La Yougoslavie et l’Occident
Il y a quelques semaines se tenait à Zagreb l’exposition des industries mécaniques et alimentaires yougoslaves. Avec plusieurs hommes d’affaires britanniques, j’y ai admiré toute la gamme des produits fabriqués par quelque 2 700 usines, certaines de création toute récente, prêts à être exportés vers les plus lointains pays. La foule était considérable ; il fallait jouer du coude pour s’approcher des stands. Les gens étaient convenablement vêtus, paraissaient bien nourris et contents de leur sort. Sur leurs visages se lisaient la satisfaction, et peut-être aussi la fierté des résultats obtenus.
L’histoire des remarquables progrès accomplis par la Yougoslavie, tant dans les domaines de l’industrie et de l’agriculture, est passionnante à suivre, car ils ne sont pas seulement dus au courage avec lequel Tito s’est libéré de la rigidité de l’orthodoxie marxiste et de ses applications pratiques, mais aussi à l’effort de la population et à l’aide généreuse de l’Occident. Ainsi, et c’est très important, s’est peu à peu créé un climat de compréhension et de confiance mutuelles, fondé, pourrait-on dire, sur un irréversible courant d’attraction vers l’Occident, qui ne pouvait pas manquer de réagir sur la politique extérieure de la Yougoslavie.
Lorsque Khrouchtchev, après sa rupture avec la Yougoslavie en avril 1958, supprimait, avec son habituelle brutalité, les crédits de quelque 400 millions de dollars promis au moment de la réconciliation de 1956, il ne se rendait pas compte qu’il poussait la Yougoslavie vers l’Occident. C’était la seconde rupture, et cette fois, exception faite de quelques staliniens entêtés, elle ne fit pas verser de larmes en Yougoslavie.
Il reste 93 % de l'article à lire