Le 22 octobre 1956, l'Armée de l'air intercepte un avion de la compagnie Air Atlas-Air Maroc dans se trouvent Ahmed Ben Bella, Hocine Aït Ahmed, Mostefa Lacheraf, Mohamed Khider et Mohamed Boudiaf, dirigeants du Front de libération nationale (FLN), en preovenance de Rabat et à destination de Tunis en Tunisie, après escale à Palma de Majorque.
La rébellion algérienne après l'arrestation des chefs du Front de libération nationale (FLN)
La rébellion algérienne ne serait pas ce qu’elle est, dans ses objectifs et dans ses formes, sans l’action de surexcitation passionnelle menée par Nasser sur les masses musulmanes, et sans l’action matérielle des « services spéciaux » du gouvernement égyptien, dirigés par les commandants Fathi El Dib et Ezzat Soleïman. Il est donc normal que tout ce qui se passe en Égypte ait des retentissements directs en Algérie (dans le cadre général du Moghreb, sensibilisé quasi-pathologiquement au panarabisme, et dans celui, plus particulier, de la révolte des fellagha). À ce titre, l’intervention militaire franco-britannique tiendra un rôle majeur dans le règlement qui sera apporté à ce drame. Mais elle ne déterminera pas un règlement — car si l’on ne peut expliquer la rébellion algérienne sans tenir compte de l’action égyptienne, on ne peut davantage l’expliquer par cette action seule.
Quoi qu’il en soit, si l’on considère cette rébellion en elle-même, c’est-à-dire comme l’expression terroriste d’un mouvement politique issu, au terme d’une évolution complexe, de l’Étoile Nord-Africaine et du P.P.A. de Messali Hadj, on est amené à se demander quelles peuvent être les conséquences de l’arrestation de Mohammed Ben Bella, Mohammed El Khyder, Aït Ahmed Hocine, Mohammed Boudiaf et Mostefa Lacheraf.
Un fait est essentiel : à l’exception de Lacheraf, dont l’activité s’était limitée jusqu’ici à des campagnes de propagande dans certains journaux parisiens, les quatre autres représentaient le C.R.U.A., qui se trouve aujourd’hui décapité et ne peut plus, comme il le faisait, imposer sa volonté au F.L.N. Ce ne sont pas seulement quatre chefs de la rébellion qui ont été arrêtés, ce sont les leaders de la tendance la plus « égyptienne » (et Ben Bella l’a reconnu lors de son premier interrogatoire) des agents des services secrets égyptiens, et c’est pourquoi « le coup de l’avion » présente une importance politique considérable.
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