Cuba et les Amériques
Un rapide examen de la carte de l’Amérique Centrale suffit à convaincre le moins averti des lecteurs de l’importance stratégique de Cuba. Cette grande île, longue de 1.200 kilomètres, mais large de deux cents, occupe de toute évidence une place de choix entre le Golfe du Mexique et la Mer des Caraïbes, mais aussi entre l’Amérique anglo-saxonne et l’Amérique latine. Elle est située sur la route obligée des lignes aériennes et maritimes reliant la côte est des États-Unis au canal de Panama. Elle est au centre des voies de communication empruntées par le pétrole vénézuélien et la bauxite jamaïcaine et guyanaise vers les usines américaines.
Quelques chiffres valent la peine d’être rappelés, car on regarde souvent les cartes sans trop se soucier de leur échelle : entre La Havane et la Pointe méridionale de la Floride, la distance n’est pas supérieure à 250 kilomètres et 150 kilomètres seulement séparent la capitale cubaine de l’île de Key West, la terre « étatsunisienne » la plus méridionale. Entre Cuba et la presqu’île du Yucatan, au Mexique, le détroit est large de 200 kilomètres à peine. Et de La Havane au Canal de Panama, il y a 1.500 kilomètres. Représentons-nous ces chiffres non seulement en distance, mais plutôt en durée de trajet pour des engins modernes : navires rapides ou mieux encore, avions à réaction ; ils se traduisent alors en heures, plus souvent en minutes, et rendent compte, mieux que tout commentaire, de la place occupée par Cuba dans le monde de l’Amérique Latine, ou plus exactement à la jonction de cette Amérique avec l’Amérique anglo-saxonne.
C’est en effet de l’opposition de ces deux mondes que provient l’originalité de la position de Cuba. Cette originalité, aisément perceptible sur le seul plan géographique, est nettement plus marquée sur le plan humain, celui au milieu duquel se mène la guerre moderne, froide ou chaude.
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