Parmi les livres - Marins, explorateurs, roman maritime
« Il y a dans la vie du marin quelque chose d’aventureux qui nous plaît et qui nous attache. Ce passage continuel du calme à l’orage, ce changement rapide des terres et des cieux, tiennent éveillée l’imagination du navigateur. Il est lui-même, dans ses destinées, l’image de l’homme ici-bas : toujours se promettant de rester au port et toujours déployant ses voiles ; cherchant des îles enchantées où il n’arrive presque jamais, et dans lesquelles il s’ennuie s’il y touche ; ne parlant que de repos et n’aimant que les tempêtes ; périssant au milieu d’un naufrage ou mourant vieux rocher sur la rive, inconnu des jeunes navigateurs dont il regrette de ne pouvoir suivre le vaisseau » (Chateaubriand).
Cet exergue peut suffire à lui seul à justifier l’existence d’un genre littéraire et philosophique, celui du voyage, de l’aventure, du départ, de la découverte des autres et de soi. Malraux disait que l’on voyageait pour des raisons sexuelles, peut-être, si l’amour est entendu dans son sens véritable, d’éros, de philia et d’agapé. À l’heure du monde fini, l’ailleurs continue sinon de fasciner, au moins de nous interroger, preuve que la Terre n’est pas aussi plate qu’on a voulu le croire.
– Producteur-animateur (Mauvais Genres) et chroniqueur à France-Culture – on lui doit notamment chez le même éditeur un dictionnaire Jules Verne – François Angelier a choisi, pour rédiger son copieux dictionnaire (1), des bornes chronologiques fort larges allant des invasions mongoles du XIIIe siècle au cataclysme nucléaire du XXe. Grâce à lui, le lecteur redécouvre les figures classiques du voyage et de l’exploration comme Marco Polo, Christophe Colomb, James Cook, Roos, Charcot, Amundsen, sans compter les figures incontrôlables comme Alexandra David-Néel. Il lui a fallu opérer un savant dosage entre les nationalistes, les époques, les types d’explorateurs et de voyageurs, car qu’y a-t-il de commun entre pères dominicains, maristes ou conquistadors espagnols, amiraux anglais, coupeurs de bois canadiens, trappeurs et chercheurs d’or ? Mais aussi diplomates italiens, russes, nombreux géophages allemands, botanistes, alpinistes, corsaires de tout poil. De Mathias Abad, missionnaire dominicain qui explora la Colombie au XVIIe siècle à Heinrich Zollinger, botaniste et explorateur suisse du XIXe siècle qui s’est rendu à Java et aux îles de la Sonde, on le voit, la liste est longue, variée, foisonnante. De fait, on en apprend autant sur les contrées découvertes, explorées, visitées, cartographiées et décrites que sur les hommes (pourquoi si peu de femmes ?) et leurs motivations aussi variées que les passions et les valeurs humaines.
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