En créant, par un décret du 14 février 1963, une « Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale » (Datar) et en complétant ce décret par des textes qui équivalent à une réforme structurelle, le Premier ministre Pompidou a voulu donner une nouvelle impulsion à la politique d'aménagement du territoire et mettre de nouveaux moyens à sa disposition. Il nous a paru intéressant de demander à M. Olivier Guichard, Délégué à l'aménagement du territoire et à l'action régionale, de préciser le sens de cette réforme, les principes de la politique dont il est dorénavant l'inspirateur et le coordinateur, les perspectives générales dans lesquelles elle s’insère.
Impulsions et réformes dans l’aménagement du territoire
— En effet, onze décrets viennent de définir le cadre général de la politique d’aménagement du territoire que le Gouvernement entend mener. L’essentiel de leur signification est explicité dans l’« exposé des motifs » qui, sous la forme d’un « Rapport au Président de la République », explique les raisons pour lesquelles a été créé un organisme nouveau, la « Délégation à l’aménagement du territoire ».
Certes, bien des résultats ont déjà été acquis, des impulsions décisives ont été données dans certaines régions, certes un effort de régionalisation des objectifs a été engagé lors de l’élaboration du IVe Plan, certes une prise de conscience des impératifs majeurs s’est peu à peu dégagée. Mais en dépit de ces mesures et de ces résultats, le bilan de l’action régionale demeure insuffisant. En 1961 par exemple, dix départements, les plus riches, ont bénéficié de plus du tiers des nouvelles installations industrielles, les grandes villes ont concentré près des trois quarts des installations nouvelles de leurs départements, la création de nouveaux centres de fixation de main-d’œuvre étant à peine engagée. Les tentatives de déconcentration de services administratifs ou d’établissements publics industriels dépendant de l’État n’ont eu que des résultats limités. Le monde rural souffre de disparités régionales qui ne pourraient que s’aggraver encore si les infléchissements et les arbitrages nécessaires à la localisation des grandes infrastructures économiques n’étaient pas clairement effectués.
Nous nous sommes ainsi trouvés devant la nécessité d’une nouvelle étape d’aménagement des organismes responsables de la mise en œuvre de la politique d’expansion régionale et d’aménagement du territoire (cet aménagement, d’ailleurs, impliquant cette expansion, et vice-versa). Il nous est apparu plus précisément indispensable d’améliorer et de compléter les moyens de conception et d’action dont nous disposions jusqu’ici.
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