La protection civile en France (II) L'organisation des secours
Dans le précédent article, nous avons examiné la première mission de la Protection Civile : la mise en état de moindre vulnérabilité du territoire sous la forme de la prévention et de la protection, ainsi que les objectifs que se sont assignés les services responsables dans cette perspective. L’ampleur d’une telle tâche est, on l’a vu, considérable ; elle concerne sans doute en premier lieu l’État — dans la totalité de ses services — mais non lui seul : collectivités locales et entreprises semi-publiques et privées ont des devoirs exprès tant vis-à-vis des personnes dont elles sont responsables, que du pays. Cependant, prévention et protection, même si elles étaient totalement organisées, adaptées et améliorées en permanence, n’assureraient pas la vie sauve à tous les Français et n’empêcheraient pas qu’un conflit éventuel fasse de nombreuses victimes par brûlures, blessures ou lésions radioactives. Il faut donc que la Protection Civile pense à l’organisation des secours et de l’assistance. Une précision s’impose dès l’abord. La Protection Civile proprement dite est seulement chargée du secours immédiat, c’est-à-dire lutte contre le feu, déblaiement des décombres de toutes sortes, dégagement des victimes, premiers soins et transport jusqu’aux plus proches installations de protection sanitaire qui sont du domaine du Ministère de la Santé publique.
La tâche reste infiniment lourde cependant pour la Protection Civile. Pendant la guerre de 1939-45, l’Allemagne et l’Angleterre ont été — bien plus que notre pays — soumises à des bombardements aériens. Ces deux pays ont vu leur défense civile comporter jusqu’à 1 500 000 personnes. Comment organiser les forces de défense civile ? En les basant essentiellement sur une trame déjà existante en temps de paix : le découpage administratif de notre pays. Le Préfet représentant le Gouvernement tout entier, porte la pleine responsabilité de la sauvegarde de la population de son département. Sous son autorité, et de par leurs attributions légales, les maires en portent la responsabilité dans leurs communes. S’il est vrai que les moyens de toutes sortes nécessaires sur le plan matériel n’ont encore été donné ni aux uns ni aux autres, si même, jusqu’ici, certains d’entre eux n’ont pas pris une conscience parfaitement nette de l’importance des besoins, tous peuvent tenir pour assuré que, si la catastrophe survenait, la population aurait tôt fait de désigner les responsables. Aussi, leur souci devrait-il être, dès maintenant, d’aborder franchement ce problème et, pour le moins, de pousser toutes les études indispensables afin que, les moyens légaux, réglementaires ou autres, de réaliser, leur étant par hypothèse enfin accordés, l’exécution ne souffre alors ni délai ni retard.
Aucun département, aucune commune de France ne demeureraient étrangers aux conséquences d’une guerre éventuelle. C’est évident pour un conflit atomique ou nucléaire. C’est vrai aussi en cas de guerre dite « classique » que la crainte de sa métamorphose en une guerre totale rendrait génératrice de perturbations dans les points les plus reculés. C’est dire que l’organisation de la Protection Civile doit être pour une part territoriale et statique.
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