L’article du capitaine de vaisseau Lepotier et le suivant, du colonel Chassin, mettent chacun en lumière deux aspects de la guerre navale moderne : le premier conçoit la lutte sur mer sous sa forme « classique », le second envisage surtout l’aspect aéronaval de la guerre. Les problèmes posés par la création de la bombe atomique ont été réservés.
La guerre maritime moderne vue par un marin
Le caractère intercontinental des derniers conflits mondiaux a pour première conséquence de donner plus de poids encore que par le passé au contrôle des communications maritimes. Ce sont, en effet, les batailles pour l’exclusivité des transports par mer qui ont décidé du sort de la guerre.
Même pour des belligérants se trouvant sur le même continent, la suprématie maritime, permettant le blocus de l’adversaire alors que l’on peut faire appel aux ressources du monde entier, est un avantage inestimable. Lorsque les belligérants se trouvent séparés par des océans, il est évident que cette suprématie conditionne tout, puisque, seule, elle permet de porter les opérations sur le territoire de l’ennemi.
À terre, la victoire s’affirme par l’occupation du territoire ennemi. Sur mer, elle assure l’exclusivité du transit. Jusqu’à présent, le maximum de rendement de ce transit n’est assuré que par des navires long-courriers qui portent chacun un chargement global équivalent à celui de 10 trains ou de 2.000 camions et peuvent seuls faire franchir les mers aux matériels de guerre les plus lourds. Le but des opérations décisives sur mer est donc de permettre le passage aux moindres risques, et là où c’est le plus utile pour la stratégie générale, du maximum de cargos. C’est aussi le problème le plus difficile, car ces navires sont très vulnérables, puisque leur rendement de transporteurs empêche de leur donner des caractéristiques se rapprochant de celles des navires de combat.
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