Gouvernement des hommes
L’essai de Pierre Massenet repose sur l’idée prééminente qu’il se fait de la place et du rôle de l’humanisme dans l’organisation de la société moderne. Les idées sur lesquelles se sont établies les institutions, après avoir été justifiées, après avoir correspondu aux réalités des temps passés, ont évolué dans la confusion. Il est temps que cette confusion fasse place à un nouvel ordre, à une nouvelle hiérarchie des valeurs, à une nouvelle conception de l’action des individus dans l’ensemble social auquel ils appartiennent et de leurs intérêts propres dans l’intérêt général.
L’auteur, après avoir analysé la situation présente de la France qui « se refuse à la déchéance » et n’attend plus rien de « doctrines essoufflées », après avoir défini les causes doctrinales et organiques de cette situation et dénoncé notamment le fatras des théories dépassées, la décomposition des pouvoirs et leur répartition entre des féodalités toutes puissantes, propose, dans la partie constructive de son ouvrage, des buts et des principes. Les buts sont d’établir une société dans laquelle la notion d’équité remplacerait celle d’égalité, les institutions seraient étroitement liées les unes aux autres, et « la capacité de sacrifice » assurerait l’équilibre nouveau. Les principes sont essentiellement ceux d’un humanisme adapté aux conditions modernes, mettant au premier rang l’idéal, la foi et le travail, intégrant l’intérêt particulier dans l’intérêt général, respectant la liberté individuelle, mais gardant « la conscience » du devoir social. Pierre Massenet en déduit des règles applicables aux institutions politiques – sur lesquelles il s’étend longuement – sociales, économiques. Enfin, il termine en exposant ce que veulent les hommes d’aujourd’hui : n’être pas dominés par les robots mais au contraire s’en servir à des fins utiles, pouvoir agir dans la plénitude de leurs responsabilités définies dans une hiérarchie tout au long de laquelle les pouvoirs sont délégués.
La portée philosophique de cet essai n’a pas besoin d’être soulignée, après ce court et insuffisant résumé. Mais sa portée pratique est certainement encore plus grande, bien que l’auteur n’ait pas défini le détail des institutions qu’il croit nécessaires. Sous cette forme, volontairement générale, mais profonde à la fois, cet ouvrage doit inspirer les méditations de tous ceux qui cherchent avec anxiété à résoudre les contradictions de notre temps. ♦