard de la Lituanie, initialement toléré par les pays ayant d’importants intérêts économiques en Chine, a ainsi finalement été condamné par la plupart des pays européens. En outre, le soutien de la Chine à l’agression russe a semé la consternation parmi les pays d’Europe de l’Est pourtant au centre de la diplomatie chinoise en Europe. Ainsi, la Chine a reconnu que l’expansion de l’Otan avait été la cause de la guerre et a accepté les revendications russes selon lesquelles l’Otan devait revenir à sa composition d’avant 1997. Les pays les plus concernés sont pour la plupart les pays du groupe 16+1, qui craignent de subir le même sort que l’Ukraine. Illustration de la défiance croissante à l’égard de la Chine, la République tchèque a adopté récemment une position dure en l’accusant d’intimider Taïwan (55).
L’initiative 16+1, d’abord prometteuse, s’est finalement révélée remarquablement improductive. De nombreux projets ont été entachés de corruption et n’ont pas pu être financés. Parmi les promesses non tenues, figure le projet de ligne ferroviaire à grande vitesse entre Belgrade et Budapest évoquée en 2013 par la Chine, la Hongrie et la Serbie lors d’un sommet 16+1 à Bucarest. Ce projet de 3 Mds $, présenté comme la plus importante initiative de la BRI en Europe, devait être le symbole du nouveau partenariat avec la Chine. Dix ans plus tard, la ligne ferroviaire n’est toujours pas achevée et a fait l’objet d’accusations de corruption et de manque de transparence. Comme le souligne l’universitaire roumaine Andreea Brinza, le 16+1 est ainsi rapidement devenu « un sommet annuel présentant une pléthore de promesses et de projets non tenus » (56). Enfin, si les initiatives et les décisions d’investissements ont été prises par le gouvernement chinois en accord avec les gouvernements d’Europe de l’Est, elles ont été financées par des entreprises chinoises, dont les investissements ont ainsi été détournés des marchés d’Europe de l’Ouest pourtant plus stratégiques et rentables.
Les décisions du Président Xi semblent de fait prioritairement orientées par le désir de se maintenir au pouvoir, sa relation personnelle avec le Président Poutine et sa crainte des alliances occidentales plutôt que par la mise en œuvre d’une politique pragmatique envers l’Europe. La Chine en paie le prix puisqu’à ce jour, elle a perdu la majorité des soutiens dont elle bénéficiait parmi ses principaux défenseurs européens en raison de la menace importante que représente l’expansionnisme russe pour les membres du groupe 16+1. Cette déconvenue s’ajoutant à une économie chinoise post-Covid-19 en difficulté, un volume de main-d’œuvre en baisse, un marché de l’immobilier qui est passé de l’explosion à la débâcle ainsi qu’un système de libre-échange mondial fragmenté, le président Xi est donc désormais confronté au plus grand défi économique depuis les réformes de Deng Xiaoping dans les années 1990 (57).
L’avenir
Si la pandémie de Covid-19 a mis en évidence l’extrême dépendance commerciale européenne envers la Chine, bien au-delà des masques, un découplage des deux économies paraît exceptionnellement difficile à mettre en œuvre à court terme. En outre, l’efficacité d’un tel découplage est douteuse, comme l’illustre l’exemple des États-Unis qui se sont concentrés plutôt sur le commerce avec l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). Si le commerce américain avec la Chine s’est effectivement effondré (58), le commerce chinois avec les pays de l’ASEAN a, quant à lui, augmenté au cours de la même période ce qui peut laisser penser que les membres de l’ASEAN servent désormais d’intermédiaires pour le transit de produits chinois vers les États-Unis.
Concernant les relations de la Chine avec les États-Unis, si elles sont désormais plus stables, elles devraient rester fragiles à l’avenir. Il est en effet possible que les États-Unis restreignent davantage leurs échanges après les prochaines élections, quelle qu’en soit l’issue. La Chine estime en conséquence qu’elle doit accélérer encore son processus d’autosuffisance dans le domaine des hautes technologies pour être en mesure de se prémunir contre une agression américaine et pouvoir financer le développement de ses provinces. À cet égard, les ambitions du Président Xi en matière d’investissement intérieur sont énormes : 1 600 Mds $, soit l’équivalent de 43 % de l’ensemble des investissements des entreprises américaines en 2023 (59). Xi Jinping exprime également l’ambition d’augmenter de 75 % la capacité de ses usines, d’inverser la tendance baissière des investissements directs étrangers, et d’utiliser au maximum le levier de la puissance technologique pour facturer au prix fort aux entreprises occidentales l’utilisation des droits de propriété intellectuelle d’entreprises chinoises.
