Lawrence d’Arabie ou le rêve fracassé
L’auteur n’a pas cherché à raconter les événements nombreux de la vie de Lawrence, jugeant qu’ils étaient déjà suffisamment détaillés par ses précédents biographes. Il a voulu décrire « la trajectoire spirituelle » de son héros, depuis le moment où Lawrence, tout jeune, se passionne pour l’architecture médiévale, découvre le monde méditerranéen et le Moyen-Orient, rêve d’unifier les Arabes, et trouve dans les événements de la Première Guerre mondiale l’occasion de réaliser ce rêve ; il semble triompher au moment où, venant de Médine, il entre à Damas avec Fayçal ; puis il voit s’effondrer ce qu’il a cru créer, lorsque les négociations des traités de paix de 1919 consacrent le morcellement du Moyen-Orient.
Figure étrange que celle de Lawrence, homme d’énergie et d’action en même temps que pur intellectuel, stratège de l’action psychologique en même temps que chef hardi de commando. Individu hors série, cependant conscient des intérêts les plus immédiats de son pays, et plein d’idées a priori contre ceux qui sont supposés s’y opposer.
Malgré les apparences il a été finalement davantage l’instrument d’une politique que son moteur ; et son rêve s’est « fracassé » sur les rochers de la politique internationale. On jugera peut-être que c’est parce qu’il n’était pas assez pur. Sa « trajectoire », pour reprendre l’expression de Benoist-Méchin, est finalement celle d’une balle perdue.
D’une lecture attachante, ce livre ne fera cependant pas oublier les grandes œuvres consacrées par l’auteur à Mustapha Kemal et à Ibn Séoud, qu’il complète sans les égaler. ♦