La stratégie atomique a-t-elle fait faillite ?
F.O. Miksche, dans un livre qu’il a condensé dans un article paru ici même il y a un mois (Revue de Défense Nationale de mai 1959), conclut à la faillite de la stratégie atomique et plus généralement à l’erreur des tendances modernistes et de l’abus de la technique dans le domaine de la guerre.
De telles prises de position publiques sont très importantes au moment où, en cette 10e année de l’OTAN, l’opinion française semble prendre enfin conscience des problèmes de Défense Nationale liés à l’apparition ou au développement de l’arme atomique et de la guerre révolutionnaire. Trop longtemps, en effet, une opinion distraite et sans doute lassée par les épreuves de la dernière guerre a vu dans l’existence du stock atomique américain la réponse à tous nos problèmes de défense : l’ère des armées classiques paraissait révolue, la guerre elle-même pourrait disparaître. Cependant, les épreuves de Corée, d’Indochine, d’Algérie et les progrès soviétiques en Extrême-Orient, en Moyen-Orient ou en Afrique ont démontré que la protection conférée par ce stock atomique n’était certainement pas complète. D’autre part, maintenant que le stock atomique soviétique pourrait équilibrer le stock américain, la garantie ne se révèlerait-elle pas illusoire en cas de guerre générale ? Bien plus, si l’on employait ces milliers d’armes atomiques de part et d’autre, l’humanité survivrait-elle à un tel cataclysme ? D’où toute une série de critiques inquiètes : l’OTAN trop partiel et tourné sur son flanc sud, le « deterrent » atomique conduisant au suicide ou à la paralysie en face des poussées adverses, le danger de l’arme atomique tactique pour renforcer le « bouclier », etc…
Ce sont toutes ces critiques essentielles que développe F.O. Miksche dans une thèse d’ensemble fortement pensée où s’allie une grande largeur de vues stratégiques à une expression claire et bien affirmée.
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