C’est par un nouveau positionnement de la France dans l’Otan que commence cette tranche de vie de l’Alliance qui s’achève avec la fin de l’Union soviétique. C’est aussi la période où la question européenne prend une nouvelle importance mais où le défi de la course aux armements des Grands a tendance à reléguer les visions européennes à l’arrière-plan. C’est pour la RDN une période féconde qui suscite l’examen de la vie de l’Otan et qu’explore avec méthode l’auteur.
1966-1989
NATO as seen by RDN from 1966 to 1989
The author here analyses the period of the Alliance’s existence which started with France’s changed position in NATO and terminated with the end of the Soviet Union. It is also the period in which the European question took on ever-greater importance whilst at the same time the major players’ arms race tended to push European visions into the background. Throughout, it was a fruitful period for RDN in the latter’s analysis and debate on the life of NATO, a period sharply observed by the author.
La France considère que les changements accomplis ou en voie de l’être, depuis 1949, en Europe, en Asie et ailleurs, ainsi que l’évolution de sa propre situation et de ses propres forces ne justifient plus, pour ce qui la concerne, les dispositions d’ordre militaire prises après la conclusion de l’Alliance. C’est en ces termes que le 7 mars 1966, le général de Gaulle, premier président de la Ve République, signifie au président américain, Lyndon Johnson, le retrait de la France des structures militaires de l’Otan. Même si de prime abord, on pourrait penser que l’Alliance allait devenir de ce fait un sujet délaissé, il n’en est rien. Pourquoi aborder l’Otan dans une période au cours de laquelle les relations francoatlantiques se sont refroidies ? Parfois au cœur du sujet, parfois à peine mentionnée, l’Otan est en fait évoquée de manière récurrente. En effet, la persistance de la menace soviétique comme l’évolution de la situation et des relations internationales (décolonisation, retour de l’Europe au premier plan) maintiennent l’Organisation atlantique sur le devant de la scène.
La période considérée ici couvre vingt-trois années entre 1966 et 1989, entre la décision unilatérale de la France et la chute du mur de Berlin qui entraînera l’effondrement du bloc de l’Est. Cette double décennie voit se succéder périodes de tensions et dégel dans les relations internationales et apparaître l’idée de défense européenne aux mains des Européens. Dans cet intervalle, une quarantaine d’articles parus dans la RDN traite de près ou de loin de l’Otan. Il était possible d’aborder la somme de ces écrits de deux manières : chronologique ou thématique. Pour en fournir une lecture moins linéaire, l’auteur a privilégié une approche thématique. Cependant, il est apparu important de ne pas totalement occulter une étude temporelle. Car chronologiquement, le traitement de l’Alliance atlantique dans la revue dépend de l’intensité des tensions est-ouest. Ainsi, dans la phase de détente de la guerre froide (1962-1979), l’Otan est presque exclusivement étudiée sous le prisme de la France, de la défense de l’Europe et de ce qu’on appellera plus tard l’Europe de la défense. Lors de la phase de « guerre fraîche » (1) qui marque une dégradation des rapports est-ouest à partir de 1975 jusqu’au milieu des années 1980 (interventions cubaine en Angola en 1975 et soviétique en Afghanistan face au durcissement de la position américaine), l’Alliance en tant que telle revient au cœur des débats.
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