Octobre 1956 - n° 140

Au lendemain de la Conférence de Londres, il est vain de marquer de l’amertume, en imaginant ce qu’eussent été les résultats d’une action immédiate de la France et de l’Angleterre, répondant au défi de Nasser avec une violence raisonnée. L’expérience nous dit qu’un geste de folie politique ne trouve sa parade que dans l’emploi judicieux de la force. L’Amérique hésitante eut accepté le fait accompli. L’U.R.S.S. se fut bien gardée d’élargir le conflit. Misant sur le désordre dont elle est, finalement et toujours, la bénéficiaire, elle eut attendu, avec sa patience accoutumée, que l’Occident commit des fautes dans l’exploitation d’un succès militaire initial. Quant aux États arabes qui ne vivent que du pétrole, leur fureur eut bientôt cédé à la nécessité de vendre le produit de leur sous-sol à leurs clients habituels. Lire les premières lignes

  p. 1155-1164

Le coup de force égyptien du 26 juillet 1956 contre la Compagnie Universelle du Canal de Suez, a enfin fait comprendre à l’opinion mondiale la gravité de la situation en ce point névralgique de l’univers où — à défaut d’une possibilité d’accord sur le fond du problème — l’O.N.U. parvient de plus en plus difficilement à maintenir entre Israël et les États arabes une trêve précaire. Cette dernière dépend en fait de l’équilibre des armements puisque chacun des partis directement en cause se déclare résolu à atteindre par tous moyens ses objectifs, savoir : pour l’un la suppression de l’État d’Israël ; pour l’autre le rejet des Arabes au-delà des frontières historiques de la Palestine. Lire les premières lignes

  p. 1165-1181

Les nations, comme les civilisations, naissent, croissent, déclinent et meurent. On le savait, bien avant Valéry. Il suffisait de contempler les Pyramides ou l’Obélisque. On savait aussi qu’à chacun des stades de la vie d’une communauté, l’armée, cette institution indestructible, avait à jouer un rôle — et capital. Peut-être l’a-t-on trop oublié, en l’époque de doute et de discussions byzantines que nous vivons. Quel est donc le rôle historique de l’armée ? Lire les premières lignes

  p. 1182-1199
  p. 1200-1215

Il n’est pas dans notre intention de critiquer la politique française menée en Tunisie, ni de sacrifier à l’habitude d’apporter « a posteriori », des arguments à « ce qui aurait dû être fait ». Lire les premières lignes

  p. 1216-1229
  p. 1230-1239
  p. 1240-1251
  p. 1252-1256
  p. 1257-1263

Chroniques

  p. 1264-1267

Fondée en 1948, la Confédération interalliée des officiers de réserve devait tenir à Athènes, en août 1956, son IXe Congrès. En mai 1956, le gouvernement hellénique fit connaître son désir de ne voir qu’en 1957 la capitale grecque servir de cadre à ces assises et l’Union nationale des officiers de réserve de France, brusquement appelée à pallier cette carence, confia à l’Amicale des OR de la région de Vincennes la responsabilité d’une organisation ultrarapide. Lire la suite

  p. 1267-1269
  p. 1269-1273

Depuis le 26 juillet 1956, la crise provoquée par la décision du gouvernement égyptien de nationaliser la compagnie du Canal de Suez a dominé la politique mondiale. Il ne saurait être question de faire ici l’histoire de cette crise, dont les incidences diplomatiques, juridiques, économiques et psychologiques débordent largement le cadre d’une chronique maritime. Lire les premières lignes

