Le problème noir aux États-Unis
De graves incidents opposant les communautés noire et blanche viennent une fois encore d’attirer l’attention mondiale sur l’acuité croissante du problème racial aux États-Unis. Ce pays se trouve désormais confronté avec un véritable problème de « décolonisation intérieure », aux conséquences graves, et dont la solution ne semble plus pouvoir être éludée.
C’est bien sous cet aspect en effet qu’il faut désormais envisager le problème. Ainsi que l’écrivait C.L. Sulzberger dans le New York Times du 15 mai : « D’autres pays ont connu les convulsions de la décolonisation de leurs empires d’outre-mer. Notre propre problème de décolonisation se trouve chez nous (« at home »). En dehors de l’aspect moral, qui est primordial, la seule préservation de nos intérêts exige le règlement de ce problème. Nous aspirons à conduire sur la voie démocratique des peuples dont la peau n’a pas la même pigmentation que celle de la majorité des citoyens américains, mais nous ne pouvons le faire tant que nous n’appliquons pas chez nous les principes que nous voudrions qu’ils adoptent. Il n’est plus possible de permettre aux préjugés des ultras de la ségrégation d’affaiblir les chances de la nation et celles du monde occidental. »
La vague de revendications massives déclenchée par les Noirs vise en effet à présenter à l’opinion publique américaine et au monde entier leur volonté résolue d’aboutir à l’intégration totale. L’importance que cette question revêt pour la cohésion interne de l’Union et pour l’orientation de la politique étrangère américaine impose au gouvernement fédéral d’y consacrer toute son attention et d’apporter une solution à ce problème ; placé devant une situation des plus difficiles, sans doute la plus grave depuis la guerre de Sécession, il doit reconnaître en cette affaire une menace tant intérieure qu’extérieure. C’est à ce double titre que la lutte pour l’intégration peut avoir une incidence directe sur la défense des États-Unis. C’est pourquoi il nous a semblé intéressant de présenter aux lecteurs de la « Revue de Défense nationale » une brève étude sur cette question.
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