Otan - Au Conseil - Les deux Allemagnes et Berlin - Défense aérienne - Commandement
Au Conseil
Le représentant permanent de la Grande-Bretagne à l’Otan, Sir Frank Roberts, nommé ambassadeur à Moscou, quitte le poste qu’il occupait depuis trois ans ; il est remplacé par Sir Paul Mason, ambassadeur du Royaume-Uni à La Haye (Pays-Bas) depuis 1954.
Le Conseil, dans ses réunions hebdomadaires, continue ses échanges de vues sur la situation internationale et sur une refonte de l’Organisation. « Ce qui a été fait en dix ans dans cette zone étroite et sur la base de l’intégration, doit être mis à la page », a dit le général de Gaulle dans sa conférence de presse du 5 septembre 1960… « Nous considérons qu’au moins entre les puissances mondiales de l’Ouest, il faudrait qu’il y ait quelque chose d’organisé, au point de vue de l’Alliance quant à leur comportement politique et éventuellement stratégique, ailleurs qu’en Europe, et particulièrement au Moyen-Orient et en Afrique où ces trois puissances sont continuellement impliquées. S’il n’y a pas d’accord entre ces principaux participants de l’Alliance atlantique sur d’autres sujets que l’Europe, comment pourra-t-on indéfiniment maintenir l’alliance en Europe ?.. Jamais une alliance profonde n’a été plus nécessaire entre les peuples libres. » Ces propos ramènent au mémorandum français de septembre 1958 et l’on sait les difficultés auxquelles se heurte une coordination des politiques hors d’Europe. Aussi les vues du chef de l’État français sur l’Europe sorte de « troisième force » entre les États-Unis et l’Union soviétique, sur un « directoire à trois » et sur le maintien du caractère national des forces armées par opposition à l’idée d’intégration font-elles l’objet de critiques assez sévères dans la presse des pays alliés. Il faut bien autre chose que la création de nouveaux rouages consultatifs pour rendre efficacité à l’Otan. Sous quelle forme se feront les réformes nécessaires ? Rien ne permet encore de le prévoir.
Le Conseil, dans sa séance du 18 septembre a également entendu les rapports des représentants des puissances présentes à Berlin sur la situation créée dans l’ancienne capitale allemande par les prétentions de l’Allemagne de l’Est.
Les deux Allemagne et Berlin
La tension persiste, en effet à Berlin : la fermeture des frontières et des couloirs de communications aériennes décidée par Pankow pour les cinq premiers jours de septembre a été maintenue puis aggravée depuis lors. C’est ainsi que les autorités de Berlin Est ont fait savoir que les citoyens de la République fédérale allemande (RFA) ne pourraient franchir la limite des deux secteurs qu’avec un laissez-passer délivré par certains bureaux seulement : la validité des passeports établis en Allemagne de l’Ouest n’est plus reconnue et les Berlinois du secteur occidental ne peuvent obtenir de visas que sur présentation de pièces d’identité provenant de Berlin et non de Bonn ou d’une autre ville de la RFA. Ce véritable harcèlement de tracasseries administratives tend à isoler Berlin de l’Occident, prélude au statut de « ville libre » que prévoit la thèse soviétique.
Il n’est pas douteux, en effet, que la République démocratique allemande (RDA) qui excipe d’un accord de 1955 par lequel l’Union soviétique lui a transféré ses pouvoirs en matière de circulation terrestre, aérienne ou maritime ne soit pleinement soutenue par Moscou dans cette action de guerre froide.
Le gouvernement de Bonn envisage des sanctions économiques et une restriction des échanges commerciaux mais ne veut prendre de mesures qu’en plein accord avec ses alliées de l’Otan. Il a reçu, à nouveau des notes soviétiques menaçantes qui « le mettent en garde contre un réarmement susceptible d’entraîner le monde dans une catastrophe militaire ». Il y est déclaré que « le développement de la situation actuelle rend impérieuse la nécessité d’aboutir sans délai à la conclusion d’un traité de paix avec l’Allemagne et au règlement de la question de Berlin Ouest… Le Gouvernement soviétique est persuadé que cette question sera résolue dans un proche avenir et si la RFA ne désirait pas prendre part à un tel traité, alors ce traité serait conclu sans elle. » Une semblable pression contre le réarmement de la Bundeswehr a été effectuée par diverses voies dans les autres capitales occidentales.
Défense aérienne
Depuis le 1er juillet 1960, le Centre technique de défense aérienne de La Haye (SHAPE Air Defence Technical Center), créé il y a cinq ans et initialement financé par les États-Unis, est placé sous le contrôle direct de l’Otan. On sait que cet organisme est chargé de donner des avis techniques au SHAPE sur tous problèmes de défense aérienne faisant l’objet de ses études. M. E.C. Williams en a été nommé directeur à compter du 1er octobre.
Le département de la défense aérienne Centre-Europe à Fontainebleau vient de recevoir pour chef le major-general Arnaud de Vries, qui était à la tête de l’aviation néerlandaise.
Enfin, les discussions poursuivies depuis de longs mois sur l’unification du commandement de la défense aérienne en Europe occidentale (dans la totalité du commandement de SHAPE) semblent sur le point d’aboutir à un accord. Tenant compte des réticences françaises à une totale intégration des moyens de défense aérienne sous commandement allié, cet accord permettrait de réaliser un juste équilibre entre les responsabilités proprement nationales, en particulier celle de l’ouverture du feu dans l’espace aérien français, et celles du Commandant Suprême qui disposerait en priorité des moyens de défense de la zone avancée du territoire français. L’intégration serait surtout poussée sur les moyens de détection et d’alerte. Le projet d’accord a été soumis à l’approbation du Conseil permanent de l’Otan et sa mise à exécution ne serait plus qu’une question de quelques semaines.
Commandement
Une modification à la structure du commandement qui prend effet au 1er octobre 1960 a été annoncée par un communiqué du SHAPE : il s’agit de subordonner directement au Commandant en chef des Forces terrestres Centre-Europe le Quartier général du Groupe d’armées Centre situé à Heidelberg. Ce quartier général qui relevait jusqu’ici du général Clyde Eddleman, commandant les Forces US en Allemagne (USAREUR) et ne disposait que d’éléments de liaison français et allemands, sera désormais intégré comme les autres QG de l’Otan, le principe ayant été admis de réaliser une telle intégration jusqu’au niveau groupe d’armées et force aérienne tactique. Le général Eddleman sera prochainement remplacé par le général Bruce Clarke, dans ses doubles fonctions nationales (USAREUR) et alliées.
Au commandement des forces navales alliées Centre-Europe, le vice-amiral Van Erkel, de la Marine royale néerlandaise, a succédé à l’amiral Bos.
La présidence du Groupe permanent de Washington, assumée par rotation tous les six mois entre les trois puissances représentées, est depuis le 1er juillet assurée par le général Clark Ruffner, chef de la délégation des États-Unis. Quant au Comité militaire, qui se réunira normalement à Paris avant la session du Conseil, la présidence annuelle en revient, après la Turquie, à la Grande-Bretagne. C’est donc l’amiral britannique Louis Mountbatten, chef d’état-major, qui en sera le président en exercice. ♦