Militaire - Le IXe Congrès de la Confédération interalliée des officiers de réserve - Considérations sur l'Armée de terre soviétique
Le IXe Congrès de la Confédération interalliée des Officiers de réserve (CIOR)
Fondée en 1948, la Confédération interalliée des officiers de réserve devait tenir à Athènes, en août 1956, son IXe Congrès. En mai 1956, le gouvernement hellénique fit connaître son désir de ne voir qu’en 1957 la capitale grecque servir de cadre à ces assises et l’Union nationale des officiers de réserve de France, brusquement appelée à pallier cette carence, confia à l’Amicale des OR de la région de Vincennes la responsabilité d’une organisation ultrarapide.
Le Congrès qui vient de se tenir aux portes de la capitale française a connu un succès qui a fait impression sur les nombreux participants étrangers et qui est tout à l’honneur des officiers de réserve français dont les qualités d’improvisation ont été largement mises à l’épreuve.
Belgique, Danemark – dont l’Union nationale s’est affiliée à la CIOR voici seulement quelques semaines – États-Unis, France, Grèce, Luxembourg et Pays-Bas étaient représentés à ce congrès qui s’est déroulé du 23 au 26 août 1956. Inauguré par le général Zeller, représentant M. Max Lejeune, secrétaire d’État français aux Forces armées terre, en présence de nombreuses personnalités civiles et militaires des divers pays figurant à la CIOR, parmi lesquelles SAR le prince Pierre de Grèce, clôturé par un banquet que le général Caminade présidait au nom de Maurice Bourgès-Maunoury, ministre de la Défense nationale, et par un hommage au Soldat inconnu, le IXe Congrès interallié a comporté des séances de travail échelonnées sur trois jours, une visite au QG des Forces alliées Centre-Europe – avec exposé technique par le général Missonnier, chef de la division « Opérations » – et des excursions à Provins et à Grosbois, riches en souvenirs historiques. En l’absence du Président Coty, les membres du Comité exécutif de la CIOR ont été reçus au Palais de l’Élysée par le général Ganeval, Secrétaire général militaire de la présidence de la République.
Nous ne pouvons qu’indiquer très brièvement l’orientation générale et les conclusions de ce IXe Congrès :
– sur le plan de la Sécurité sociale, examen comparatif de la situation des officiers de réserve rappelés à l’activité, notamment de ceux qui possèdent la qualité de « travailleurs indépendants » ;
– sur le plan de l’instruction, vœu tendant à ce que les formes d’instruction du genre du Rallye militaire français, de la Course d’orientation helvétique et des Concours interscandinaves soient introduits ou développés ;
– sur le plan de la défense nationale et de la défense commune, vœux réclamant d’une part l’institution d’un service national obligatoire, d’autre part la mise en œuvre d’une action psychologique précise en vue du recrutement et du perfectionnement des officiers de réserve ;
– sur le plan des liaisons interalliées, étude du perfectionnement linguistique des personnels et vœux tendant à l’amélioration de l’entraînement de ces personnels en temps de paix comme de leur mise en place en cas de guerre ;
– sur le plan des échanges culturels et touristiques, mise au point d’un questionnaire susceptible de les faciliter, en ce qui concerne notamment les enfants d’officiers de réserve.
Notons qu’en 1956 les représentants de l’Algemene Vereniging van nederlandse Reserveofficieren arrivaient au terme du mandat qui leur avait été confié en 1954 pour la Présidence et le Secrétariat général de la CIOR. Sur la proposition de l’Unor de France, ce sont les dirigeants de l’Union nationale des OR luxembourgeois qui ont été choisis pour leur succéder. La Confédération a donc maintenant à sa tête le lieutenant Kieffer et il n’est pas sans intérêt de souligner, à cette occasion, que le statut des OR du Grand-Duché, remontant à un peu plus d’un an, est essentiellement le résultat des travaux de la Confédération dont le gouvernement luxembourgeois s’est largement inspiré.
La contribution apportée depuis de longues années par l’Unor de France aux travaux de la CIOR et l’effort particulier fourni par elle pour l’organisation du Congrès de 1956 ont été consacrés par la remise de la médaille d’or de l’Union panhellénique au lieutenant-colonel Esmenard et au commandant Bochet, l’un et l’autre membres du Comité exécutif confédéral, ainsi que de la Croix de l’Union nationale néerlandaise au commandant Bochet qui assumait la très lourde tâche de Commissaire général.
Considérations sur l’armée de terre soviétique
Depuis 1947, les forces terrestres soviétiques sont restées sensiblement constantes : 175 divisions environ dont 65 blindées ou mécanisées. Des améliorations y ont été apportées, en particulier, accroissement de la mécanisation dans les divisions de fusiliers par un apport de chars et accroissement de la puissance de feu par un renfort d’artillerie et la mise en service de matériels plus modernes.
Avec ses satellites, l’URSS dispose de plus de 6 millions d’hommes sous les armes dont 4,5 appartiennent aux forces terrestres (3 M parmi celles-ci pour l’Armée soviétique). Les satellites comptent 80 divisions environ.
Le dispositif général du stationnement des armées rouges montre que l’URSS dispose en Europe occidentale d’un fer de lance de 22 divisions stationnées en Allemagne orientale et formées essentiellement de divisions blindées à effectif presque complet. Derrière cette pointe, se trouve une soixantaine de divisions soviétiques stationnées dans les pays satellites de l’Europe orientale et dans l’ouest de l’URSS.
Certes, Moscou a annoncé deux réductions successives de ses forces armées : une première le 13 août 1955 portant sur 640 000 h et qui devait être réalisée pour le 15 décembre 1955 ; une seconde le 14 mai 1956 portant sur 1,2 M d’hommes et qui doit être terminée le 1er mai 1957. Cette dernière réduction s’ajoute à la précédente ; elle devrait comprendre, d’après Moscou, la suppression de 60 divisions terrestres et de 3 divisions aériennes, la mise sous naphtaline de 375 bâtiments de guerre, la fermeture de plusieurs écoles militaires.
Elle comporte en particulier une diminution de 30 000 h de troupes stationnées en Allemagne orientale, ce qui ne représente qu’une faible proportion et laisse par conséquent toute sa puissance au fer de lance soviétique dirigé vers l’Europe occidentale, et dont l’attaque par surprise ne laisse pas d’inquiéter les Alliés.
Il nous faut aussi constater que si les effectifs diminuent, le matériel demeure pour équiper des divisions de réserve que l’URSS peut facilement constituer avec la masse d’hommes instruits dont elle dispose. Son système de mobilisation fait l’objet d’exercices périodiques et on estime qu’à J + 30, l’URSS pourrait disposer de 400 divisions. L’économie soviétique a maintenu la production militaire à un niveau suffisant pour entretenir et renouveler les matériels stockés et en service. Les stocks sont évalués aux matériels nécessaires à l’équipement de 300 divisions. ♦