Le 1er janvier 1959, la révolution cubaine prenait fin et commençait le régime castriste. Un an après l’établissement de Fidel Castro, l’auteur fait le point sur la situation de l’île sous le prisme de l’économie et de la diplomatie : principalement sur la question du pétrole et des relations américano-cubaines et hispano-cubaines.
L’alternative de Fidel Castro
Dans les affaires mondiales, les personnalités prennent, actuellement, une supériorité caractéristique quand elles entrent en conflit avec les règles et les principes, même universellement admis. Et, quand deux personnalités s’opposent, c’est la plus forte des deux — prises intrinsèquement — qui l’emporte. Les événements de Corée, du Congo, de Cuba, pour ne citer que les plus récents, l’ont prouvé en mettant en vedette Syngman Rhee, Tschombé, Lumumba, Fidel Castro. La politique du dictateur barbu de La Havane mérite, sans doute, plus que les autres, pour le moment du moins, de retenir l’attention, car c’est aux portes des États-Unis qu’elle évolue dangereusement, à un rythme accéléré.
La guerre du pétrole
Le 1er juillet, la saisie par le gouvernement cubain de deux raffineries de pétrole américaines dans l’île et la publication par Washington d’un document officiel faisant état de « la campagne systématique de calomnies et de propagande hostile » dont les États-Unis étaient l’objet, ouvrait une ère nouvelle de tension dans les relations entre les deux pays. Le mémorandum américain indiquait que la politique de « tolérance et de patience » suivie à l’égard du nouveau régime cubain n’avait pas obtenu les résultats escomptés, que les relations amicales avec La Havane n’avaient pu être maintenues et que les efforts pour empêcher Cuba de tomber dans l’orbite de Moscou avaient complètement échoués. Le principal objectif de Washington était désormais d’empêcher que le « virus » ne gagne les autres pays d’Amérique latine.
La Standard Oil, l’une des compagnies américaines dont la raffinerie avait été saisie, rappela, dans une déclaration, que Cuba ne produisant pour ainsi dire pas de pétrole, la « Essosa » sa filiale cubaine, obtenait depuis des années, du pétrole brut de la « Creole Petroleum » au Venezuela. Depuis plus d’un an, « Essosa » rencontrait des difficultés à obtenir les devises étrangères nécessaires pour payer le pétrole brut qu’elle importait ; elle avait cependant maintenu ses expéditions en fournissant elle-même les devises étrangères jusqu’à ce que le gouvernement fût en mesure d’en effectuer le paiement. Ainsi, 30 millions de dollars étaient dus par l’État cubain aux fournisseurs de pétrole brut de l’« Essosa », qui avait été avisée par la « Creole Petroleum » que celle-ci ne pouvait plus continuer à lui fournir du pétrole brut pour sa raffinerie, à moins qu’il ne fût payé d’avance. Ainsi, pour des raisons purement économiques, « Essosa » fut contrainte de suspendre les importations de pétrole brut qui alimentaient sa raffinerie.
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