Aéronautique - Développement des chasseurs supersoniques - L'industrie aéronautique et les problèmes d'exportations - Les matériels de transports aériens militaires - Quelques nouvelles de l'aviation commerciale
Développement des chasseurs supersoniques
Les chasseurs actuellement réalisés en série sont tous dotés de turboréacteurs auxquels la postcombustion fournit un appoint sensible de poussée, mais au prix d’une très forte consommation. C’est ainsi que l’industrie aéronautique américaine a réalisé le chasseur F-100 qui dépasse nettement la vitesse de Mach 1, mais pèse plus de 14 tonnes au décollage.
Pour dépasser nettement cette vitesse, deux tendances principales se font jour actuellement. L’une consiste à développer de plus en plus la postcombustion en mettant à profit l’effet de compression de l’air aux hautes vitesses pour obtenir un fonctionnement de plus en plus proche du statoréacteur proprement dit. C’est le cas du chasseur américain F-104 construit par la société Loockeed et présenté publiquement sous le nom de Starfighter. Cet appareil aurait un poids total de l’ordre de 7 t (non officiellement révélé) et un réacteur General Electric J79 donnant également une poussée d’environ 7 t, soit sensiblement équivalente au poids total. La forme générale du F-104 est assez originale ; la longueur totale étant de 16 m 70, tandis que l’envergure ne dépasse pas 6 m 70. Les moignons d’ailes sont à faible flèche et le bord de fuite rectiligne. L’épaisseur de l’aile est très faible (3 %) et le bord d’attaque serait si mince qu’il devrait être recouvert d’un manchon protecteur lors des manœuvres au sol pour éviter de blesser le personnel. L’allongement de la voilure est également très faible. Le F-104 a comme autres caractéristiques un siège éjectable vers le bas et complètement automatique. Son équipement serait celui d’un chasseur tous temps mais son appareillage électronique, très complet, est mal connu.
Les quelques renseignements révélés sur ses performances conduisent à penser que le F-104 monterait au moins à 60 000 pieds (18 000 m) et espérerait atteindre Mach 2. L’armement, qui n’a pas été révélé, serait apte à la fois à l’attaque des objectifs terrestres et aériens. L’avion pourrait emporter une bombe atomique tactique.
Pendant ce temps, les efforts de l’industrie britannique portent sur trois appareils : le chasseur PI [NDLR 2023 : il s’agit peut-être du Hawker Hunter F1] à postcombustion déjà connu, une version améliorée du chasseur tous temps Gloster Javelin à deux réacteurs et un appareil entièrement nouveau, le Saunders-Roe 53 combinant turboréacteurs et fusées.
Les matériels en cours de réalisation en France sont, en ce qui concerne les chasseurs à hautes performances :
– le Dassault Mystère IVB2 de formule classique qui commence à sortir en présérie ;
– les trois intercepteurs légers : Sud-Ouest 9050 Trident, Dassault 550 Mirage, Sud-Est Durandal.
Tandis que le Durandal vient d’accomplir son premier vol, le Mirage a terminé ses essais avec son seul réacteur, atteignant Mach 1. L’appareil est retourné chez le constructeur pour montage de la batterie de fusées qui doit lui assurer une vitesse largement supersonique. On sait, par ailleurs, que le Sud-Ouest Trident aurait largement dépassé Mach 1,5 au cours de ses essais.
On attend en outre, vers le mois de juin prochain, les premiers vols de l’appareil Leduc 022 à statoréactcur combiné avec un réacteur Atar classique susceptible de dépasser très largement les performances de tous ses rivaux, si la formule tient ses promesses.
L’industrie aéronautique et les problèmes d’exportation
L’industrie aéronautique française a entrepris un vaste effort de propagande, attesté en particulier par l’envoi jusqu’en Australie d’appareils Nord 2501 Noratlas, Max-Holste MH-1521 Broussard et SNCASO SO.1221 Djinn [NDLR 2023 : un hélicoptère biplace], pour l’exposition de Sidney. En cours de route, des démonstrations ont eu lieu dans tous les pays traversés, notamment, durant le voyage de retour, aux Indes, où se trouvait précisément la mission conduite par le secrétaire d’État à l’Air, Henri Laforest. Toutes ces démonstrations ont obtenu un grand succès et se sont déroulées avec une ponctualité remarquable, faisant honneur à l’endurance de nos matériels. La mission est rentrée à Villacoublay le 2 mai 1956 sans aucun incident.
En marge de cette mission, se déroulent aux Indes des pourparlers en vue de la cession à ce pays de 75 Mystère IVA, malgré une vive compétition avec des matériels étrangers et en particulier le Hunter et peut-être le MiG.
On sait, par ailleurs, qu’une douzaine de Mystère IVA aurait été livrée récemment à l’État d’Israël qui se montre particulièrement désireux d’acquérir des chasseurs de construction française dans la mesure où les considérations politiques permettent de lui donner satisfaction. Les Indes s’intéressent à un biréacteur léger qui peut être l’English Electric Camberra et à un chasseur léger qui serait le Folland Gnat.
Cependant, le SO-4050 Vautour intéresse vivement un certain nombre de pays étrangers et plusieurs missions alliées sont déjà venues étudier cet appareil. Il semble, en particulier, que la Belgique envisage son acquisition comme chasseur tous temps.
Les matériels de transports aériens militaires
En France, les commandes de Nord 2501 auquel devrait succéder la version améliorée Nord 2506 traités en cargos d’assaut et dotés de petits réacteurs d’appoint, atteignent 160 appareils auxquels vient de s’ajouter une série de 15 Breguet Deux-ponts. Cet avion, qui décolle avec 4 moteurs de 2 400 chevaux au poids total de 51,6 t, peut emporter 17 t de charge ou 150 passagers sur 1 500 km. En même temps, les États-Unis annoncent la sortie du Douglas C-133A, à 4 turbines de 6 000 ch. chacune, dont le poids au décollage atteindrait 116 t. Équipé de 200 sièges, cet avion pourrait enlever une charge utile maximale de 66 t y compris son combustible. Ses performances détaillées ne sont pas encore connues.
Quelques nouvelles de l’aviation commerciale
L’extension de l’aérodrome de Genève-Cointrin a posé de curieux problèmes internationaux, l’allongement de piste devant se faire nécessairement en territoire français. Les négociations ont abouti à un échange territorial, la France et la Suisse se cédant réciproquement des zones équivalentes dans la région de Ferney-Voltaire. En même temps, il a été prévu un statut douanier particulier permettant aux voyageurs venant de France à destination de la Savoie, de regagner directement la région d’Évian sans subir de formalités douanières, grâce à une route spéciale.
L’aviation civile a annoncé le lancement d’un plan quadriennal portant sur 110 milliards dont 52 pour l’infrastructure de l’Union française et une quarantaine pour l’achat de matériels. Le programme du Secrétariat général à l’aviation civile et commerciale (SGACC) prévoit également la formation de 2 400 pilotes du premier degré et de 1 200 pilotes du 2nd degré. ♦