En dépit de ce volontarisme affiché, Xi Jinping doit également faire face à un certain nombre de fragilités de l’économie chinoise. Le Président Xi semble ainsi avoir sous-estimé l’importance des consommateurs et de leur confiance, particulièrement faible en Chine, comme en témoigne le nombre de milliardaires qui quittent le pays. Il est également enclin à élaborer des politiques irrégulières, ce qui est source d’incertitude. Par ailleurs, en ce qui concerne les dirigeants d’entreprises de haute technologie, la Chine est nettement en retard par rapport à l’Inde dont plusieurs ressortissants dirigent des entreprises majeures de la Tech telles que Microsoft (Satya Nadella), Alphabet (Sundar Pichai), PepsiCo (Indra Nooyi) et Adobe (Shantanu Narayen). Enfin, alors que la Chine lutte contre l’Amérique pour occuper la place de première puissance mondiale, la sécurité a pris le pas sur la prospérité et les experts économiques chinois ont progressivement été mis sur la touche.
Enfin, si l’administration Biden a maintenu de fragiles canaux diplomatiques de dialogue avec la Chine qui contrastent avec la méthode conflictuelle utilisée par l’administration Trump, le durcissement probable de la position américaine à l’égard de la Chine après les élections à venir aux États-Unis devrait accentuer encore les difficultés rencontrées par la Chine dans ses interactions mondiales.
Conclusion
L’ambitieuse politique étrangère de la Chine, qui consiste à faire progresser le « rajeunissement » de la nation chinoise sur tous les fronts d’ici 2049, comporte plusieurs étapes aussi ambitieuses les unes que les autres qui doivent être franchies dans les années à venir. La réalisation de progrès tangibles sera déterminante pour le président Xi, car ils confirmeront, aux yeux de la population chinoise, l’importance du PCC dans la restauration du prestige de la Chine sur la scène mondiale et consolideront ainsi sa position en tant que dirigeant. Dans le même temps, la Chine tente de sortir d’une situation de stagnation économique grâce à des plans d’investissement particulièrement ambitieux dont l’échec pourrait entamer sérieusement la crédibilité des dirigeants chinois. Les relations tendues avec les États-Unis, qui pourraient se dégrader après les élections américaines, compliquent la tâche et accentuent encore la pression sur Xi Jinping. Dans ce contexte, l’avenir apparaît des plus imprévisible, d’autant que les diplomates et les économistes semblent tenus à l’écart de la prise de décision par le président Xi. En tout état de cause, la pression exercée sur l’administration par le dirigeant chinois continuera à déterminer les actions de la Chine dans les années à venir.
L’Europe devra rester vigilante. La dépendance asymétrique de son économie à l’égard de la Chine constitue une menace avérée et un découplage paraît très difficile à court terme. Toutefois, le comportement récent de la Chine vis-à-vis des pays du groupe 16+1, son soutien à l’invasion de l’Ukraine par la Russie et son incapacité à mener à bien plusieurs projets phares en Europe ont facilité la prise de conscience par le Vieux Continent de la menace représentée par la Chine. Dans ce contexte, l’Europe devra savoir réagir fermement à toute future tentative de contrainte de la part de la Chine, en dépit des dépendances durables de son économie vis-à-vis de la Chine. Comme l’a montré la réponse de l’UE aux pressions exercées par la Chine contre la Lituanie, les canaux diplomatiques doivent demeurer ouverts et une réponse collective – plus puissante et dissuasive – doit être privilégiée. Si des défis importants nous attendent, la Chine n’est pas exempte d’incertitudes sur son avenir comme l’a rappelé Zanny Minton Beddoes, rédactrice en chef de The Economist, à la suite du récent forum sur le développement de la Chine en rappelant que « ses contradictions signifient qu’elle (la Chine) décevra le peuple chinois et irritera le reste du monde » (60).
(1) Swinford Steven, « China set to be declared a threat to national security », The Times, 26 mars 2024.
(2) The White House, National Security Strategy, octobre 2022 (www.whitehouse.gov/).
(3) L’expression « siècle de l’humiliation nationale » est attribuée à des intellectuels et politiques chinois au début du XXe siècle.
(4) Chen Zhimin, « Nationalism, Internationalism and Chinese Foreign Policy », Journal of Contemporary China, vol. 14, n° 42, 2005, Routledge, p. 35-53.
(5) Le concept de « Rêve chinois » est étroitement associé à Xi Jinping, qui est largement considéré comme son principal théoricien et promoteur. Xi Jinping l’a popularisé peu après son ascension au poste de secrétaire général du PCC, en 2012.
(6) « Achieving Rejuvenation is the dream of the Chinese People », 2012 (www.npc.gov.cn/).
(7) Ibidem.
(8) Mitter Rana, « The World China Wants: How Power Will—and Won’t—Reshape Chinese Ambitions », Foreign Affairs, vol. 100, n° 1, janvier-février 2021.
