C'est d'une coopération étroite et ancienne entre l'Armée de terre et les industriels de référence que peut aujourd'hui bénéficier l'activité de drones de surveillance en France. Les expériences opérationnelles variées, la chaîne de déploiement réactive et le large tissu industriel développé augurent bien de l'avenir d'une composante militaire en plein développement sur les théâtres d'opérations aéroterrestres.
Les drones de surveillance en France demain
Pionnier historique dans le déploiement des drones dans les armées françaises, l’Armée de terre peut revendiquer une expérience opérationnelle de plusieurs dizaines d’années dans l’emploi des drones. Elle a été accompagnée, à chaque étape de ses programmes d’équipement, par l’industrie française, qui a su, en souveraineté, répondre à ses besoins. Elle a été rejointe au cours des deux dernières décennies par l’Armée de l’air qui a également pris le tournant stratégique de cette nouvelle « révolution dans les affaires militaires ». Les aviateurs ont eu recours à du matériel d’importation : le Hunter d’abord dans les années 1990, puis le Harfang dans les années 2000, drone israélien francisé par EADS, faute de solution disponible chez les industriels français. Dans une même logique, le ministère de la Défense vient de faire le choix du drone lourd américain Reaper pour succéder au Harfang au sein de l’Armée de l’air.
C’est dans les systèmes tactiques plus légers que se joue désormais l’avenir du secteur des drones en France, dans ses dimensions militaires comme industrielles. À ce sujet, le projet de Loi de programmation militaire 2014-2019 prévoit le renouvellement du Système de drones tactiques intérimaires (SDTI) Sperwer en service au 61e Régiment d’artillerie, un système conçu et fabriqué par Sagem (groupe Safran) en France. Pour ce futur programme, désigné Système de drones tactique (SDT), il s’agit donc de décider si la France souhaite consolider, ou abandonner, le dispositif souverain que le ministère de la Défense, la DGA et l’Armée de terre ont construit ces dernières années avec l’industriel ; un édifice construit sur la base de vingt ans d’opérations extérieures. En outre, pour leur potentiel d’innovations compétitives, les systèmes de drones portent aussi une partie de l’avenir de l’aéronautique française, tant civile que militaire.
De Desert Storm à Serval : les drones tactiques dans la culture militaire française
Pour l’Armée de terre, les drones sont les héritiers modernes des avions légers d’observation apparus dans les années 1950, les fameux PA-19 de l’Aviation légère de l’Armée de terre (Alat). Puis, faisant le choix du robot aérien, l’Armée de terre a spécifié ses drones pour des missions où la haute performance et la rapidité de mise en œuvre sont exigées : le guidage de l’artillerie, le renseignement, la protection d’un dispositif. Conçus pour le combat en Centre-Europe, les premiers systèmes de drones ont eu pour mission prioritaire de rechercher des cibles militaires pour l’artillerie nucléaire : les régiments de missiles Pluton puis les Hadès. Telle est la vocation des systèmes CT-20, puis CL-89 et enfin CL-289. Sortes de missiles de croisière, ils embarquent une caméra à haute résolution. La maîtrise d’œuvre de ces programmes est confiée à Aérospatiale, Sagem apportant l’un de ses cœurs de métiers : la chaîne image. Ces systèmes devaient pouvoir opérer sans infrastructure, au plus près de la manœuvre, dans un environnement sévère et dégradé. À cette fin, les artilleurs, en charge de mettre en œuvre les drones, ont fait le choix de la catapulte pour leur lancement, afin d’accompagner la manœuvre au plus près. À l’issue de leurs missions, les drones se posaient sous un parachute.
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