Maritime - La crise de Suez - L'activité maritime en France et à l'étranger - Dans les flottes commerciales
Depuis le 26 juillet 1956, la crise provoquée par la décision du gouvernement égyptien de nationaliser la compagnie du Canal de Suez a dominé la politique mondiale. Il ne saurait être question de faire ici l’histoire de cette crise, dont les incidences diplomatiques, juridiques, économiques et psychologiques débordent largement le cadre d’une chronique maritime.
Pour nous en tenir à son aspect naval, dix-huit des vingt-deux puissances réunies à Londres le 16 août 1956, à la demande des gouvernements britannique, français et américain, ont admis, le 22, que l’utilisation d’une voie d’eau internationale comme le canal supposait le respect strict de trois principes : une administration efficace et sûre, capable d’entretenir, de développer et de moderniser les ouvrages, selon les exigences croissantes du trafic et de la technique ; la libre navigation en tout temps et pour toutes les puissances, conformément à la Convention de Constantinople du 29 octobre 1888 ; enfin l’égalité des tarifs de passage sans distinction de pavillon, ces tarifs étant d’autre part aussi réduits que possible. Il va de soi que les Dix n’ont pas songé un seul instant à mettre en doute la souveraineté de l’Égypte sur le canal ni son droit de percevoir sur le trafic des redevances équitables. Mais compte tenu du comportement actuel de cette puissance vis-à-vis de certaines nations occidentales, compte tenu aussi de l’insuffisance des ressources financières et techniques dont elle dispose, ils ont estimé qu’un organisme de gestion purement égyptien, fût-il privé et flanqué, comme l’Inde l’a proposé, d’un comité consultatif des usagers, n’aurait ni une indépendance assez grande à l’égard des influences politiques ni assez de moyens matériels pour administrer le canal, dans le respect du droit public, au mieux des intérêts du commerce mondial. (Les Dix, soit dit en passant, représentent directement – ou indirectement par les pavillons qualifiés de « complaisance » – 95 % du trafic de Suez.) Ils ont fait connaître à l’Égypte que la gestion du canal devrait être de la compétence d’un conseil (le mot « international » a été écarté, à Londres, de la déclaration des Dix), dont les membres, égaux en droits, seraient à la fois des Égyptiens et des représentants des usagers à proportion de la participation de ceux-ci au trafic.
C’est sur cette base qu’une première rencontre a eu lieu au Caire, le 8 septembre 1956, entre le colonel Nasser et le Comité dit des Cinq, la mission de ce comité (qui n’a pas qualité pour négocier un accord définitif) se bornant, en principe, à présenter et à expliquer au chef du gouvernement égyptien les propositions émanant des Dix-Huit.
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