(9) « Xiplomatie » est le terme inventé par Xinhua News en 2019 pour résumer la nature agressive de la politique étrangère menée par le président Xi. Il couvre ses pensées et ses orientations en matière d’économie, d’armée et d’État de droit.
(10) « How it happened: Transcript of the US-China opening remarks in Alaska », Asia Nikkei, 19 mars 2021 (https://asia.nikkei.com/).
(11) Après avoir été élu en 2013, puis réélu en 2018 et en 2023, le Président chinois pourrait rester longtemps (à vie ?) au pouvoir. Voir « Chine : Xi Jinping pourra officiellement rester chef de l’État au-delà de 2023 », Le Monde, 11 mars 2018 (www.lemonde.fr/).
(12) L’équivalent du discours sur l’état de l’Union du président des États-Unis.
(13) Huang Kathy, « China is locked into Xi Jinping’s Aggressive Diplomacy », Foreign Policy, 2 décembre 2022 (https://foreignpolicy.com/2022/12/02/china-xi-jinping-aggressive-diplomacy/).
(14) Concernant la défense des politiques de la Chine au Xinjiang, l’un de ses tweets marquants adressé aux États-Unis en juillet 2019 est le suivant : « You are merely lying again. All your accusations against China on Xinjiang are untrue. Western politicians & media continue to smear China on Xinjiang issue. China has set up vocational education and training centers in Xinjiang, aiming to eradicate extremism. These measures have achieved remarkable results. »
(15) À l’occasion de la Conférence nationale sur le travail de propagande et d’idéologie en août 2013 le président Xi Jinping a ainsi déclaré : « Le travail idéologique est extrêmement important pour la survie et le développement du Parti et de l’État. Nous devons fermement saisir la direction du travail idéologique et la gestion de la pensée. Nous devons bien contrôler la direction générale, s’assurer que l’opinion publique est positive, unifiée et que les rapports sont véridiques et conformes à la ligne du Parti. »
(16) Bremer Ian, « Ian Bremer counts the cost of the war to Vladimir Putin », The Economist, 23 avril 2022 (https://www.economist.com/by-invitation/ian-bremmer-counts-the-cost-of-the-war-to-vladimir-putin/21808839).
(17) Mitter R., op. cit.
(18) Godement François, « China’s Relations with Europe », in Shambaugh David (dir.), China and the World, Oxford University Press, 2020, p. 251-269.
(19) Lau Stuart, « Belgian University Closes Chinese State-funded Conficious Institute after spying claims », South China Morning Post, 11 décembre 2019.
(20) Cette diminution a été principalement attribuée à des préoccupations américaines concernant la sécurité nationale et la liberté académique.
(21) « Living outside China has become more like living inside China », The Economist, 26 février 2024.
(22) China Central Television (CCTV) est l’un des principaux médias contrôlés par le gouvernement chinois utilisé à cet effet.
(23) Dams Ties, Martin Xiaoxue et Kranenburg Vera (dir.), China’s Soft Power in Europe: Falling on Hard Times, Utrikespolitiska Institutet. Sweden, avril 2021, 113 pages (www.ifri.org/).
(24) Voir China Daily sur Le Figaro (https://www.lefigaro.fr/tag/china-daily).
(25) Yu Cindy, « The Endless Frustration of Chinese Diplomacy », Foreign Policy, Hiver 2024.
(26) D’abord 16+1, le nombre de membres a augmenté avec l’ajout de la Grèce (2018), avant le retrait de la Lituanie (2021). Les pays membres actuels sont les suivants : Albanie, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Croatie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Monténégro, Macédoine du Nord, Pologne, République tchèque, Roumanie, Serbie, Slovaquie, Slovénie et Grèce.
(27) Co-operation between China and the Central and Eastern European Countries (CEEC), « National Coordinators » (http://www.china-ceec.org/eng/zdogjxty_1).
(28) Ibidem.
(29) Fallon Theresa, « The New Silk Road: Xi Jinping’s Grand Strategy for Eurasia », The Journal of the National Committee on American Foreign Policy, vol. 37, n° 3, 2015, p. 140-147.
(30) Pepermans Astrid, « China’s 16+1 and Belt and Road Initiative in Central and Eastern Europe: Economic and Political Influence at a Cheap Price », Journal of Contemporary Central and Eastern Europe, vol. 26, nos 2-3, 2018, p. 181-203.
(31) Matura Tamas, « The Belt and Road Initiative Depicted in Hungary and Slovakia », Journal of Contemporary East Asia Studies, vol. 7, n° 2, 2018, p. 178-180 (https://doi.org/10.1080/24761028.2018.1537091).
(32) Hongyu Sheng Chuyi, « China to enhance BRI cooperation with Croatia: Premier », China Daily, 11 avril 2019 (http://english.scio.gov.cn/m/topnews/2019-04/11/content_74670315.htm).
