La pénétration soviétique au Moyen-Orient
L’implantation soviétique au Moyen-Orient, dont on constate actuellement les effets, est fort récente puisqu’elle n’a débuté qu’après la mort de Staline. Jusqu’alors, on ne pouvait imaginer que la politique soviétique put un jour devenir « orientale » par des voies pacifiques. Le manichéisme étroit mis en honneur par Jdanov en 1948 divisait le monde en deux blocs irréductibles sans qu’il y eût place entre eux pour une troisième « voie ». Dès lors, la soviétisation du Moyen-Orient ne pouvait se concevoir que par trois moyens : révolution prolétarienne violente ; éclatement des pays de populations plurinationales par l’action de minorités dynamiques pro-russes (Kurdes ou Azéris en Iran par exemple) ; enfin occupation militaire par l’Armée rouge. Or, Staline, et avec lui tous les théoriciens soviétiques, n’ont jamais envisagé sérieusement de telles solutions dont ils pressentaient l’inanité. Ils ne pouvaient faire confiance aux qualités révolutionnaires d’un prolétariat local inorganisé et très limité ; ils savaient aussi que la sensibilité panarabe ou paniranienne s’opposerait toujours efficacement à un séparatisme quel qu’il soit ; enfin ils ne voulaient pas courir le risque d’une troisième guerre mondiale qu’eut inévitablement déclenchée une intervention militaire soviétique. Ces réticences sont pleinement apparues dans le refus soviétique de soutenir en Iran les mouvements séparatistes d’Azerbaïdjan et de Mahabad en 1946, et la révolution Tudéi en 1952.
Depuis la fin de Staline, par contre, l’URSS a entrepris, sous le couvert commode de la « coexistence pacifique » de propager le communisme en Orient. Au dualisme rigide des maximes Jdanoviennes s’est substituée une doctrine infiniment plus souple qui admet que le socialisme puisse passer par des voies nationales différentes du modèle russe. Grâce à cette évolution doctrinale, l’URSS peut désormais entreprendre la conquête du Moyen-Orient en jouant de diverses forces qui sont autant d’auxiliaires, parfois inattendus et involontaires mais toujours précieux, du communisme.
* * *
Il reste 93 % de l'article à lire