  p. 1273-1278

Les mois de juillet et d’août 1956 ont vu se dérouler une série d’opérations militaires semblables à celles des mois précédents. Les rebelles ont multiplié les embuscades contre les troupes françaises et on déplore des pertes importantes parmi nos soldats ; d’autre part, le terrorisme, qui est en nette recrudescence, a fait de nombreuses victimes aussi bien musulmanes qu’européennes. Il faut donc reconnaître que, si nos troupes sont maintenant solidement implantées en Algérie et ont l’avantage chaque fois qu’elles livrent combat, la rébellion n’en continue pas moins à subsister et s’affirme par les coups de main et les attentats. Il apparaît difficile dans ces conditions que le gouvernement français et le ministre-résidant Robert Lacoste puissent procéder à brefs délais aux « élections libres » qui étaient un de leurs buts. Et pourtant il ne semble pas possible que la situation actuelle d’insécurité et de terrorisme se perpétue indéfiniment ; le choix entre les solutions politiques, s’il ne peut être effectué après consultation des représentants des populations algériennes, devra se faire unilatéralement, ne serait-ce que pour faire éclater la volonté française de donner à l’Algérie une structure nouvelle. Lire les premières lignes

  p. 1278-1280

Bibliographie

Collectif / Princesse Bibesco : Stèle pour Winston Churchill / Churchill ou le courage  ; Éditions Amiot-Dumont, 1954 ; 282 pages / Éditions Albin Michel, 1956 ; 254 pages - R. Bt.

La personnalité de Winston Churchill domine le XXe siècle. D’aucuns prétendent qu’elle est une des plus grandes de l’histoire d’Angleterre. On a beaucoup écrit sur lui. Plus de cinquante volumes et d’innombrables articles de revues et de journaux se sont efforcés de raconter sa vie, de définir son caractère, de déterminer son rôle en les circonstances les plus graves de l’histoire de son Pays et de l’Europe. Nous présentons ici deux ouvrages très différents dans leur nature et dans leurs intentions. L’un rassemble un faisceau hétérogène de souvenirs, de points de vue et de jugements. Dans l’autre, l’amitié guide l’auteur. Nous souhaitons que le rapprochement et la synthèse de ces optiques permettent de dégager la silhouette véridique et dépouillée d’un Churchill s’apparentant à celle que tendra de fixer l’avenir. Lire la suite

  p. 1282-1286

Raymond  Garthoff : La doctrine militaire soviétique  ; Librairie Plon, 1956 ; 544 pages - J. Vt

L’ouvrage de M. Garthoff a été édité aux États-Unis en 1952. La traduction française qui vient d’en être faite par M. Mario Lévi doit en assurer chez nous une plus large diffusion. La curiosité qui s’attache à tout ce qui traite du monde communiste attirera sans doute à M. Garthoff beaucoup de lecteurs en dehors de ceux qui, par nécessité professionnelle ou par goût, s’intéressent à l’art militaire ou aux problèmes de défense nationale. Lire la suite

  p. 1286-1288

Louis Lavie : Le Drame algérien ou la dernière chance de la France  ; Éditions Baconnier, 1956 ; 136 pages - Bs

L’auteur, dont la famille est fixée en Algérie depuis 1832, n’a pas quitté les régions atteintes par le terrorisme depuis le début du soulèvement. Appel des quatre générations qui l’ont précédé et qui reposent sur cette terre algérienne ; respect des amitiés forgées avec de nombreux musulmans depuis plus d’un siècle et jamais démenties ; conscience de ses devoirs de Français et de catholique sont les raisons qui l’ont incité à exposer avec sincérité et objectivité « les causes de nos échecs et à proposer des solutions ». Lire la suite

  p. 1288-1288

Robert Cornevin : Histoire de l’Afrique des origines à nos jours  ; Éditions Payot, 1956 ; 404 pages - A. S.

Dans la bibliothèque historique des éditions Payot, une remarquable synthèse de l’histoire de l’Afrique des origines à nos jours vient de paraître. Lire la suite

  p. 1288-1290

Henri de Monfreid : Sous le masque Mau-Mau  ; Éditions Grasset, 1956 ; 243 pages - A. S.

