La guerre nucléaire : bombardiers et engins
La loi-programme militaire française votée en décembre 1964 définit l’orientation retenue pour la force nucléaire stratégique. Étalé sur six années, le plan adopté marque l’abandon progressif de l’avion choisi à l’origine comme vecteur des bombes atomiques au profit de l’engin balistique porteur des premiers cônes de charge thermonucléaire.
Cinquante Mirage IV équipés pour le transport de la bombe atomique seront livrés à l’Armée de l’Air dès le milieu de 1966. Douze suivront, qui ne visent pas à augmenter le nombre des escadres en service, mais à maintenir leur total en dépit de l’usure et de la casse inévitables. Cependant, les progrès non moins certains de la défense, que le bombardier navigue à faible ou très grande altitude, ne permettent pas d’attribuer au Mirage IV un rendement opérationnel acceptable vers 1970. Réservé alors aux missions tactiques que l’on attribue aux avions américains et britanniques de même poids et de même vitesse (le General Dynamics F-111 et le BAC TSR-2), missions qui peuvent être exécutées à faible altitude au-dessus des lignes amies surtout si l’on dispose d’engins à charge nucléaire, le Mirage IV devra être remplacé pour les missions stratégiques. La loi-programme lui a choisi deux successeurs : le sous-marin à propulsion atomique et ses engins balistiques M.S.B.S. genre Polaris, le même engin ou un engin très voisin pouvant être utilisé en S.S.B.S. à partir de bases terrestres, jusqu’à ce que l’on puisse compter sur une permanence à la mer de la force sous-marine.
En prenant le virage du bombardier vers l’engin balistique, la France suit le double exemple des États-Unis et de l’URSS.
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