Défense nationale et promotion des peuples (I) L’année de la « coexistence pacifique »
L’année 1959 restera sans doute comme le tournant décisif de l’après-guerre : la « coexistence pacifique » esquissée officiellement dès la conférence de Genève de 1955, a réussi cette fois son entrée dans l’opinion grâce à la conjonction d’un propagandiste hors de pair, M. Khrouchtchev et à la conviction quasi religieuse, en faveur de la paix, d’un ancien homme de guerre, le Président Eisenhower.
Que, de la part des Soviétiques, ce nouveau cours ne soit en réalité ou qu’un nouvel avatar de la guerre froide et une nouvelle ruse de la guerre psychologique, ou l’expression d’un sentiment d’invulnérabilité succédant à la hantise obsidionale de l’ère stalinienne, nous n’en débattrons pas ici : aussi bien n’est-ce point notre propos et la réponse appartient à l’histoire des prochaines confrontations « au sommet ».
L’important, dans la conjoncture présente, est que, de toutes parts, se manifeste une aspiration croissante en faveur d’un retour au réel de la vie de relations internationales, au bénéfice d’une compétition à visage découvert des peuples industriels : cette tendance n’exprime rien d’autre, en définitive, qu’un besoin profond de démystification à l’encontre des stéréotypes de la guerre froide qui, depuis quinze ans, ont littéralement empoisonné la croissance des nations. Il apparaît donc décisif pour la santé morale de l’humanité, à quelque bord idéologique qu’elle se rattache, que le « pari » ou le « défi » ou l’« enjeu » de la coexistence pacifique ne s’achève point en déception, c’est-à-dire dans l’irréel d’un nouveau mythe et dans la contrainte d’un affrontement totalitaire, renouvelés de ceux dont nous nous libérons à peine.
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