(33) Bushati Ditmir, « Discours du ministre à l’Académie chinoise des sciences sociales ».
(34) Commission européenne, « Communiqué de presse – L’UE et la Chine parviennent à un accord de principe sur l’investissement », 30 décembre 2020 (https://ec.europa.eu/).
(35) Ibidem.
(36) Cliff Roger, China’s Strategy And Policy Toward Europe Today, Strategic Studies Institute, US Army War College, p 32, 2022.
(37) National Bureau of Statistics of China, China Statistical Yearbook.
(38) Kratz Agatha, Huotari Mikko, Hanemann Thilo et Arcesati Rebecca, Chinese FDI in Europe: 2019 Update, Berlin, Mercator Institute for China Studies (MERICS), avril 2020, 24 pages (https://merics.org/).
(39) Scott Kennedy, « Made in China 2025 », Center for Strategic and International Studies (CSIS), 1er juin 2015 (https://www.csis.org/analysis/made-china-2025).
(40) « Living outside China has become more like living inside China », op. cit.
(41) Godement François et Vasselier Abigaël, China at the Gates: A New Power Audit of EU-China Relations, p. 40, 43-44, 46, 52 (https://ecfr.eu/publication/china_eu_power_audit7242/).
(42) Ibidem, p. 41.
(43) Daly Tom et Singh Shivani, « China rare earth prices soar on their potential role in trade war », Reuters, 6 juin 2022 (https://www.reuters.com/article/idUSKCN1T70IB/).
(44) Cimpanu Catalin, « FBI warns US Companies about backdoors in Chinese Tax Software », ZDNet, juillet 2020 (https://www.zdnet.com/article/fbi-warns-us-companies-about-backdoors-in-chinese-tax-software/).
(45) La Suède a ainsi exclu Huawei de ses réseaux 5G en octobre 2020, tandis que la France s’est limitée à des restrictions strictes et des mesures de sécurité renforcées pour le déploiement des équipements Huawei dans les réseaux 5G.
(46) Godement F. et Vasselier A., China at the Gates, op. cit., p. 16, 18, 50, 65-68, 77 et 85.
(47) Krstinovska Ana, « China’s development assistance to the Western Balkans and its impact on democratic governance and decision making », Journal of Liberty and International Affairs, vol. 8, n° 1, février 2022.
(48) Gouvernement du Monténégro, « Information sur la conclusion du contrat sur le don de fonds pour la réalisation du projet de reconstruction du pont sur la rivière Tara au Monténégro avec le soutien de la Chine avec la proposition du contrat » [en monténégrin], 17 novembre 2020 (www.gov.me/).
(49) Krstinovska Ana, « China’s development assistance to the Western Balkans and its impact on democratic governance and decision making », Journal of Liberty and International Affairs, vol 8, n° 1, 2022 (https://orcid.org/).
(50) Ibidem.
(51) Orban Viktor, « Orban: if EU doesn’t pay, Hungary will turn to China », Budapest Business Journal, 11 janvier 2018 (https://bbj.hu/politics/foreign-affairs/visits/orban-if-eu-doesn-t-pay-hungary-will-turn-to-china).
(52) Meignan Pierre, « Pour le chef de l’État, le ministre de la Culture devrait quitter le gouvernement », Radio Prague International, 6 novembre 2016 (https://francais.radio.cz/).
(53) Emmott Robin, « EU’s statement on South China Sea reflects divisions », Reuters, 15 juillet 2016 (https://www.reuters.com/article/idUSL8N1A130Y/).
(54) Sur la question des relations entre la Lituanie et la Chine, voir Le Gall Benjamin, « Détérioration des relations entre la Chine et la Lituanie (1/2) : de la dégradation au casus belli diplomatique », RDN, 27 janvier 2023 (www.defnat.com/) et « Détérioration des relations entre la Chine et la Lituanie (2/2) : une normalisation improbable ? », RDN, 3 février 2023 (www.defnat.com/).
(55) Johnson Ian, « Has China lost Europe? », Foreign Affairs, 10 juin 2022.
(56) Ibidem.
(57) « Xi Jinping’s misguided plan to escape economic stagnation », The Economist, 4 avril 2024.
(58) À titre d’illustration, en 2018 et 2019, les États-Unis ont imposé des tarifs douaniers sur de nombreux produits chinois, ce qui a entraîné une chute de 20,9 % des importations américaines de biens en provenance de Chine en 2019 par rapport à l’année précédente, passant de 539,5 milliards de dollars à 424,8 milliards de dollars.
(59) Johnson Ian, op. cit.
(60) Minton Beddoes Zanny, « Why Xi Jinping’s economic plan won’t work », Podcast “Drum Tower”, The Economist, 9 avril 2024 (https://www.economist.com/podcasts/2024/04/09/why-xi-jinpings-economic-plan-wont-work).