En un livre passionnant, l’auteur décrit les extraordinaires aventures d’un jeune métis qui, après avoir été élevé par les sorciers et les chefs des tribus rebelles du Kenya, devient un chef Mau-Mau. Un tel livre ne se raconte pas tant il est bourré d’anecdotes et de réflexions intéressantes sur ce pays et ses habitants. Chaque chapitre sert de support à une idée qui donne matière à réflexion. Ces idées pourront sembler à d’aucuns discutables ; elles n’en paraîtront pas moins intéressantes à tous ceux qui se préoccupent des problèmes soulevés par la coexistence, dans un même pays, de deux races et de deux civilisations. ♦

  p. 1290-1290

Bhabani Bhattacharya : Qui chevauche un tigre   ; (traduit de l’hindou) Éditions Calmann-Lévy, 1956 ; 299 pages - A. S.

Dans la collection « Traduit de », les éditions Calman-Lévy publient un agréable roman hindou, qui nous fait pénétrer au cœur d’un des problèmes les plus importants de l’Inde moderne : le préjugé des castes. La lecture d’un tel ouvrage fait comprendre les difficultés énormes auxquelles se heurtent les dirigeants actuels pour la transformation d’un peuple divisé en hiérarchies par l’influence profonde de l’hindouisme. Il montre surtout qu’une évolution sociale profonde est en train de se produire dans la masse des basses castes. Cet ouvrage, remarquablement traduit, est d’une lecture facile car son auteur a su le dépouiller à l’extrême, mettant ainsi en valeur l’aspect humain et attachant du drame vécu par son héros. ♦

  p. 1290-1291

François Ingold : Les dialogues des soldats morts pour la France  ; Éditions Debresse, 1955 ; 62 pages - Henry Freydenberg

Présenté comme un drame parmi les plus poignants, si on songe aux conditions qui opposent les Nations dans leurs « derniers arguments », ce Dialogue des soldats morts, ennemis de leurs vivants, réconciliés par la Parque, est une grande leçon. Servira-t-elle ? J’en doute car finalement « le héros » est emporté par la haine. Toutefois, à côté de l’exposition d’horreurs et la dominant – bien que la Parque ait proscrit le mot amour – la flamme de la camaraderie militaire brille d’un pur éclat. Sera-t-elle la première lueur d’espoir dans l’esprit du nombre ? Dieu seul le sait. Lire la suite

  p. 1291-1291

Lieutenant-colonel Ferdinand Otto Miche : La tactique de la guerre atomique  ; Éditions Payot, 1955 ; 216 pages - Henry Freydenberg

Dans une première partie l’auteur étudie l’évolution de la tactique dans les guerres qui se sont déroulées depuis 1914 ; il attire l’attention sur les variations des puissances relatives : « feu-mouvement » – le feu arrêtant le mouvement, le mouvement dépendant de l’appui du feu. La prépondérance de l’un ou de l’autre facteur procurée par des progrès techniques caractérise les différentes phases des derniers conflits, d’autant qu’il faut ajouter aux feux terrestres ceux fournis par l’aviation. Lire la suite

  p. 1291-1292

Irving Sedar et Harold J. Greenberg : L’Égypte entre deux mondes  ; Éditions « Aux carrefours du Monde », 1956 ; 352 pages - L. R.

L’Égypte entre deux mondes est un dramatique portrait littéraire de la nouvelle Égypte, révélant par des détails surprenants les causes profondes et les buts véritables de la Révolution du 23 juillet 1952. Bien que la révolution égyptienne ait eu lieu il y a déjà quatre ans, le rideau qui voile son énigme n’a jamais été entièrement soulevé. Les auteurs de cet ouvrage sont deux jeunes écrivains américains qui ont effectué leurs recherches dans les coulisses de la scène égyptienne. Mais, afin de mieux comprendre l’acte qui s’y joue, les auteurs nous montrent, au cours de leur voyage, l’Égypte ancienne et moderne par une étude très approfondie. Lire la suite

  p. 1292-1293

Hans Hass : Trois chasseurs sous la mer  ; (traduit de l’allemand par Henry Daussy) Éditions Arthaud, 1956 ; 224 pages - L. R.

