C’est en convoquant de grands économistes qui ont fondé des écoles de pensée réputées, que les auteurs s’interrogent sur la stabilité des rapports qu’entretiennent les armées et la guerre, notamment quand l’État régule les jeux de la concurrence et module la demande au profit d’une croissance sectorielle équilibrée.
L’économie, l’armée et la guerre : quel budget pour la Défense ?
Economy, the armed forces and warfare: where is the defence budget?
In a review of the great economists who founded the renowned schools of thought the authors investigate the stability of relationships between armed forces and the warfare they would wage, especially in a situation where the state sets the rules of competition and controls demand for the benefit of a balanced growth sector.
Les conflits armés façonnent l’histoire de l’humanité. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que l’impact de la guerre ait été étudié sous des angles multiples. Curieusement, l’analyse des économistes – en particulier francophones – sur ce thème en est restée à sa portion congrue et les quelques auteurs qui se sont penchés sur la question des effets économiques de la guerre ont des points de vue discordants.
Une première catégorie d’entre eux voit dans les conflits armés une source de relance de l’activité. Inversement, une deuxième catégorie de théoriciens considère que les batailles ainsi que l’entretien de l’armée sont à l’origine de la destruction de capital aboutissant aux dépressions économiques. C’est ainsi que l’économiste marxiste Boukharine (1920) écrit : « L’armée qui représente une demande colossale pour son entretien ne fournit pas de contrepartie en travail ; il s’ensuit qu’elle ne produit pas mais prélève. Cette circonstance constitue le facteur de destruction [du capital] le plus important » (p. 78). Enfin, une troisième catégorie d’économistes adopte un point de vue plus nuancé. Pour eux, les commandes d’armements et les conflits militaires sont constitutifs de débouchés supplémentaires pour l’industrie. Toutefois, ces débouchés ne peuvent être durables que dans la mesure où ils s’accompagnent d’un essor des revenus permettant de faire croître la consommation.
Le propos de la réflexion qui suit est d’examiner le fondement de ces trois types de positions. Sans les départager, on peut sans doute faire émerger les conditions qui justifient l’entretien d’une armée importante ou une variation des dépenses de défense.
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