Introduction
Le Séminaire interarmées des grandes écoles militaires célèbre cette année son vingtième anniversaire. C’est dire qu’il est de la même génération que de nombreux d’entre vous. Dans sa forme, il a bien évolué depuis ses débuts mais sur le fond, il a peu changé.
Le Sigem a été créé en 2001, c’était la volonté du ministre de la Défense de l’époque, Monsieur Alain Richard. Son objectif était de contribuer à l’approfondissement de votre formation et de vous faire découvrir puis développer la dimension interarmées de nos forces. Le général de Gaulle, dans ses Mémoires, n’a-t-il pas écrit : « Ce qui fait l’unité des diverses forces nationales, ce n’est pas l’identité de leur matériel et de leur personnel, mais le fait de servir la même patrie selon les mêmes lois et autour du même drapeau. ». Ce lien interarmées devait être abordé dans le cadre d’une connaissance plus approfondie et globale de nos institutions, des différentes composantes de notre ministère et d’une ouverture sur le monde.
Le Sigem a toujours le même but et il est aujourd’hui décliné de la manière suivante :
• Conduire les futurs cadres des armées à une meilleure connaissance réciproque et leur faire percevoir au plus tôt dans leur carrière la façon dont chaque composante à laquelle ils appartiendront doit contribuer aux actions engagées en commun. C’est ce qui est réalisé en vous rassemblant tous en un seul lieu, pour une occasion unique, en invitant de hautes autorités du ministère et des experts de la politique de défense, à intervenir à votre profit.
• Leur faire appréhender la complexité de l’environnement dans lequel ils évolueront. La conférence sur la sécurité et la défense de la Nation dans le monde du XXIe siècle y contribue pour partie, mais aussi par exemple la lecture de ce Cahier que vous avez entre les mains.
• Aiguiser leur réflexion sur les valeurs de celui qui doit conduire l’action. La table ronde « Commander au XXIe siècle » l’illustre.
• Leur présenter les problématiques majeures liées à leur futur rôle de responsable ayant à atteindre des objectifs élevés en menant les hommes et les femmes placés sous leur autorité dans un contexte souvent difficile. Qui mieux que le Chef d’état-major des armées pouvait vous en parler ?
• Les sensibiliser au fait qu’ils doivent sans cesse développer leur culture professionnelle et générale pour acquérir la meilleure intelligence des situations. Le témoignage du général d’armée aérienne Denis Mercier en est une démonstration.
La première édition avait duré deux semaines et elle rassemblait 600 élèves. Puis la formule a un peu évolué, la durée passant à huit jours ouvrés, puis à cinq jours à partir de la session 2014. Le programme a donc été densifié, laissant peu de place aux temps mort et aux moments de cohésion.
C’est pourquoi, afin de prolonger la réflexion, le Sigem fait appel à la Revue Défense Nationale (RDN) et puise dans les nombreux articles qu’elle fait paraître ceux qui lui semblent le plus en adéquation avec ses objectifs, afin que vous puissiez y trouver une source de réflexion, un enrichissement culturel, une perception de l’évolution des idées, une confrontation avec vos propres opinions. Car pour les futurs cadres que vous serez, il est indispensable de s’adapter en permanence au monde qui change et même plus : d’anticiper les bouleversements, les ruptures d’équilibre, la fin de certains systèmes et l’apparition de nouveaux acteurs avec leurs ambitions et leurs corollaires : les risques et les menaces associés. Pour vaincre un ennemi, il faut connaître ses forces, ses faiblesses, son mode de raisonnement, son degré de résistance, son moral, en un mot, il faut l’étudier.
C’est là la modeste ambition de ce Cahier mais la lecture de ces quelques articles, certains réédités à l’occasion du vingtième anniversaire n’est pas suffisante, c’est en quelque sorte un apéritif qui doit vous donner l’envie d’aller plus loin, de consulter très régulièrement les articles, publications ou essais que vos directeurs d’études sauront vous conseiller, tous aussi instructifs, riches d’enseignements et d’arguments pour le débat d’idées.
Sachez donc vous remettre en question et vous ouvrir encore davantage l’esprit, toute habitude comporte un danger et votre adversaire saura l’utiliser contre vous. Vous devez sans cesse stimuler votre réflexion et votre pouvoir d’analyse, car pour être un chef et durer, pour être un homme d’action, il faut être capable de faire face à toute situation quels que soient le délai accordé ou les circonstances pour y répondre. Sans une réflexion rigoureuse s’appuyant sur un socle de connaissances très large qu’il vous faudra encore et toujours abonder, vous ne parviendrez pas à ce résultat.
Vous avez les cartes en main, à vous de jouer…