Platero et moi
Voici l’œuvre la plus connue du dernier prix Nobel de littérature. Platera, c’est un âne, un âne amical, compréhensif et doux. N’est-il pas aussi comme le double du poète, un témoin qui approuve, un confident qui fait écho ?
L’auteur procède par notations très courtes : une page tout au plus. Ce sont des récits de scènes familières, de faits de chaque jour. L’imagination s’y déploie dans l’admiration panthéiste de la nature. « Quelle force intérieure m’élève, comme si j’étais une robuste tour de pierre coiffée d’un toit d’argent lunaire. Regarde toutes ces étoiles ! Elles sont si nombreuses qu’elles donnent le vertige. On dirait que le ciel est un monde d’enfants qui récitent à la terre un ardent rosaire d’amour idéal.
Platero, Platero ! Je donnerais toute ma vie et je voudrais que tu acceptes d’offrir la tienne, pour la pureté de cette haute nuit de janvier, si claire, si dure, si solitaire. »
L’intensité de la poésie, le sens aigu de la nature, certaines images raccourcies font penser tantôt au Pierre Louÿs des Chansons de Bilitis, tantôt au Jules Renard des Histoires naturelles. Mais il y règne en plus une émotion, des vibrations profondes d’un caractère bien particulier.
« L’Angélus ! Un Angélus dur, abandonné, tout sanglotant sous le tonnerre. Serait-ce l’ultime Angélus de la Terre ? On voudrait que cette cloche se taise au plus vite, ou qu’elle retentisse à n’en plus finir, qu’elle étouffe l’orage. Et l’on se retourne et se retourne, et l’on pleure, et l’on ne sait ce que l’on veut… »
En vérité, Platero et moi est une œuvre confidentielle. C’est la confession d’une âme simple, pure et frémissante. Ce livre a sa place à portée constante de la main. Il est de ceux que l’on relit par besoin de retrouver en lui des émotions intimes. ♦