Félix Gaillard, président du Conseil, a annoncé le 7 mars à l’Assemblée nationale, la présentation prochaine de « propositions concrètes et précises » sur la mise en œuvre d’une coopération économique en vue d’exploiter les ressources sahariennes et l’organisation avec les pays de la Méditerranée occidentale d'une défense commune, complément naturel du Pacte atlantique. Mais le cabinet Gaillard était renversé le 15 avril, et les propositions annoncées n’ont pas vu le jour. La problématique n’en reste pas moins intéressante.
À propos d’un plan de communauté méditerranéenne
Ayant posé la question de confiance à propos du budget de la Défense nationale, M. Félix Gaillard, élargissant le débat dans son discours du 7 mars devant l’Assemblée nationale, annonçait la présentation prochaine de « propositions concrètes et précises » sur : 1° la mise en œuvre d’une coopération économique en vue d’exploiter les ressources sahariennes ; 2° l’organisation avec les pays des bords de la Méditerranée occidentale de l’axe nord-sud de défense commune qui est le complément naturel du Pacte atlantique. Précisant sa pensée, le dimanche suivant, 9 mars, à Chartres, il parlait d’une double communauté de défense et économique entre les pays de la Méditerranée occidentale afin d’y organiser la sécurité et de réaliser l’espérance offerte par l’exploitation des richesses du Sahara. Il ajoutait enfin, à Doullens, le 23 mars : « Au succès de cette tâche, tous les Alliés et tous les amis de la France sont directement intéressés. La création de la communauté eurafricaine ne peut être isolée d’un contexte plus large ; elle sera un facteur de stabilité politique essentiel à l’ensemble du monde libre… » Mais le cabinet Gaillard était renversé le 15 avril, et les propositions concrètes et précises annoncées le 7 mars n’ont pas vu le jour.
Ce n’est pas une raison pour ne pas replacer dans un « contexte plus large », historique, politique, économique, — aussi bien informés que soient les lecteurs de la Revue des questions méditerranéennes (1) et si improvisé qu’il ait été, du moins au dire de certains observateurs, — ce projet de solution d’une question qui, qu’on le veuille ou non, se pose à la France depuis son établissement en Algérie, et avec une acuité toute particulière depuis la révélation des richesses sahariennes, le développement des institutions européennes, l’organisation du marché commun, — qui se pose également aux autres riverains de la Méditerranée, et en particulier aux États nord-africains qui ont acquis, ou récupéré, leur indépendance.
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