Mémoires d’un agent secret de la France libre. T. I : 18 juin 1940-18 juin 1942
L’édition définitive des Mémoires de Rémy paraît sous une agréable présentation : reliure, photos, typographie, tout est plaisant pour le lecteur. Mais celui-ci se trouve vite emporté par d’autres attraits que l’apparence du livre. Il semble impossible de ne pas être passionné par ce récit direct, et de ne pas le lire jusqu’au bout, sans en passer une page ni une ligne. On dit familièrement qu’un livre qui intéresse « se lit comme un roman » ; il serait souhaitable que bien des romans se lisent comme ces Mémoires…
Rien pourtant qui y sente la fiction. On a toujours l’impression du réel et de choses vécues. Cette impression est sans doute due à la fois au style très prenant de l’auteur, qui raconte ses aventures d’une façon simple en obtenant ainsi des effets d’émotion, de joie ou d’angoisse et rend extraordinairement présents ses héros et les multiples péripéties auxquels ils sont mêlés, – et à la nature des activités auxquelles ils se livraient.
Il est inutile de redire ici que Rémy fut le chef d’un des principaux réseaux de renseignement qui travaillaient en France, pendant la dernière guerre, au profit des Alliés à Londres. L’organisation du réseau, la recherche des renseignements, soit de la propre initiative des agents, soit sur demande de Londres, la lutte contre les services de police allemands et français, l’héroïsme de certains, les faiblesses, voire les trahisons de certains autres, la chance et la malchance, l’émission des messages, les liaisons par air et par mer avec l’Angleterre, toute cette épopée se tisse avec les sentiments familiaux, la vie quotidienne, les élans religieux, les espoirs et les doutes, tout cela entraîne irrésistiblement le lecteur.
Nous n’avons pas eu l’occasion de comparer cette édition définitive aux éditions précédentes. Sans doute, certains jugements sur les hommes ou les faits ont-ils été modifiés ou nuancés, avec le recul du temps. Aussi, cet ouvrage a-t-il une objectivité à laquelle il convient de rendre hommage. Il nous paraît être l’un de ceux qui sont un témoignage d’une époque. L’auteur l’a dédié « aux jeunes Français, pour qu’ils sachent ». Et cette dédicace nous semble parfaitement bien choisie ; nous y ajouterons seulement qu’aux jeunes lecteurs qu’appelle ainsi l’auteur, il est souhaitable que se joignent beaucoup d’autres ; ceux qui étaient des hommes au moment où Rémy dirigeait son réseau voudront aussi « savoir », et comprendront mieux les événements auxquels ils ont été mêlés. ♦