Sa Majesté la Surface
La surface est un élément particulier de la géographie de guerre dont on parle généralement peu ou pas, tant dans le domaine de l’action elle-même que dans celui des commentaires historiques ultérieurs. Ce facteur n’apparaît pas en effet ostensiblement et avec éclat dans la conduite des opérations, comme les forces, les fronts, les distances, les ravitaillements, etc. Par contre, il y intervient fréquemment de façon occulte, insidieuse, sournoise, pesante, exténuante, trompant les prévisions et entraînant des charges inattendues.
C’est à ce dernier point de vue, surtout, que la surface manifeste son influence. Elle se révèle comme une terrible mangeuse d’hommes, d’effectifs, de matériel, de moyens de toute sorte, comme une manière d’ogresse dont l’appétit est inimaginable. Celui qui s’obstine à lutter contre elle est pris dans un engrenage fatal qui le conduit à l’éparpillement et à l’usure de ses forces. La surface est en effet la plus forte. Comme la pieuvre, elle enserre et étouffe l’imprudent qui n’a pas su l’éviter, et elle finit par le dévorer tout entier.
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