Politique et diplomatie - En Afrique : États nouveaux, nations à faire. En Europe : un nouveau départ
L’Afrique Noire en 1960 présente un apparent paradoxe : les états indépendants s’y multiplient, qui jouissent de toutes les prérogatives de la souveraineté en matière internationale comme en matière intérieure, alors que les nations dont ces états sont théoriquement l’expression ne sont pas encore constituées.
À dire vrai, ce décalage entre l’apparition de l’état et la réalisation de la nation n’est pas, loin de là, un phénomène original. Il se produit toutes les fois que les vicissitudes de l’histoire ont pour effet de définir, avec plus ou moins d’artifice, de nouveaux pays sur la carte. Ce fut le cas, au Proche-Orient, après la première guerre mondiale. Le Liban et la Syrie, par exemple, constituaient-ils des unités nationales avant d’avoir été érigés comme tels par les traités ? Et pourtant, qui nierait qu’aujourd’hui le Liban, grâce au délicat équilibre réalisé par les institutions du Mandat, est proprement une nation ? Quant à la Syrie, malgré son absorption dans la R.A.U., elle reste bien une communauté nationale.
Ces brèves remarques suggèrent une conclusion : si l’état est l’expression de la nation, il en est aussi à maints égards la condition, le germe. Il est en quelque façon le pivot autour duquel s’assemble et se définit la nation. Il donne sa matière et ses symboles à la cohésion nationale. Aussi est-il difficile de parler de nation là où aucune autorité centrale n’est reconnue, au moins en droit si les circonstances ne lui permettent pas de s’exercer.
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