Union française - Le FLN se livre à des massacres en Algérie - Tension des relations franco-tunisiennes - Les rapports franco-marocains - Désignation des Conseils de gouvernement en Afrique noire et à Madagascar - Nouvelles d'Indochine
Afrique du Nord
Algérie
La Commission de sauvegarde des droits et libertés individuelles, dont le président est M. Pierre Béteille, conseiller à la Cour de cassation, et le secrétaire M. Maurice Garçon, avocat à la Cour de Paris, a procédé à son installation en Algérie.
Au moment où la mise en place des Commissions administratives et des Commissions spéciales, organismes provisoires, se termine, et où les mots d’ordre de la rébellion visent particulièrement les musulmans qui acceptent de collaborer avec la France, la Commission entame ses travaux dans une atmosphère particulièrement tragique. M. Lacoste, ministre-résidant, a tout spécialement attiré son attention sur l’atroce tuerie de Melouza (Grande Kabylie) le 28 mai 1957, au cours de laquelle près de trois cents musulmans qui s’étaient ralliés à la France ont été impitoyablement massacrés par les bandes du Front de libération nationale (FLN). M. René Coty, président de la République française, a, dans une émouvante allocution radiodiffusée, porté à la connaissance des nations ce forfait dont l’horreur égale les pires atrocités commises au cours de la Seconde Guerre mondiale.
Venant après l’assassinat, à Paris, le 26 mai 1957, de M. Ali Chekkal, ancien vice-président de l’Assemblée algérienne, qui a soulevé l’indignation de l’opinion publique française, le massacre de Melouza montre, dans toute sa froide cruauté, la volonté des chefs de la rébellion d’interdire toute solution de compromis en Algérie.
Poursuivant leur politique d’aide à l’Algérie les pays arabes ont demandé aux États-Unis de cesser leur aide économique et militaire à la France, sous prétexte que cette dernière les utilisaient pour alimenter une répression sans pitié contre les musulmans algériens.
Tunisie
M. Bourguiba a présidé, le 1er mai, un meeting commun de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) et de l’Union des travailleurs tunisiens (UTT). Cette réunion a été placée sous le signe du rapprochement des deux organismes séparés depuis plusieurs mois, rapprochement qui deviendra effectif en juin.
Les élections municipales du 5 mai 1957 ont été marquées par un pourcentage très élevé de votants, 90 % ; 88 sièges sont allés au Néo-Destour sur un total de 94.
En raison de l’aide permanente apportée par la Tunisie aux rebelles algériens, le gouvernement français a sursis au déblocage de 12 milliards de crédits en faveur de ce pays. M. Bourguiba a immédiatement menacé de rompre les liens économiques avec la France et de dénoncer la Convention économique du 8 juin 1955. D’autre part, le gouvernement tunisien a décidé de porter sur le plan international le problème des réfugiés algériens en saisissant l’Organisation internationale des réfugiés.
Ces faits, auxquels vient de s’ajouter un grave incident entre troupes françaises et tunisiennes, laissent mal augurer de l’évolution prochaine des relations franco-tunisiennes.
Maroc
L’arrestation à Marrakech des fils du Glaoui [NDLR 2023 : le pacha de Marrakech décédé le 23 janvier 1956] par des éléments de l’Armée de libération (AL) a provoqué, dans les milieux français du Maroc et dans la métropole, une vive émotion. L’annonce officielle que le gouvernement marocain prenait à son compte cette opération, et le souci que ce dernier a montré de préserver les bonnes relations entre les deux pays, onc cependant évité une dégradation des rapports franco-marocains.
Afrique noire
Les Assemblées territoriales et provinciales d’Afrique noire et de Madagascar ont procédé, au cours du mois de mai, à la désignation des membres des conseils de gouvernement. Au Cameroun, M. Mbida, député, a été chargé par le Haut-Commissaire des fonctions de Premier ministre.
Indochine
Vietnam
M. Ngo-Dinb-Diêm, chef du gouvernement du Sud-Vietnam, s’est rendu à Washington où il a sollicité une augmentation de l’aide économique et militaire américaine.
Laos et Cambodge
Les gouvernements du Laos et du Cambodge ont presque simultanément demandé un accroissement de l’aide technique et financière de la France.
Le gouvernement laotien a donné sa démission à la suite d’un désaccord avec le Parlement sur l’intégration du Pathet Lao. ♦