Le sujet choisi par M. René Sedillot est d’une brûlante actualité, bien qu’il remonte aux temps les plus lointains et aux formes les plus anciennes de la colonisation. On pourrait dire, en somme, que l’histoire de la colonisation est l’histoire du monde, tant ce phénomène social, que certains voudraient faire croire actuel, est intimement mêlé à la vie du monde.

La thèse de l’auteur peut se résumer par la dernière phrase de son épais ouvrage : « Au livre de l’histoire, les chapitres s’enchaînent. La colonisation continue ».

C’est donc pour arriver à cette conclusion que M. René Sedillot passe en revue toutes les formes d’expansion, depuis les origines de l’histoire. Présentée en douze chapitres relativement courts, cette revue très claire est à la fois un résumé des faits historiques et leur commentaire. Les Empires se constituent, s’étendent et prospèrent, puis s’effondrent, se remplaçant les uns les autres, sans trêve. À chaque grand moment de l’histoire, il semble que l’ère coloniale soit terminée ; elle renaît sous des aspects nouveaux. Mais l’origine des déclins des empires doit être recherchée dans la division interne et dans l’effondrement de la monnaie : causes politiques et causes économiques se conjuguent pour miner les constructions les plus puissantes.

On lira avec intérêt cette histoire synthétique, avec un intérêt d’autant plus grand sans doute que les événements se rapprochent davantage de nous. Les dernières pages, qui traitent des questions d’actualité, mais avec l’objectivité de l’historien, retiendront particulièrement par leur vigueur et leur clarté.

Ouvrage de fond, le livre de M. Sedillot permet de replacer dans leur perspective historique des événements qui nous touchent de si près, et d’apporter, dans les passions du moment, un peu de cette sérénité sans laquelle il ne peut y avoir de véritable jugement. ♦