Pouvait-on faire la paix pendant la drôle de guerre
Il y a vingt ans avait pris fin en mai la « drôle de guerre ». Le conflit perdait à l’Ouest son caractère équivoque. Quand, cinq ans plus tard, on fit le bilan des ruines et des massacres et que l’on considéra l’état de l’Europe et le tracé des nouvelles frontières, on se demanda si l’on n’aurait pas pu utiliser les quelques mois de guerre inactive pour éviter un déferlement de violences après lequel la paix ne paraissait guère mieux assurée. Des tentatives furent pourtant faites dans ce sens, sur lesquelles des témoignages récents ont apporté des lumières nouvelles. Peut-être n’est-il pas inutile de les évoquer et n’est-il pas impossible d’en tirer des enseignements.
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Aux premiers jours de la guerre, les états-majors français et britanniques avaient escompté une résistance polonaise de plusieurs mois qui leur eût permis de préparer une intervention efficace. Mais la campagne de la Wehrmacht avait pris, dès les premiers jours, l’allure d’une offensive-éclair, et le 18 septembre 1940 l’armée soviétique entrait elle-même en action. Le 28 septembre, les gouvernements de Berlin et de Moscou signaient un accord rendant effectives les dispositions du protocole secret joint à l’accord germano-soviétique du 28 août. La Pologne n’était pas seulement battue, elle était rayée de la carte. Dès le 12 septembre, le commandement français avait estimé que la résistance polonaise aurait cessé d’être un facteur déterminant avant que les grandes unités et l’artillerie lourde fussent en place, et avec l’accord des chefs de gouvernements, MM. Daladier et Chamberlain, il avait décidé l’abandon du projet d’attaque en direction de Saarbrück destiné à alléger la pression qui pesait sur l’alliée orientale. Les quelques unités inutilement avancées se repliaient sur la ligne Maginot.
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