Bilan et perspectives socialistes
L’ancien Président du conseil reproduit dans ce livre, en l’augmentant de quelques compléments et mises à jour, une conférence prononcée en décembre 1957. Il s’y propose de définir le programme du parti socialiste (SFIO) et d’indiquer les réalisations qui lui sont dues au cours de ces dernières années, et plus particulièrement au cours des années 1956 et 1957.
Le livre comprend quatre parties, qui traitent respectivement de la politique internationale, de l’outre-mer, de la politique intérieure, et enfin de quelques données politiques et de quelques réflexions sur la position des socialistes vis-à-vis des autres partis.
Il serait trop long de résumer cet ouvrage, car en fait, l’argumentation en est si serrée qu’il faudrait pratiquement la reproduire presque entièrement pour ne pas risquer de la trahir. Contentons-nous d’indiquer les principales idées que M. Guy Mollet indique au chapitre consacré à la politique internationale.
Les socialistes veulent une paix qui ne soit ni une domination, ni une soumission, mais une négociation constante d’une organisation qui lui donne des assises solides. L’URSS, qui se réclame du socialisme le plus pur, connaît en réalité une dictature qui nie tous droits démocratiques aux individus et aux peuples ; sa politique est impérialiste, et reprend celle des tsars, en l’intensifiant ; elle s’exprime par des conflits localisés dans lesquels elle n’hésite pas à s’engager, mais elle ne recherche pas la guerre ouverte et généralisée contre les États-Unis.
Ceux-ci, dont l’opinion publique est profondément pacifique, doivent être maintenus par leurs gouvernants dans un système d’alliances défensives. La politique américaine est mal assurée, sauf dans deux régions du monde, en Europe, où la présence des forces américaines est la plus sûre garantie de la paix, et en Extrême-Orient. Ailleurs, les États-Unis « achètent » la paix et l’amitié intéressée des diverses puissances ou de leur chef : tel Nasser.
Pour les socialistes, la meilleure façon d’empêcher la guerre est de rester fidèle à l’Otan, et d’étendre la solidarité des alliés atlantiques dans les zones où celle-ci ne s’exerce pas du fait du Traité. Mais cette paix doit être organisée, en faisant diminuer la tension entre l’Est et l’Ouest, « à la condition unique mais préalable, mais permanente, que ne soit pas réduite la puissance du bouclier qui garantit notre existence », en édifiant les États unis d’Europe, en réalisant un désarmement qui soit à la fois général, simultané et rigoureusement contrôlé, en instituant l’arbitrage sur d’autres bases que celles qui existent actuellement et qui sont trop fragiles et trop discutables.
On trouvera dans ce livre, pourtant si court, d’autres sujets de haute actualité, et notamment les programmes concernant l’Afrique du Nord et l’Algérie.
C’est sans doute assez dire l’intérêt de cet ouvrage qui, s’il n’apporte rien qui ne soit déjà connu, a le mérite de fournir une synthèse claire des idées socialistes sur les grands problèmes du jour. ♦