À partir des ouvrages de Bernard Brodie (Escalation and the nuclear option ; Princeton University Press, 1966 ; 151 pages), Klaus Knorr (On the uses of military power in the nuclear age ; Princeton University Press, 1968), Y. Harbaki (Nuclear war and nuclear peace ; Israël programm for scientific translations, Oldbourne Press, 1966 ; 808 pages) et Ferdinand Otto Miksche (1870-1990. Capitulation sans guerre : Éditions de la Table Ronde, 1966 ; 257 pages).
Opinions sur le stratégie
On a tant écrit sur la dissuasion, tant exploré les abstractions de stratégie nucléaire, tant décrit ses finesses avec minutie, que le lecteur pourrait croire le sujet épuisé, d’autant que nulle expérience en vraie grandeur ne vient — heureusement d’ailleurs — confirmer ou infirmer les thèses en présence. Pourtant, trois livres récents reprennent la question. Les deux premiers sont l’œuvre d’auteurs américains, célèbres en la matière : Bernard Brodie qui traite « L’escalade et la décision nucléaire » (1) ; Klaus Knorr qui s’interroge « Sur l’emploi de la force militaire à l’âge nucléaire » (2). Le troisième est plus original ; c’est un véritable cours destiné à des étudiants ; il a pour titre « La guerre nucléaire et la paix nucléaire » ; son auteur est le Général Harbaki, de l’armée israélienne (3).
Mais en même temps, paraît un quatrième ouvrage, dont l’auteur, Ferdinand Otto Miksche, également célèbre, s’est déjà fait un large renom dans la littérature militaire (4). Comparé aux livres que nous venons de citer, il risque de faire scandale. Car il est scandaleux, à l’aube d’une ère que chacun affirme devoir être nouvelle, d’user encore des raisonnements traditionnels et de faire paraître le bon sens à côté des spéculations. Tout scandale ne prouve pas un progrès ; mais il est rare que le progrès se produise sans provoquer en quelque mesure le scandale.
Qui a raison, dans cette sorte de querelle des Anciens et des Modernes ? La pensée entièrement nouvelle des universitaires qui se font stratèges a-t-elle plus de poids, de profondeur, de portée, que celle des militaires qui se fondent sur l’expérience pour devenir des philosophes d’action ?
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