Le cyberespace est un milieu matériel, immatériel et transverse aux autres milieux. Internet en est la première matérialisation où s’exercent des conflictualités qui lui sont propres, favorisant l’attaque par rapport à la défense. Deux visions s’y opposent. L’une techniciste voit le cyberespace comme un milieu universel, libre et sans frontières, vecteur d’une nouvelle prospérité économique. L’autre y voit un milieu identique aux autres dans lequel chaque État doit pouvoir exprimer sa souveraineté et pas uniquement en termes de défense et de sécurité, mais aussi par un cadre et des réponses aux enjeux socio-économiques de l’espace informationnel. La mise en place d’une gouvernance internationale et d’un « Montego Bay » du cyberespace constituent le cadre préalable à la reconnaissance de cette souveraineté, où la donnée en est le cœur en tant que ressource stratégique du pays d’où elle émane. Dans cet affrontement géopolitique, la France n’a pas d’alternative que de se faire entendre et développer son modèle de souveraineté numérique. Un Commissariat à l’espace numérique et aux nouvelles technologies serait le chef d’orchestre de cette partition nationale.