Union française - En Algérie : dissolution des conseils généraux et municipaux - Verdicts du tribunal marocain - Aide économique - Le syndicalisme tunisien - L'organisation du Sahara - Les élections au Cameroun - Au Laos
Afrique du Nord
Algérie
Si les opérations militaires se sont ralenties en Algérie au cours du mois de décembre 1956, par contre, les actes de terrorisme se sont multipliés. Ils ont soit frappé aveuglément et souvent sauvagement la population européenne et musulmane, soit visé des personnalités algériennes de premier plan : c’est ainsi que, le 1er décembre, deux bombes explosaient à Nedroma faisant 25 victimes européennes et musulmanes et 11 blessés ; au milieu du mois, 8 femmes et enfants musulmans étaient trouvés brûlés vifs par les rebelles auprès de Tiaret ; le 25, le Bachaga Aït Ali, président du conseil général d’Alger, était grièvement blessé par un terroriste, et le 28, le président de la Fédération des maires d’Algérie, M. Amédée Froger, était assassiné en plein centre d’Alger.
Le ministre-résidant Robert Lacoste, par un arrêté en date du 14 décembre, a rendu aux autorités civiles la responsabilité du maintien de l’ordre, sauf dans les départements frontaliers de Bône et de Tlemcen.
Poursuivant son action politique, le gouvernement français a procédé par décret, le 13 décembre, à la dissolution des conseils généraux et municipaux d’Algérie. Une nouvelle étape vient donc d’être franchie sur la voie des élections libres, mais il est certain que pour porter tous ses fruits la réforme doit être appliquée rapidement et que la participation des musulmans aux organismes provisoires décidera de son succès. Les élus européens ont réagi de façon nuancée à cette mesure : leur position varie du scepticisme hostile à l’approbation modérée.
Un arrêté du ministre-résidant, en date du 22 décembre, crée 229 communes de plein exercice à la place de 19 communes mixtes.
Maroc
Le tribunal militaire marocain nouvellement créé a été appelé à juger un certain nombre de musulmans assassins d’Européens ; plusieurs condamnations à mort ont été prononcées, en particulier dans l’affaire des émeutiers de Meknès. La population marocaine a accueilli ces verdicts avec calme et les a approuvés ; les Européens de leur côté en ont éprouvé un certain soulagement.
Au retour du prince Moulay Hassan des États-Unis, M. Balafrej, ministre des Affaires étrangères, a confirmé que les États-Unis envisagent d’accorder au Maroc une aide économique. L’Assemblée nationale et le Sénat ont voté 48 milliards de crédits d’aide économique au Maroc et à la Tunisie.
Tunisie
Le secrétariat tunisien à l’Information a annoncé, le 10 décembre 1956, que la France et la Tunisie avaient l’intention de reprendre leurs relations diplomatiques.
Après la scission intervenue au sein de l’Union générale des travailleurs tunisiens, et la création par Habib Achour de l’Union tunisienne du travail, on apprenait, le 19, que M. Ahmed ben Salah était remplacé à son poste de secrétaire général de l’UGTT par M. Ahmed Tlili. M. Bourguiba expliquait publiquement ce limogeage en invoquant la nécessité de l’unité syndicale tunisienne ; mais le fait que M. ben Salah se trouvait à Casablanca pour jeter les bases de l’unité syndicale nord-africaine, au moment où il était écarté de l’UGTT au nom de l’unité syndicale tunisienne, laisse entrevoir des divergences de positions qui débordent la politique intérieure tunisienne.
Afrique noire et Sahara
Sahara
L’Assemblée nationale a adopté, le 14 décembre 1956, en première lecture un projet d’organisation du Sahara qui lui a été renvoyé par le Sénat après d’assez importantes modifications.
Cameroun
Les élections à l’Assemblée territoriale du Cameroun, qui se sont déroulées le 23 décembre 1956, ont été précédées et accompagnées de troubles graves mais localisés. La nouvelle Assemblée, dont le caractère semble assez modéré, sera appelée prochainement à discuter du futur statut du Cameroun.
Indochine
Laos
Certaines informations de presse ont annoncé que la Constitution du Laos, qui vient d’être révisée, ne fait plus mention de l’appartenance de ce pays à l’Union française. Il convient de préciser que, si le Laos a ainsi décidé de ne plus faire état dans sa Constitution interne des alliances qu’il a pu conclure, il n’en reste pas moins attaché à l’Union française. La meilleure preuve en est qu’en septembre dernier le Premier ministre laotien, Souvanna Phouma, déclarait : « Le traité franco-laotien de 1953, qui confirme l’indépendance du Laos et son adhésion à l’Union française, restera la base des rapports franco-laotiens », et qu’au surplus le Laos vient de porter de trois à cinq le nombre de ses représentants à l’Assemblée de l’Union française. ♦