Union française - La situation politique en Algérie - Les opérations militaires - Les entretiens Dubois-Valino au Maroc espagnol - Le gouvernement marocain entre en lutte contre Salah ben Youssef et ses partisans - La situation politique au Vietnam et les élections
Afrique du Nord
Algérie
La dégradation de la situation politique en Algérie s’est poursuivie en l’absence d’un gouvernement français susceptible de définir une nouvelle orientation. Le Dr Bensalem, président du Conseil général de Constantine a donné sa démission, après avoir accepté celles de 19 conseillers (sur 37) du deuxième collège. Les élus du groupe des 61 se sont engagés à démissionner si les aspirations nationales algériennes n’étaient pas reconnues par le futur gouvernement français. C’est dans cette atmosphère peu favorable qu’a été rendu public le rapport du Gouverneur général Soustelle au Conseil des ministres ; ce rapport concluait à la possibilité et à la nécessité d’une intégration effective et lançait un appel pour que soit réalisée « l’égalité des droits et des devoirs » entre Européens et Musulmans d’Algérie.
La désignation de M. Robert Lacoste comme ministre-résidant en Algérie fera bientôt apparaître le choix du gouvernement français entre une politique d’intégration et une forme nuancée de fédéralisme. Il semble de toute façon que la volonté de réaliser les réformes indispensables prendra le pas, dans l’action gouvernementale, sur la définition d’un statut politique.
Les opérations des forces de l’ordre se sont développées au cours du mois de janvier 1956 et des pertes importantes ont été infligées aux rebelles ; on a dénombré 160 tués parmi ces derniers entre le 12 et le 19 janvier 1956.
À Tlemcen le Dr Benzerjeb, arrêté pour complicité avec les hors-la-loi et tenu pour chef local de la rébellion, a été abattu au cours d’une tentative d’évasion. Cet événement a provoqué une vive émotion dans les milieux musulmans de la région qui nient la culpabilité du défunt. La vigilance des forces de l’ordre a néanmoins assuré le calme dans ce secteur.
Un commandement unifié a été créé en Kabylie ; il a été confié au général Olier.
Maroc
Les entretiens Dubois-Valino du 10 janvier 1956 à Tétouan, ont marqué la vie politique du Maroc au cours du mois de janvier. Le communiqué publié à l’issue de ces entretiens déclare notamment : « Les deux hautes personnalités se sont mises d’accord pour poursuivre leurs échanges de vues, et c’est dans cet esprit que le général Garcia Valino a accepté volontiers l’invitation à tenir prochainement une nouvelle réunion en zone française. » Le point de vue marocain était exprimé à la même date par le sultan lui-même qui déclarait : « … nous ne concevons pas d’indépendance partielle ni d’indépendance divisée de notre pays ». La création annoncée d’un cabinet marocain à Tétouan ne rencontrerait donc pas l’approbation des milieux nationalistes marocains ; tout au plus pourraient-ils la considérer comme une solution provisoire sur le chemin de la réunification et de l’indépendance.
Sur le plan international encore, il convient de noter que les États-Unis se disposent à renoncer à leurs droits d’exterritorialité au Maroc ; cette nouvelle a été annoncée par un communiqué du Département d’État en date du 26 janvier 1956.
Sur le plan intérieur, on relève les déclarations du Sultan et du gouvernement marocain flétrissant le terrorisme, à la suite d’une recrudescence des attentats dirigés contre des Européens.
Des rixes ayant eu lieu à Souk-el-Arba entre partisans du Parti démocratique de l’Indépendance et de l’Istiqlal, qui ont causé plusieurs morts et une trentaine de blessés, la création d’un « comité de conciliation et d’union des partis marocains » a été envisagée. Le pacha de Marrakech, El Glaoui, est mort le 23 janvier 1956 ; le nom de Ben Slimane a déjà été avancé pour sa succession.
De violents combats se sont déroulés dans le Rif, à la frontière algéro-marocaine, le 28 janvier 1956, entre un bataillon de la Légion étrangère et une forte bande de rebelles comprenant plus de 300 hommes munis d’armes automatiques ; on compte 40 morts du côté des rebelles et 18 légionnaires tués.
Tunisie
Le Bey a signé deux décrets concernant la mode de scrutin aux prochaines élections et la nationalité tunisienne, et approuvé un important mouvement caïdal.
Les journaux néo-destouriens s’inquiétaient au début du mois de janvier du développement d’un néo-fellaguisme en Tunisie. On constatait en effet la multiplication des incidents, notamment sur la frontière algéro-tunisienne où des bandes de rebelles algériens pénétraient en Tunisie pour prendre contact avec des éléments armés tunisiens. Ces faits pouvaient aisément être rapprochés des déclarations de Salah ben Youssef, le 11 janvier 1956, annonçant qu’il « entrait en guerre contre Bourguiba, le traître suprême ». Le gouvernement tunisien se décida à agir à la fin du mois et opéra, à la suite de perquisitions, de nombreuses arrestations parmi les amis de Salah ben Youssef. Ce dernier a pris la fuite et est actuellement recherché.
Indochine
Vietnam
Une opération de police a été lancée le 15 janvier 1956 par le gouvernement vietnamien contre le comité révolutionnaire de Saïgon qui refusait de se dissoudre. Dans le domaine militaire, les troupes gouvernementales poursuivent, dans la région de Tay-Ninh, des éléments dissidents Lien-Minh comptant environ deux mille hommes.
Les élections générales auraient lieu dans le Sud Vietnam vers le mois de mars. La campagne électorale a été ouverte par le mouvement de libération nationale du président Diem ; ce mouvement réclame notamment le rapatriement immédiat du corps expéditionnaire français et la définition par le gouvernement français de sa politique vis-à-vis du Vietminh.
Cambodge
Le prince Sihanouk a donné sa démission de chef du gouvernement le 2 janvier 1956 pour se rendre en France. On assure qu’il reprendrait son poste à son retour au Cambodge. ♦