Hans Hass est, avec Jacques-Yves Cousteau, le plus célèbre des explorateurs sous-marins. Dans Trois chasseurs sous la mer, il a rassemblé pour la première fois tous ses souvenirs. La relation de cette vie d’explorateur sous-marin donne un saisissant aperçu des efforts et des progrès accomplis par les pionniers de la conquête du « 6Continent », de ce « monde du silence » si longtemps interdit à l’homme. L’auteur indique tout d’abord les origines lointaines de sa vocation. Dans un style plein de vie, il relate ses débuts de nageur, ses premières expériences de zoologiste, puis la découverte qu’il fit du monde sous-marin en 1937 dans les environs de Juan-les-Pins, en compagnie d’un célèbre journaliste américain. Lire la suite

  p. 1293-1294

Maréchal Albert Kesselring : Soldat jusqu’au dernier jour  ; (traduit de l’allemand par le colonel Coutard) Éditions Charles Lavauzelle, 1956 ; 380 pages - M. B.

Dans un important ouvrage, trop riche peut-être en détail, toujours intéressant il est vrai, le Maréchal Kesselring expose sa belle et longue vie de soldat. Les postes importants qu’il a occupés l’ont mis en relation avec les plus hautes autorités de son pays et même directement avec Hitler. On éprouve à la lecture de son ouvrage qu’il est souvent loin de partager les opinions politiques de certains, mais il ne se dresse contre aucun d’entre eux ; il demeure toujours le type de l’officier allemand aussi rigide que strict dans son sentiment de la discipline et du devoir à la Patrie. ♦

  p. 1294-1294

Paul Weymar : Konrad Adenauer. Souvenirs, témoignages et documents  ; (traduit de l’allemand par Jacques Delpeyrou) Éditions Plon, 1956 ; 338 pages - M. B.

L’étude de M. Weymar sur le Chancelier Konrad Adenauer est extrêmement intéressante. Elle relève les étapes de la carrière de cet homme d’État, ses luttes politiques, son rôle comme administrateur, sa vie étroitement liée à l’histoire de l’Allemagne depuis 1914. Elle est un véritable résumé de l’histoire politique de l’Allemagne contemporaine. En lisant cet ouvrage, le lecteur ne peut oublier la définition de Thiers du véritable homme d’État : esprit jeune, volonté jeune ; ce sont là les principales qualités du grand homme d’État allemand. ♦

  p. 1295-1295

Commandant Auguste Bourgeon : Souvenirs d’un soldat français  ; La Librairie française, 1956 ; 465 pages - M. B.

Le livre du commandant Bourgeon est un journal quotidien d’un homme aimant passionnément son métier et qui expose les espoirs et les déceptions d’une longue carrière militaire, vécue soit dans les colonies françaises soit en France durant la Grande Guerre ; toute sa vie, il fut un modèle de soldat et de chef. ♦

  p. 1295-1295

Général Alfred Conquet : L’énigme des blindés (1932-1940) avec une réfutation de certaines responsabilités imputées au Maréchal Pétain  ; (Lettre-préface de Jacques Isorni) Nouvelles éditions latines, 1956 ; 188 pages - M. B.

Le général Conquet expose dans cette étude les difficultés que le développement des engins blindés rencontra en France, les motifs d’ordre politique et financier qui retardèrent une réalisation jugée nécessaire ; il fait ressortir combien ces retards eurent de conséquences désastreuses pour les autres pays. ♦

  p. 1295-1295

Revue Défense Nationale - Octobre 1956 - n° 140

Revue Défense Nationale - Octobre 1956 - n° 140

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Revue Défense Nationale - Octobre 1956 - n° 140

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