L’Alliance atlantique est-elle davantage à la croisée des chemins ? (juin 1982)
Dans la montée des inquiétudes, voire des angoisses chez certains, Jacques-Marie Denis, que nos lecteurs commencent à bien connaître, cherche « raison garder ». Il ramène les problèmes à leurs justes proportions et certaines déclarations à leurs justes valeurs. Cela ne veut d’ailleurs pas dire qu’il n’y ait rien à faire et que l’horizon soit parfaitement serein. Mais, comme disait quelqu’un, en général, les choses ne vont jamais aussi bien qu’on le désire ni aussi mal qu’on le craint.
On entend, ici et là, constamment dire que l’Alliance atlantique est en proie à des difficultés, qu’elle se trouve à la « croisée des chemins », et qu’il est par conséquent nécessaire de prendre des initiatives pour la garantir ou la consolider. Remarquons que ce n’est pas la première fois que s’installe un climat, fait de part et d’autre de l’Atlantique de réserves réciproques, d’incompréhension des objectifs poursuivis : entre 1962 et 1967, de nombreux débats avaient accompagné l’adoption du concept de la « flexible response » ou riposte « adaptée », à la suite des nouvelles orientations stratégiques américaines résultant de la dé-sanctuarisation potentielle, depuis 1957, du territoire américain (1) et de la manière dont s’était dénouée la crise de Cuba. À l’époque, il avait fallu presque cinq années pour que les Américains soient en mesure de convaincre leurs alliés d’accepter une conception qui, en fait, aboutissait à retarder le moment où les États-Unis envisageraient de frapper nucléairement son adversaire principal, et ceci a contrario d’une évolution qui, au sein de l’Alliance, avait abouti, aux alentours des années 1955, à envisager, avec le plan Norstadt, une déconcentration de la capacité d’emploi nucléaire en y associant évidemment les Européens. Rappelons aussi les incidences en Europe de la crise du Proche-Orient, puis de l’engagement américain au Vietnam.
Les problèmes structurels
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